Chapitre 5

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Les quatre jours qui ont suivi, il réitère « son expérience ».
Je me sens un peu plus en confiance. Je prends mon temps, je mange doucement, savoure mes bouchées. Je longe le couloir qui mène à l'escalier. Mes yeux sont attirés par une porte entrouverte. Je reste à ma place sans m'approcher de cette porte.
Puis, je suis prise d'un élan de courage, je jette un œil... il s'agit d'une bibliothèque, il y a des centaines de livres. Ma curiosité prend le dessus sur ma peur. Je déambule dans les allées de cette grande bibliothèque, choisis un livre et m'assois dans un canapé. Il y a une petite lampe attenante, j'essaye d'appuyer sur l'interrupteur, elle s'allume. Je vais pouvoir lire, j'adore lire, je peux dévorer un livre en deux jours. Je commence un livre qui parle des différentes guerres mondiales. Je suis tellement captivée par ce livre, que je n'ai pas entendu le vieux parquet craquer.

— Mon petit extra te plait?
Je lève les yeux, il est là-devant la porte de la bibliothèque.

— Je suis désolée, je, je,je....
— Je, je, je quoi? Tu bégaies? Je n'ai pas vu cette mention dans ton dossier médical.
— Quoi, non je ne sais pas quoi dire... Comment avez-vous eu accès à mon dossier? C'est illégal.
Il rit.

— Illégal que c'est mignon! Ril, tu ne sais pas qui je suis!
— Non, je ne sais pas. Vous vous cachez derrière un masque. Je ne vois rien de vous. Vous avez un prénom?
— Bien tenter Ril, appelle-moi le psychopathe.
— Bien monsieur le psychopathe.
Il se met de nouveau à rire.

Je décide de quitter la pièce et de repartir dans ma chambre. Je passe devant lui à vive allure, mais il me retient par la taille.

— Tu as oublié ton livre!
— Je n'en ai pas besoin. Je ne pourrais pas le lire, il fait trop sombre.
— Prends-le !

Je fais ce qu'il me dit, je remonte dans ma chambre. En y entrant, j'y découvre une lampe de chevet. Je souris et je redescends à toute allure vers lui.

— Merci
— Ne me remercie pas, chaque concession aura une conséquence.

Je ne réponds pas, je ne veux pas m'en préoccuper pour le moment. Je profite de ce qu'il me donne. Ce livre est une clé vers une forme de liberté.
Un petit rituel s'est instauré, je descends à la cuisine, déjeune et me rends à la bibliothèque. Je n'arrive pas à garder un livre plus de deux jours.
Je ne le vois que très rarement. Je me surprends à parler seule, je me fais la conversation. Je dois sûrement développer un syndrome tel qu'un dédoublement de la personnalité . Je m'accroche comme je peux à la vie.

Je suis enfermée dans cet endroit depuis maintenant un mois. A ce rythme, j'aurais lu tous les livres d'ici à trois mois et ensuite, je n'aurais plus rien.
Il passe une fois par semaine, remplir les placards de courses. La plupart du temps, je ne le vois pas. Je découvre qu'il est passé, quand je constate que les placards sont pleins. Il ne mange jamais ici, je me demande ce qu'il fait de ses journées.
Est-ce qu'il y a plusieurs maisons où d'autres filles sont enfermées contre leurs grès.
J'espère être la seule, je suis prête à accepter tout ce qu'il me fera endurer, pourvu qu'il n'y ait personne d'autre.

Normalement aujourd'hui, c'est son jour de visite.
Je vais l'attendre, j'ai besoin de voir quelqu'un, de parler, d'entendre le son de ma voix. Il arrive le soir comme à chaque fois, je l'entends ranger les courses, je descends à la hâte pour ne pas rater son passage.
Je le regarde, il range les courses et ne dis rien.

— Est-ce qu'il y en a d'autres?
— D'autres quoi?
— D'autres filles comme moi?
— Pourquoi tu te poses cette question?
— Parce que je veux être la seule, que vous ne traumatisiez personne d'autre.
— Tu es bien compatissante.
Il sourit au son de sa voix.

— Alors?
— Non, il n'y en a pas d'autres, je ne cours pas après plusieurs lièvres.

Il se dirige vers la sortie, je le suis jusqu'à la porte d'entrée. J'ai besoin de sentir la présence de quelqu'un. Je commence à ressentir les effets de la solitude. Je le retiens par le bras, il se retourne vers moi.

— Reste encore un peu.
— Ne t'attache pas, je ne suis qu'un « psychopathe ».
Il se dirige vers la porte.

— S'il te plait.
— Je t'ai dit que tu finirais pas me supplier. Tu commences à m'ennuyer.

La porte claque, il vient de m'achever, je me sens comme une moins que rien. J'ai demandé de l'attention à mon bourreau, je n'ai plus aucune fierté. Je me sens minable, je mets mes mains sur mon visage et je pleure le peu de larme qu'il me reste. Je m'autodétruis, je le fais seule, il ne prend même plus la peine de le faire.

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