Chapitre 9

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On est le sixième jour depuis qu'il a claqué la porte. Je ne me fais plus d'espoir, il m'a abandonné, je ne me fais plus d'illusion. Je suis anéantie, le mot est trop faible face à ma détresse. Je n'ai pas cuisiné aujourd'hui, je reste dans mon lit à déprimer. Sa place est froide depuis trop longtemps. Il court peut-être un autre lièvre.

Le septième jour, j'ai lâché prise, j'ai entendu la porte qui grince, il est revenu. Je sens le lit s'affaisser, il se rallonge à mes côtés. Je le sens bouger, il sort quelque chose de sa poche. Je n'arrive pas à voir ce que sais, ma respiration s'accélère. Je m'éloigne de lui, il me retient. Il met quelque chose sur les yeux, un bandeau. Je ne comprends pas ce qu'il fait, nous sommes déjà dans le noir complet.
Il me prend mes mains et les positionne sur son visage, il a enlevé son masque . Je passe ma main dans ses cheveux, ils sont soyeux. Il approche son visage, colle son front contre le mien. J'entends sa respiration s'accélérer, j'ai peur qu'il s'en aille,  je retire mes mains. Mais il les saisit de nouveau et les repose sur son visage. Je pose ma tête sur son buste, je finis par m'endormir, bercée par le rythme de son cœur. Je ne veux plus me poser de questions, je prends le peu qu'il me donne. Je patienterai que ça vienne de lui.

Les jours suivants, il me remettait ce bandeau, et j'explorais son visage, il doit être très beau. Son visage est gravé dans mes mains. Son visage a l'air parfait, il doit plaire à la gente féminine. Quand cette pensée me traverse l'esprit, je retire mes mains. J'ai une douleur lancinante au cœur. Je n'ai jamais éprouvé ce sentiment de jalousie. Je n'ai d'ailleurs pas d'expérience dans les relations homme-femme, mais le savoir avec une autre me détruit.
Il ne comprend pas mon changement d'attitude, je le sens. Il s'approche de moi, je sens son souffle sur mon visage. Il est trop près, mon cœur s'emballe. Il pose ses lèvres sur les miennes, mon cœur rate un battement. Il est doux, son baiser est doux, j'ai du mal à réaliser ce qui se passe... Il introduit sa langue dans ma bouche, je me laisse faire. Je crois que je ne pourrais plus me contenter de moins. Il tourne sa langue avec la mienne, il vient de m'offrir mon premier baiser . Il pose son front contre le mien, on reprend notre souffle.
Je pose ma tête contre son torse, je m'endors .

Le lendemain, je vois la vie en rose, je suis sur un petit nuage. Je représente quelque chose pour lui, je me sens légère. Je n'avais jamais ressenti ce genre de chose.
Le soir, il n'est pas venu m'observer cuisiner. Je suis déçue, je pensais qu'on avait franchi un cap dans notre relation.
Je monte me coucher morose. Je plonge dans ce lit imprégné de son odeur, je n'ai pas eu le courage de changer les draps. Je me prépare à m'endormir seule quand j'entends la porte qui grince. J'éteins la lampe de chevet, il me rejoint et s'allonge à mes côtés. Il ne me bande pas les yeux. Je le vois enlever son masque, je devine les contours de son visage.
Il fait trop sombre pour le voir distinctement, mais je vois les traits et la forme de son visage. Il s'approche de moi et m'embrasse, un  baiser différent d'hier. Un baiser assoiffé, affamé, je réponds à son baiser. Il me place au-dessus de lui, attire mon visage et il m'embrasse avec frénésie. Il glisse ses mains sous mon t-shirt, je frissonne.  Il me caresse le dos, j'aimerais que le temps s'arrête à cet instant.

— Arrête !

Je me détache de lui, hagard. Il ne s'était plus adressé à moi depuis des mois. Il veut que j'arrête quoi?

— Arrêtez quoi?
— De m'obséder...
— Je t'obsède?
— Ça me rend fou... Ça n'aurait pas dû se passer comme ça.

Il me bascule sur le lit, remet son masque et claque la porte.
Je craque... Il ne veut plus de moi, il ne sait plus quoi faire de moi. J'ai tellement mal, mal de lui. Une douleur me compresse la poitrine, ma respiration est lourde. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, j'ai cogité sur les raisons de son changement d'attitude.
J'ai refait la scène mille fois dans ma tête et la chute me faisait toujours autant de mal.
Il ne viendra pas, ni aujourd'hui, ni les jours suivants, je le sais. Il ne veut pas penser à moi, ça le rend trop humain, trop fragile.
Il veut que j'arrête...

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