Chapitre 31

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C'est la maison où j'ai été séquestré. Je me rapproche lentement.
Tous les souvenirs me reviennent, les humiliations, les rituels, les sentiments...
La porte est ouverte, je retrouve ce couloir sombre, la bibliothèque qui a été ma bouée de sauvetage, la cuisine où  j'ai tant appris. Tout est à sa place.
Je monte à l'étage,j'ouvre la porte avec ce grincement que j'ai tant guetté, il est là. Ethan, Hayden je ne sais plus, deux opposés, le Dr Jekyll et Mister Hide. Il est assis sur le lit où j'ai tant espéré le voir arriver. Il relève la tête vers moi, les yeux mouillés de larmes. Ce ne sont pas des larmes de regret, mais de souffrance. Il a l'air tellement fragile, impuissant.

— Quand j'étais petit, j'adorais venir ici avec ma mère. Dès qu'elle avait quelques jours de libres, on faisait nos sacs et on venait se ressourcer ici. Autrefois, c'était une maison pleine de vie. Aujourd'hui, ça sent la mort .
Il fait une pause.

— Je me souviens du jour où elle m'a amené ici, papa devait nous rejoindre. Je l'entends chanter dans la cuisine, et préparer le dîner. Ce soir-là, à table, je n'ai pas voulu finir mon assiette. Elle s'est fâchée. Elle m'a envoyé au lit.
Il craque et ses larmes coulent de plus belle.

— Continue ...

Il hoche la tête.

— Je ne voulais pas l'écouter. Je suis redescendu au salon. Je l'ai entendu crier, se débattre. Je me suis rapproché de la porte . J'ai vu un homme au-dessus d'elle en train de la violer. Il lui disait des mots salaces. Elle se débattait, elle le suppliait. Elle lui a dit que j'étais dans ma chambre, mais ça l'excitait. Elle a perdu connaissance et le silence, plus rien. Il a sorti un scalpel, relevé sa robe et il l'a mutilé. Il a pris le câble du téléphone et a serré de longues minutes. Elle ne s'est pas vue mourir, elle s'est endormie pour toujours.
Il fait une pause.

— Son téléphone a sonné, la voix d'une petite fille. Il lui a dit, « princesse pour toi je décrocherais la lune ». Et la petite fille était heureuse que son papa le fasse pour elle. Je suis resté prostré de longues heures, dans cette chambre. J'espérais qu'elle se réveille et que tout ça n'était qu'un mauvais rêve.

— Je suis désolée que ta maman ait croisé la route de mon père.
— J'avais soif de vengeance. Le petit garçon que j'étais a grandi avec cette idée qui a germé dans sa tête. Lui enlever la plus belle chose qu'il est chéri.
— Moi...
Mes mains tremblent.

— Quand je t'ai vu la première fois dans ce café, j'ai vu la progéniture d'un monstre. Je voulais te voir me supplier comme ma mère l'a fait en agonisant.

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