Chapitre 3

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J'ai baigné dans cet environnement depuis mon plus jeune âge. « Maman » ramenait ses clients chez nous, elle était incapable de se faire payer une chambre d'hôtel. Ces hommes me tapotaient le haut de ma tête, ils ne voyaient en moi que la pauvre fille d'une putain.
C'est tout ce que je suis, la progéniture d'une catin et d'un taulard.

Mon cher père était un client habituel, m'a-t-elle avoué. Je l'ai côtoyé jusqu'à mes sept ans . Il se trouve dans le couloir de la mort. Petite, on était très fusionnel, j'étais sa princesse. Il me disait que j'étais son point d'ancrage et puis à mes sept ans il a disparu, il m'a abandonné. Je n'ai appris que bien plus tard, qu'il était dans le couloir de la mort pour d'atroces crimes. Je ne veux pas en savoir plus, il doit mériter sa peine. Je n'ai jamais eu le courage de la faire, je préfère rester dans l'ignorance.

Je finis par m'endormir, épuisée par le sadique et ses révélations.
En me levant, il y a une légère lumière qui filtre de la fenêtre condamnée. Oh moins quelque chose de positif, la journée, je ne serais pas complètement dans le noir. Il y a un plateau sur la table, il est entré pendant que je dormais. Il m'a observé, je n'ai rien entendu. Le plateau contient de l'eau, des fruits, une bouteille de jus d'orange et un sandwich.
Je ne mourrai pas de faim, triste consolation.
Je mange un fruit, bois quelques gorgées d'eau. J'ouvre le placard, il y a quelques vêtements, pyjamas et des sous-vêtements à la bonne taille.
Il connait la taille de mes sous-vêtements. Il sait sûrement tout de moi, il m'a étudié, analysé de longues heures.

Les heures passent lentement. Il n'est pas revenu me voir, il est peut-être en train de suivre sa prochaine victime.

Je fais une sieste pour oublier tout ça. Je me prends à rêver d'un voyage lointain, loin de ce cauchemar.

Quand je me lève, il fait déjà nuit. Je me repère au filament de lumière qui entre dans la pièce. Il n'est toujours pas revenu, il m'a peut-être abandonné dans ce lieu sinistre, avec une petite bouteille d'eau et quelques fruits . Il va m'affamer, m'affaiblir, me détruire à petit feu, jusqu'à ce que je le supplie de me tuer. Après tout, c'est ce que fait tout bon psychopathe.

Le seul regret, c'est que j'aurais dû me tourner vers la psychologie. J'ai hésité, je voulais me guérir en aidant les autres. Mais j'ai renoncé, renoncer à une vie meilleure. J'ai choisi l'histoire, une matière passionnante, mais si j'avais choisi la psychologie...

Je suis prise d'un doute, j'aurais peut-être ouvert la boîte de pandore.
Trouver sa mère inconsciente à neuf ans d'une overdose, n'est pas une situation « normale » que devrait vivre une petite fille. A mes quinze ans, je me suis inscrite à un cours de premiers secours, pour pallier cette impuissance. J'étais, moi, capable de la sauver.
Ce sauvetage n'est pas le fruit de l' amour. Non, je ne voulais pas finir placée dans ces centres pour enfants à problèmes. Alors, je l'ai sauvé encore et encore, une dizaine de fois, peut-être plus, j'ai arrêté de compter.

Je me reconnecte à la réalité, j'entends ses pas, il arrive...
Je ne devrais pas éprouver du soulagement, mais je n'ai pas envie de finir ma vie dans l'indifférence, agonisante seule entre quatre murs.
Il ouvre la porte, il s'est changé, il porte un jeans et une chemise à carreau ouverte sur un t-shirt blanc. Il porte toujours son masque, mais je vois ses cheveux. Il est brun, il ne doit pas avoir plus de trente ans.

— Tu as passé une bonne journée?
— Merveilleuse, je crois que ce mur-là ne m'aime pas!
— Je vois que tu t'es fait un copain.
— Je n'ai pas vu le temps passé.
Il se tait.

— Je n'ai pas cessé de penser à toutes ces choses que je te ferai.
— Je m'en fais une joie.
— Ne t'attends pas à du jojo. Mon truc, c'est le gore...
— Un genre de sado-maso...

Il respire fort... Je crois que ça l'excite. Il s'avance vers moi, me relève brusquement et me déchire le t-shirt.

— Voyant un peu ce que ta grande gueule peut supporter.
Il sort un scalpel.

Il va me charcuter, c'est le commencement, le début de mon calvaire entre les mains d'un sadique.
Il le passe sur mes seins, mon ventre, ma respiration est saccadée. Il se place derrière moi. Il fait passer le couteau le long de ma colonne vertébrale, j'ai la chair de poule. Je sens ses lèvres sur mon cou, il a enlevé son masque.

— Si douce.

Sa respiration est forte. Il remet son masque et sort. Qu'est-ce qui vient de se passer? Je suis tombée sur un psychopathe impuissant.
Je suis perturbée.

Je prends un pyjama, je me couvre et me jette sur mon lit.

Plus tard, il est revenu m'observer sans un mot.
Il m'a traîné jusqu'à la cuisine, l'ambiance était lourde, anxiogène. Il est silencieux, je suis décontenancée.

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