Chapitre 15

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Au réveil, il est parti, je suis à la fois soulagée et anéantie. J'ai l'impression de revivre le même cauchemar continuellement et puis je finis par me réveiller.

Il ne m'a plus rappelé depuis des semaines.
Les seules fois où il le fait, c'est quand je parle de lui. Il sort de ma vie juste après.

Depuis quelque temps, j'ai intégré un groupe de parole d'anciennes victimes d'otages, de séquestrations. Mon psychiatre m'a donné leur coordonnée, il pense que côtoyer des personnes ayant vécu une situation similaire m'aidera à avancer. Il n'a pas tort, je me retrouve dans la plupart de leurs témoignages. Depuis quelques jours, il y a un nouveau, il a été victime d'une séquestration à ses onze ans. Son histoire me touche, sa mère est morte dans ses bras. Quel monstre peut faire ça?
Il semble avoir un très bon poste, il est toujours tiré à quatre épingles. Il doit avoir cinq ou six ans de plus que moi. Quand c'est à mon tour de parler, je parle de la visite d'Ethan, ils ne me jugent pas. Certains d'entre eux, visitent en prison leurs tortionnaires.
Ils me conseillent de couper court aux échanges, ils savent que c'est dur, mais je risque d'y perdre plus.

Le nouveau ne réagit pas au témoignage, il se contente d'écouter. La réunion se finit, mais je reste. Nous avons l'habitude, après avoir vidé nos pensées, de prendre un café avec des pâtisseries. Le nouveau ne reste pas, il s'en va comme à chaque fois. Les premières fois dans ces réunions sont toujours éprouvantes.
J'ai rencontré une fille adorable Ann, nous nous voyons en dehors. Elle est d'un soutien infaillible. C'est elle qui m'a conseillé de parler de mes moments avec Ethan. Elle pense qu'il est obsédé par moi, je ne suis pas du même avis.

Plusieurs semaines qu'Ethan ne s'est plus manifesté, je souffle.
Je participe toujours à la réunion, j'y trouve une écoute et de très bons conseils. Mon lien avec Ann s'est renforcé, je n'ai jamais eu d'amie avant elle. Elle me force à sortir, ça me fait un bien fou, on se comprend.

Ma mère a tenté de prendre contact avec moi, elle a décroché en prison. Elle semble sincère, mais je ne suis pas prête à l'affronter, j'ai encore besoin de temps. Mon psychiatre pense que je devrais le faire tôt ou tard, mais pour le moment, c'est trop tôt.
Ann vient me chercher, nous avons la réunion de groupe. Le nouveau ne parle pas beaucoup, il ne souhaite pas évoquer son expérience, il finira peut-être par s'ouvrir à nous. Je le vois parfois me regarder en cachette. Il est loin d'être moche, il est même très beau, mais je ne suis pas prête à entamer une relation. Je détourne le regard assez vite. Il faut que j'apprenne à m'aimer avant de pouvoir aimer et m'ouvrir sentimentalement aux hommes.

Ce soir, il ne part pas, il est resté pour le goûter. Depuis le début de la réunion, on se cherche du regard. Il finit par s'approcher de moi, je lui souris.

— Bonsoir April.
— Bonsoir.
Il sourit.

— Je te serre du café?
— Non merci.
Il semble mal à l'aise.

— Je voulais savoir si ça te dit dans la semaine, d'aller boire un verre. Tu n'es pas obligée d'accepter. Ça ne t'engage à rien.
— Je ne sais pas, tout est encore un peu confus dans ma tête.
— En tant qu'amis? On apprend à se connaitre.

Il me fixe intensément et toutes mes barrières s'envolent en éclat.

— D'accord.

Il sourit et je crois que c'est le plus beau sourire que j'ai jamais vu. Ses yeux sont verts avec des touches de doré, il m'hypnotise, je fonds littérallement. Il me laisse son numéro et s'en va.
Est-ce que j'aurais le courage de l'appeler?

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