Je ne me lève plus de mon lit. Je ne quitte plus « ma chambre ». Je ne me nourris plus, je me laisse dépérir.
Deux mois enfermées, j'ai des flashs de ma vie passée. Je ne l'ai pas vécue comme il le fallait. Je me sens tellement bête, de m'être enfermée dans cette bulle infranchissable.
Je refais ma vie mille fois dans ma tête. La chute est toujours la même, cet endroit. Je veux en finir, ma mort sera lente , mais vivre est plus douloureux. Je renonce à espérer.
Je n'arrive plus à me lever du lit, trop faible, trop fatiguée. Au bout de cinq jours, il vient remplir les placards.
Quand il verra que je n'ai rien mangé, il en finira peut-être avec moi.
J'entends des pas sur le parquet qui grince. Je ferme les yeux, je ne veux plus le voir.
Il m'observe.— Tu comptes te laisser mourir?
Je ne réponds pas. Il ne m'intéresse pas, l'avis d'un psychopathe n'a aucune valeur.
Il s'approche du lit, me saisit par les mains. Je veux qu'il me lâche.— Regarde-moi!
Non, je ne veux pas, je ne suis plus rien.
— Regarde-moi putain!
Je lève faiblement mes yeux vers lui. Je vois toujours ce même masque. Il m'allonge sur le lit. Il descend à la cuisine. Je l'entends ouvrir et fermer les placards. Il remonte avec un plateau.
— Assieds-toi!
Je suis trop faible pour faire quoi que ce soit.— Assieds-toi!
Il crie cette fois.— Je n'y arrive pas.
Il pose le plateau, relève le coussin et il me relève le haut du corps. Il va chercher un bol, c'est de la soupe. Il prend une cuillère.
— Ouvre la bouche!
Je secoue négativement la tête. Il perd patience.— Ouvre ta putain de bouche!
— Non laisse-moi. Va-t'en. J'ennuie un psychopathe, c'est le comble.
D'une voix affaiblie.— Alors c'est pour ça que tu te laisses mourir, car tu n'acceptes pas de ne pas être le centre d'intérêt?
— Tu n'as rien compris.
— Expliquez-moi madame, je sais tout! Je suis un peu con et cinglé.— C'est faux, les psychopathes ont souvent un QI supérieur à la moyenne. Je ne doute pas de ton intelligence.
— Pour faire ton intéressante sur les gens de mon espèce, tu l'ouvres ta putain de gueule. Mange et tais-toi, tu me gonfles!
— Et si je refuse?
— Je t'ouvrirai la bouche de force après te l'avoir fait agrandir!
Il me montre un scalpel.— Fais-le au moins je ressentirai quelque chose.
Il me prend le visage et le tourne vers lui.— Ne joue pas avec moi « bébé ». Je peux faire de ta vie un cauchemar.
— Je suis déjà dans un cauchemar.Il se lève, il casse tout ce qu'il y a dans la pièce, claque la porte et descend. J'entends la porte d'entrée se refermer.
Je tombe au sol et m'écroule, mon cœur bat à la chamade, les larmes coulent sans s'arrêter. Je constate les dégâts occasionnés, il a tout saccagé.Une heure passe, et je suis toujours prostrée par son excès de violence. J'entends ses pas, il est revenu. Il ouvre la porte, il tient du matériel médical.
Il s'approche de moi, me relève et m'installe sur le lit. Il me prend le bras, il me pose une perfusion, je ne résiste pas, j'ai assisté à une de ses crises de violence. Je n'ai quasiment rien senti, je dois être devenue insensible à la douleur.
Il reste jusqu'à ce qu'elle se finisse. Les effets ne se font pas longtemps attendre, je me sens moins fatiguée, mon cœur reprend un rythme régulier.
— Lève-toi!
Je me lève, mais je tiens à peine debout. Il me soutient et me porte jusqu'à la salle de bain. Il lâche l'eau et me déshabille en attendant qu'elle soit à bonne température. Je me retrouve nue, je cache ce que je peux avec mes mains. Personne ne m'a jamais vu nue, un psychopathe vient de faire voler en éclat ma pudeur. Les larmes commencent à couler. Il me met sous la douche, il se déshabille, il garde son boxer... Oh non, je ne veux pas, je me colle à la paroi de la douche. J'imaginais autrement ma première fois. Il sent ma gêne et ma peur, prends du savon et commence à me laver.
— Je ne suis pas un violeur...
— Tous les violeurs disent ça.
— Quand je veux baiser, je sais où aller. Pas besoin de me taper un cadavre!Il me met du shampoing, du savon. Une fois finit, il me tend une serviette. Je la saisis, il m'aide à me sécher, m'habiller. Il me soutient jusqu'au lit, m'installe et se tourne pour partir.
— Restes avec moi ce soir.
— Je t'ai dit que ça m'ennuie de te voir chialer.
— Je ne pleurai pas, promis.
— Pousse-toi!Je me recule, il s'allonge à côté de moi, la tête tournée vers le plafond. Je suis prise d'une pulsion, je touche le masque, il se tourne vers moi.
— Tu as oublié que je suis « peut-être » un psychopathe monstrueux.
— Ça n'a pas d'importance. Tu seras le dernier monstre que je verrai.
— Dors , je n'aime pas faire la causette.Je ferme les yeux, je sens une main me caresser les cheveux.
Je n'arrive pas à le comprendre. Il me traite comme une moins que rien, mais il a ces quelques gestes affectueux. Je ne souhaite pas le mettre en colère, je m'endors.Au réveil, il est déjà parti, sa place est froide.
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Sold Up
RomanceApril menait une existence solitaire. Son père est en prison, sa mère une prostituée accros aux drogues. Etudiante en histoire, sa vie bascule le jour où un psychopathe croise son chemin. Darkromance. Contient des scènes à caractère sexuel et un la...