Sold Up

Chapitre 28

On sonne à la porte, c'est Hayden. Il me rend visite régulièrement, mais sa présence me fait du mal. Je n'arrive pas à l'oublier. Il a gravé son nom dans mon cœur au marqueur indélébile. Quand il prend soin de moi, j'espère toujours qu'il me revienne. Et je me raisonne, et cette pensée disparaît.

— J'ai apporté des tartelettes au citron.
— Merci, il ne fallait pas.
— Ça me fait plaisir.

J'en goûte une et je crois que c'est la meilleure tartelette que j'ai jamais mangée.

— Tu repars quand en Europe?
— Je ne repars plus.
— Ils ont besoin de toi là-bas...
— Et moi, c'est de toi dont j'ai besoin.
— Ne me dit pas ce genre de chose s'il te plait.
— Pourquoi?
— Tu finis toujours par partir et trouver mieux.
— Tu ne m'as pas donné l'occasion de t'expliquer.
— Il n'y a plus rien à expliquer.
— Alors, j'attendrai que tu acceptes de les entendre.
— Je ne sais pas si j'en ai envie.
— Je serais patient.

Il s'en va.

Ma mère est venue me rendre visite juste après Hayden. Elle m'a annoncé que mon père serait exécuté dans un mois, il souhaite me voir une dernière fois. Je ne sais pas si je dois aller le voir. Je l'ai côtoyé périodiquement jusqu'à mes sept ans, il purge sa peine de prison depuis.
Je réfléchis quelques jours, il faut que je le vois une dernière fois. Si je ne le fais pas,  je risque de le regretter. La sage-femme m'a donné son feu vert pour me rendre à la maison d'incarcération. Je n'aurais que trente minutes de visite. Comment peut-on ratraper quinze ans en trente minutes.

Ann m'accompagne, elle est comme une sœur pour moi. Son amitié n'a jamais faibli, je vais lui demander d'être la marraine de ma fille. Je ne sais pas comment elle le prendra, j'espère qu'elle acceptera. Je veux qu'elle soit présente dans la vie de ma fille.
Elle m'a aidé à remonter la pente, quand j'ai sombré après ma séparation avec Hayden. Elle a été présente pour les rendez-vous médicaux, échographie. On a fondu en larmes, quand j'ai su que c'était une fille.

On arrive à la maison d'arrêt à treize heures, mon parloir est à quatorze heures. Nous serons séparés par une vitre.
J'attends dans le sas des visiteurs, j'ai le cœur qui bat à tout rompre. On appelle mon nom, c'est mon tour.