Les jours qui ont suivi, il venait tous les soirs. Il me faisait manger, me regardait me laver.
Il restait allongé à côté de moi à me caresser la tête. Le matin, il disparaissait.
On ne se parlait pas beaucoup. Quand j'essayais d'en savoir plus, il coupait court. J'ai repris assez de force pour reprendre mes séances de lecture à la bibliothèque. La seule chose qui donne du sens à ma vie.Je lis de plus en plus de romances. Je me laisse à rêver qu'un jour je rencontrerai quelqu'un qui m'aimera et que j'aimerais . Même si ça n'arrivera jamais.
Il ouvre la porte, j'entends ses pas si particuliers.
J'adore entendre le bruit de ce parquet grincé. C'est le signe, que je ne suis plus toute seule dans cette maison austère.Il sait où me trouver, à ce moment de la journée. Je bouquine. Je ne lève même plus les yeux pour le regarder, je continue de bouquiner. Ensuite, il m'appelle dans la cuisine. Il me pose mon repas.
Je mange dans un silence religieux comme à chaque fois. Il n'accepte pas de dialoguer quand je suis à table. Il établit des règles. Si je les enfreins, il casse tout, claque la porte et ne reviens plus pendant des jours.J'ai besoin de sa présence. Je me sens anormale d'aimer sa compagnie, ces moments qu'il m'accorde. Je dois possiblement souffrir de ce fameux syndrome de Stockholm. Je m'attache à mon bourreau.
On monte, je me douche,m'allonge, il me rejoint,caresse ma tête. J'ai peur d'aimer le peu qu'il me donne. Je prie pour qu'il me donne plus.Aujourd'hui, je veux tenter d'en avoir plus. Je pose ma tête sur son torse. Je sens qu'il se crispe. Il n'apprécie pas. Ses mains arrêtent de me caresser la tête. Sa respiration est saccadée.
— Je ne voulais pas te mettre en colère.
Il se lève et me laisse seule .J'aimerais savoir ce qu'il attend de moi. Pourquoi il me garde en vie. Que signifient ses gestes envers moi.
Il a mis en miette ma vision de la vie. Je mendie de l'attention à mon tortionnaire.
A quel moment j'ai sombré dans la folie. Je suis quelqu'un de sensée, seule mais sensée. Mon libre-arbitre aurait dû m'alerter sur la ligne à ne pas franchir. Mais il a court-circuité, il a activé un mode survie.Quand je ne lis pas, je surveille la porte. J'ai l'impression d'être un animal domestique qui attend son maître.
Je l'ai attendu de longues heures, mais il ne viendra pas. J'ai franchi ses règles...Je me suis assoupie . Je suis réveillée par des caresses à la tête. J'ouvre les yeux, il est à mes côtés. Il tourne la tête vers moi. Je retente de poser ma tête sur son torse. Il ne réagit pas, il reste . Je ferme les yeux. J'entends son cœur battre, ses battements me bercent. Je finis par me rendormir.
Au réveil, il est déjà parti comme tous les matins. Chaque soir avant de m'endormir, je me surprends à vouloir le retrouver à mes côtés le matin. Je ne connais même pas son prénom. Je sais juste qu'il est brun, athlétique et qu'il n'est pas vieux. Plus les jours passent, et plus je me languis de le retrouver chaque soir.
Quelque chose ne va pas chez en moi. Je commence à me détester d'éprouver de l'affection pour un sociopathe. Je ne sais pas s'il vient me voir, parce qu'il en a envie, ou pour me surveiller. Même cette pensée me dégoûte.Ces gestes ne trompent pas, il s'attache à moi. Nous sommes deux paumés, réunis par un destin funeste. Le méchant devra tuer la gentille.
Un rituel s'est instauré entre nous. On a plus besoin de communiquer, nos gestes parlent pour nous. Quand il s'allonge à mes côtés, je me surprends à humer son odeur. Ils sont tellement bons, lui est imperturbable. La tête tournée vers le plafond. Ces mains dans mes cheveux, je me sens bien. Nous profitons de ces moments .
Depuis quand il y a un nous. Je ne me comprends plus.J'aimerais voir ses yeux. De quelle couleur sont-ils? Les miennes sont noisettes, j'ai les yeux de ma mère. Je suis brune, que je tiens de mon père.
J'aimerais poser mon front sur le sien, je commence à divaguer .J'ai peur de réclamer plus et qu'il m'abandonne.
Je me relève, il tourne la tête vers moi. Je passe ma main sous son masque, je veux tracer les courbes de son visage .Il ne risque rien, il fait sombre dans la chambre. Mais je sens qu'il se crispe, sa respiration est saccadée, il se lève et claque la porte. Il va sûrement ne plus revenir quelques jours, car j'ai encore enfreint ses règles.
Il n'a pas l'air si monstrueux, il a un nez fin, une barbe de quelques jours, il semble avoir une belle bouche. C'est moi le monstre, il a peut-être raison. Il n'y a qu'un monstre qui s'accroche à son bourreau. Plus je le pense et plus, j'en suis convaincue.Le lendemain, il n'est pas venu. Je le sais, quand je m'octroie une liberté avec lui, il disparaît.
J'aimerais me convaincre d'arrêter d'en vouloir plus, mais c'est peine perdue. J'ai besoin d'en avoir plus, toujours plus. Il a laissé un vide la nuit dernière. J'ai eu du mal à m'endormir, le son de ses battements de cœur m'ont manqué.
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Sold Up
RomanceApril menait une existence solitaire. Son père est en prison, sa mère une prostituée accros aux drogues. Etudiante en histoire, sa vie bascule le jour où un psychopathe croise son chemin. Darkromance. Contient des scènes à caractère sexuel et un la...