Chapitre 10

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Les jours passent et se ressemblent, je me force à me lever, parce qu'il le faut. Je ne veux plus me laisser aller. J'ai trouvé un cahier vierge. J'ai commencé un journal, si on ne  retrouve pas mon corps, quelqu'un lira mes états d'âme, ma souffrance, mes incertitudes.
Je me surprends à aimer écrire, je ne suis pas trop mauvaise dans l'exercice. Je me vois publier ce journal, et faire partie des best-sellers.
J'y est décrit chaque jour passé ici, avec et sans lui.

Sept jours qu'il m'a abandonné, je n'ai plus peur, je continue mes rituels.
Huit jours, j'ai accepté son absence. Je pars me coucher et j'entends la porte qui grince. Je fais comme s'il n'était pas là. Le lit s'affaisse, mais je ne retourne pas. Il essaye de me mettre face à lui, je refuse. Je sens que ça l'énerve, mais je ne bouge pas. Je ne résiste pas longtemps à sa force, il est au-dessus de moi. Il me tient les mains par-dessus ma tête. J'essaye de me libérer pour lui montrer ma colère, mais il me tient fermement.
Je sens ses lèvres sur mon cou. Je bascule ma tête en arrière, pour lui laisser accès à mon cou. Je me surprends à aimer ça. Il relâche la prise sur mes mains, je les plonge dans ces cheveux . Je l'entends gémir. Je soulève son t-shirt et m'aide à le passer au-dessus de sa tête. Je pose mes mains sur son torse, il est ferme, musclé, mais pas trop, il est parfait.

Je ne comprends pas pourquoi il est devenu ce monstre. Qu'est-ce-qu'il a vécu pour en arriver à ça. Je me surprends à vouloir le guérir. Sa respiration est lente, il est détendu.
Je le tire jusqu'à ce que sa bouche rejoigne la mienne et mes poumons se remplissent de vie. Je sens quelque chose qui me chatouille ma poitrine. Je fais le tour de son cou, il porte un collier, il y a deux pendentifs, il a fait l'armée. Il s'arrête quand il sent mes mains sur son collier. Je le tire vers moi, il se jette sur mon cou et descend jusqu'à ma poitrine. Puis, il s'arrête.

— Ne t'en vas... les larmes aux yeux.

Il ne bouge pas, il mène une lutte intérieure. Il se rallonge à mes côtés. Je lui prends sa main, il la caresse. Il ne m'avait jamais caressé la main.

— Dans une semaine tu pourras rentrer chez toi.
— Qu..qu..quoi??
— Tu bégaies encore...
— Non, c'est le choc !
— J'annule l'acte de vente.
— Pourquoi?
— Pourquoi? Tu préfères qu'on continue ce jeu, jusqu'à ce que je prenne ton dernier souffle?
— Tu ne me feras pas de mal.
— Je t'ai dit, tu ne sais pas de quoi je suis capable.
— Pourquoi tu ne veux plus de moi? Je t'ennuie?
Il rigole.

— J'ai d'autres lièvres à chasser.

Et je sombre, j'étouffe mes pleurs. Il déteste quand je pleure.

— La porte sera ouverte. Tu es à cinq kilomètres de la ville la plus proche. Tu demanderas à l'aide.
— Je ne veux pas me séparer de toi.
— Il n'y a rien entre nous. Je ne suis qu'un putain de cinglé !

Je ne réponds rien. Quand il est dans cet état, il m'abandonne. Je n'ai plus assez de jours pour l'attendre. Dans sept jours, il ne sera plus là. J'ai le cœur en miette.

— Je pourrais au moins connaître ton prénom
— Je t'ai dit de m'appeler le psychopathe.
— Donne-moi quelque chose à laquelle me raccrocher.
— Dans sept jours, ça ne sera plus qu'un vilain cauchemar.

Je me retourne et je me sens mourir. Je veux rester avec lui, je ne peux vivre ma vie sans lui.
Les cinq jours suivants, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, il n'est plus revenu. J'ai espéré chaque minute le voir arriver.
Les deux derniers jours, je surveillais la porte, mais elle reste désespérément fermée. Le soir, je ne dors plus, j'espère toujours que ce n'était que le fruit de mon imagination.

Le septième jour, j'ai accepté, je me rends à la bibliothèque, je récupère mon journal.
Je fais les choses machinalement. Je me rends vers la porte, je l'ouvre, elle n'est pas verrouillée. Je comprends qu'il est passé. Je me retourne, j'immortalise chaque recoin de cette maison qui a été mon chez-moi durant sept mois. Je sors, mes yeux sont éblouis par la lumière. Il doit sûrement m'observer, je dois être affreuse. Je descends les marches, je ne veux pas me retourner . J'avance tête baissée.

Je longe une route . Une voiture de police passe et je me jette dessus. Il pile et freine à la dernière minute. Pour le reste, je vis cette scène au ralenti. Le policier se précipite vers moi, je craque, et je m'effondre au sol. Il appelle une ambulance, je suis conduite aux urgences. Je ne parle plus, j'ai le regard dans le vide.
Il me demande mon nom, il comprend que je suis cette fille disparue depuis sept mois. Les docteurs  proposent un soutien psychologique, mais j'ai juste besoin de rester seule, loin de cette agitation.
Ils veulent un portrait de mon kidnappeur, son visage est gravé sur mes mains. Je lui réponds que je n'ai jamais vu son visage. Il me donne un calmant, j'ai réussi à m'endormir.

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