Sold Up

Chapitre 11

Mon ancien patron est passé me voir. J'avais eu raison, il l'est seul à avoir remarqué mon absence. C'est lui qui a signalé ma disparition. Il est content de me voir en vie, il a gardé ma place au café. Je vais y réfléchir, pour le moment tout est confus.
Je suis encore dans le déni. Dès que la chambre s'ouvre, j'espère encore le revoir et qu'il vienne me chercher. Je sais que je suis ridicule, mais je n'arrive pas à penser autrement. Le psychiatre m'a appris que je souffre du syndrome de Stockholm, je m'en doutais. Ce que le psychiatre à du mal à saisir, c'est que je ne me suis jamais sentie aussi vivante que ces sept derniers mois. Alors, je me tais, je garde ces pensées honteuses au fond de moi. J'ai appris par le chérif que ma mère a été arrêtée, elle purge une peine de prison, elle mérite sa peine.

J'ai trouvé une chambre en colocation, je m'éloigne de mon ancienne vie, pour me reconstruire. J'essaye de reprendre le fil de ma vie, loin de lui, loin de ma raison de vivre. Certaines fois, quand je me balade, je me sens observer, et mon monde s'éclaircit. Il ne m'a pas abandonné.

Des mois sont passés depuis ma libération, j'ai décidé de publier mon journal. J'ai envoyé mes écrits chez plusieurs maisons d'éditions, je ne m'attendais pas à grand-chose. Une maison d'édition est emballée par le contenu. J'ai signé un contrat pour une confortable somme, je vais pouvoir arrêter de travailler au café et trouver du sens à ma vie.
J'ai également arrêté mes études d'histoire, je ne me sentais plus à ma place, je me suis réorientée en psychologie.
J'ai réussi à obtenir une équivalence, j'ai quatre  semestres à rattraper en une année. Je travaille dur, je pense y arriver, je dois réussir.

Aujourd'hui, mon livre sort en librairie. La maison d'édition a organisé une séance de signature. Je ne m'attendais pas à autant de monde, ils ont adoré mon journal. Les retours sont très positifs.

J'ai fini ma séance de dédicace, je range mes affaires. Sur une des tables, je trouve un de mes livres qui a dû être oublié. Je l'ouvre et mon cœur s'arrête, il y a un x sur la page de remerciement. Mon tortionnaire était là, à quelques mètres de moi. J'essaye de refaire le déroulement de la journée, mais il y avait trop de monde. Tout allait trop vite.

Je rentre chez moi le cœur lourd, je suis passée à côté de le voir physiquement. Je feuillette le livre de mon bourreau. Il a mis des petites annotations , mes mains se mettent à trembler, je lâche le livre. Mes nerfs me lâchent, il était si près. Il va continuer combien de temps à me torturer par son absence.
Je n'ose pas regarder ce qu'il a noté. J'ai peur qu'il ne m'abandonne de nouveau.
Je trouve le courage de le faire, ouvre le livre aux annotations. Ce sont des lettres, sur certaines pages, il y a des lettres... Je les assemble une à une et je les lis.

E...T...H...A...N

Il s'appelle Ethan... Des larmes perlent mes joues, sans que je puisse les retenir. J'aurais aimé l'entendre me le dire, quand je lui en avais donné l'occasion. Merci Ethan.
Il a lu mon livre, je suis envahie par la peur.
Je suis interrompue dans mes pensées, mon téléphone sonne, un numéro masqué, mon cœur bat à la chamade. Je décroche, j'entends sa respiration, mon cœur se remet de nouveau à battre.

— Ethan?
— Ril...
Je souris de tout mon être.

— As-tu reçu mon petit cadeau?
— Oui, il est dans mes mains.
— Tout ce que tu as écrit, tu l'as pensé?
— Très fort, chaque mot.
Il garde le silence.

— Tu me manques Ethan...
— Il faut m'oublier Ril. Trouve-toi un mec pas cinglé, marie-toi, fait des enfants.
— C'est toi que je veux.
— Toi et moi, c'est impossible.
— Accorde-moi une chose et je tournerai la page!
— Tu veux quoi?
— Une nuit à tes côtés...
Je l'entends respirer fort.

— Qu'est-ce que ça va t'apporter?
— De te chasser de mon cœur, de ma tête.
Il hésite.

— D'accord. Je viendrai te chercher à ma manière.

Et il raccroche.