Sold Up

Chapitre 2

Je me suis assoupie sur ce sol. La porte s'ouvre, il me regarde et comprend que je n'ai pas fait ce qu'il m'a demandé. Il me saisit par le bras et me jette violemment sur le lit.

— Ril ne me cherche pas. Tu ne sais pas de quoi je suis capable.

Il déchire mon t-shirt et ma jupe avec le couteau.
Il me relève brusquement et me ramène à la salle de bain. Il allume l'eau et me jette sous l'eau brulante.

— Je déteste faire les choses par moi-même! Tu as cinq minutes.

Je fais ce qu'il me dit, je me lave à la hâte. J'enfile à toute vitesse le t-shirt qu'il m'a donné. La porte s'ouvre, il me saisit par le bras et me tire dans le couloir sombre. On descend l'escalier, il se dirige vers une pièce non éclairée.
Je ne vois pas grand-chose, il finit par allumer quelques bougies, on est dans la cuisine.

— Assieds-toi!
En me montrant une chaise.
Il me pose une assiette avec de la nourriture.

— Mange!
— Je n'ai pas faim!
— Ril ne me cherche pas.

Il plante le couteau dans la table, je sursaute.

Je prends la fourchette, j'avale quelques bouchées. Ce n'est pas mauvais, mais manger est loin d'être ma priorité. J'avale difficilement mon repas. Il me regarde manger, en silence. On entend les coups de fourchette dans l'assiette. Il règne une ambiance anxiogène.
Une pensée me vient en tête, il va peut-être m'empoisonner, me regarder mourir à petit feu, une longue agonie.

— Je suis la seule à manger?
— J'ai déjà mangé « mon bébé ». Merci de t'en soucier.
— Je ne t'appartiens pas!
Il rit.

— C'est là que tu te trompes !!! Tu es ma propriété...

Il sort un document de sa poche, déplie la feuille et la place devant moi.
Mes yeux se posent sur ce document, ce que je vois me met dans un état de léthargie. Il y a le nom de ma mère, et mon prénom. C'est un acte de vente, ma mère m'a vendu à ce détraquer.

J'ai la nausée, j'ai chaud et froid en même temps. Je suis assailli par toutes sortes d'émotions. J'ai envie de vomir. Je me jette vers l'évier et je vomis tout ce que je viens d'avaler. Je m'effondre sur le sol froid de cette cuisine.

— Oh je vais « encore » devoir nettoyer . Trop prévisible! Tu aimes ma surprise bébé?
— C'est impossible, c'est un faux! On ne vend pas un être humain!
— Oh Ril tu es bien trop naïve. On vend des cœurs, des reins, des bébés sur le marché noir, et on vend des esclaves. Mais toi, tu ne m'as presque rien coûté.
Il rit.

C'est impossible. J'ai du mal à réaliser ce qui se passe dans cette pièce. Je mets mes mains sur mes oreilles, pour ne pas entendre d'autres vérités gênantes.

— Elle t'a vendu pour quelques billets. Je n'ai même pas eu à marchander. Tu n'en valais pas la peine.
— Non, non, je ne te crois pas!
Je hoche négativement la tête.

— Elle était tellement en manque, qu'elle aurait pu t'échanger contre une dose.
— Non, non, non.
— Tu doutes encore des intentions de ta paumée de « maman »?
— Elle n'a pas pu faire ça!

Et je pleure, je suis anéantie par ses révélations. Je répète sans cesse : elle m'a vendu...

Il jubile de me voir dans cet état, c'est ce qu'il cherche, me détruire psychologiquement.

— Lève-toi!

Il me refait longer ce couloir et me pousse dans la chambre.

— Fais de beaux rêves bébé.

Et il s'en va en sifflotant.

Il verrouille la porte, j'entends ses pas s'éloigner.

La pièce commence à tourner, je m'assois sur le lit. Je craque, j'étouffe mes pleurs et cris. Je ne veux pas qu'il m'entende, ni lui accorder ce plaisir. Je commence à regagner la raison. Je n'en veux même pas à ma mère, c'était la suite logique, elle m'a vendu contre de la drogue. Je savais qu'elle n'avait pas l'instinct maternel, me tolérait, mais me vendre à un détraqué ... Finalement, je ne suis même pas étonnée, j'accepte.
Je vais mourir dans l'indifférence, elle ne déclarera pas ma disparition, elle en est la cause.
Je commence à remettre en question ma vie. Si j'avais eu des amis, un petit copain, quelqu'un aurait signalé mon absence.
Personne ne le fera...

J'aurais dû accepter la proposition de cet étudiant de premier rang. Il m'a relancé plusieurs fois, mais je ne souhaite pas nouer des relations avec qui que ce soit. Je voulais traverser ce moment de ma vie, sans attache, sans amour... Comment pourrais-je faire autrement? Ma mère m'a élevé dans la destruction. Elle ne me parlait pas . J'ai traversé le quart de ma vie à vouloir disparaître aux yeux des autres, pour finir entre les mains d'un dangereux psychopathe.
Malgré mon enfance chaotique, je nourrissais secrètement des rêves. Des rêves, ou des illusions. Mais la réalité me rattrape, je suis le fruit d'une passe, un accident, je ne suis rien.