Partie 3

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Les yeux rivés sur le live, je découvre le visage de Blackroses64. Une jolie brune, les cheveux bouclés à l'anglaise. Une mine enfantine avec la voix qui va avec. Une vraie e-girl en somme avec toute la panoplie vestimentaire. De ce que je vois, elle porte une veste rose pâle avec un casque oreille de chats de même couleur qui clignote de toutes les couleurs. Le chat commence à s'animer quand Teru me tapote l'épaule en enlevant son casque.

— Il s'est barré sur son live !

Je tourne l'écran de mon ordinateur afin de lui montrer que je suis également devant.

— Ah bah d'accord ! dit-il dépité, je pensais t'apprendre quelque chose.

— Non, je suis juste entré en contact avec elle et elle m'a filé son lien.

— Et si son prénom commence par un "R" ?

— On a intérêt à gérer dans ce cas.

Je lui transfère le lien afin qu'il se mette aussi sur le live. On repère rapidement cet enfoiré dans le chat. Il lui pose des questions sagement basiques pour le moment, rien d'alarmant. Je relance le logiciel pour localiser cette fille.

Pendant qu'elle streame son jeu, les personnes du chat discutent voir débattent beaucoup sur ses potentiels attributs féminin en disant que son pull est trop large, qu'il la couvre trop. Teru et moi on passe au-dessus de ça, sinon on va clasher et on est pas là pour ça. Un message nous interpelle aussitôt :

"Rina, oublie pas que demain soir y a soirée chez moi !"

— Eh merde ! soufflé-je en laissant tomber ma tête sur le rebord de mon bureau.

— Ah bah là... s'étonne Teru.

La sonnerie de mon logiciel me fait relever la tête, l'adresse de la fille a été localisée. Je l'enregistre aussitôt, je pars sur Google maps afin d'évaluer la distance entre le Freak et elle.

— Trois heures, dis-je.

— Est-ce qu'au moins, il l'a localisé lui ? questionne Teru, si ça se trouve, il a rien fait.

— On va quand même s'en méfier. Sait-on jamais. S'il l'a dans le collimateur, c'est qu'il s'intéresse de près à elle. Donc, on va jouer la carte de la sûreté, sans jeu de mots...

— Qui est le plus proche de nous ?

— Lui. Il est à une heure.

— Si c'est un réseau, il y a forcément quelqu'un plus proche d'elle.

— Comment t'explique qu'on les retrouve toutes dans notre ville ? Si y a un réseau, soit le chef est ici, soit les bras droits sont présents.

— Pas faux. Jusqu'à maintenant, celles avec qui tu as discuté ont toutes été retrouvées aux alentours de chez toi. Seule Rozenn habitait pas loin. Mais les autres ? demande Teru.

— Pas eu l'occasion de les localiser, figure-toi ! Jusqu'à maintenant, j'avais pas capté qu'elles avaient un lien avec moi !

A force de discuter, on en a oublié le live. On se penche dessus en regardant si on a loupé quelque chose. Mon cœur rate un battement quand ce Freak à la con écrit qu'il sera content de la voir en vrai à cette soirée.

— Va vraiment falloir s'activer ! dis-je en regardant Teru, faut qu'on fasse trois heures de route, qu'on se tienne devant chez elle et qu'on la suive pour réussir à aller à cette soirée.

— J'ai pas le permis, se défend t-il

— Moi non plus, avoué-je.

— Ma copine l'a.

— Oh putain...

— Tu veux avoir une chance de sauver cette meuf ou pas ? commence à s'énerver Teru.

— Qu'on soit clair, elle ne me pose aucune question et je veux rien savoir d'elle, dis-je en fermant le capot de mon ordinateur.

Je le plante en quittant le salon pour rejoindre ma chambre. L'idée de rencontrer sa copine ne me plaît guère, mais si c'est la seule à savoir conduire, j'ai pas trop le choix. Je me débarrasse de mes vêtements et me mets dans mon lit, énervé par la situation qui se présente.

— Elle est pas casse-couille ! crie Teru d'en bas.

— Content de le savoir ! répondé-je de la même manière.

Je me mets sur le côté en serrant mon oreiller. Une pensée me traverse l'esprit :

Vais-je réussir à sauver cette fille ?

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