Chapitre 4

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Je suis dans cette chambre depuis une semaine. Le temps passe avec une extrême lenteur.Je le vois très peu, il me ramène à manger, s'en va sans m'adresser un seul mot.
Je me surprends à vouloir entendre sa voix. Je me sens anormale,  d'avoir ce genre d'envie envers un psychopathe. La solitude, ce silence me pèse, c'est pire que la torture.
Ma vie n'était pas plus joyeuse, mais elle me suffisait. J'avais ma routine, je me rendais à mes cours d'histoire à l'université. J'avais un job étudiant dans un petit café du coin.

David! Le  propriétaire du café, lui... va remarquer mon absence et signaler ma disparition. Je retrouve un peu espoir, mais pas suffisamment pour y croire.

Une semaine à tourner en rond, c'est cet enfermement et ce silence qui vont m'achever.
J'entends ses pas, il ouvre la porte, me conduit à la cuisine. Je mange dans un silence religieux.

— Parlez-moi!
Il ne réagit pas, il reste dans son mutisme.

— Dites-moi quelque chose! Menacez-moi comme un psychopathe, mais dites quelque chose!

Je me lève et me mets face à lui.

— Te menacer comme un psychopathe?

Je souris, j'entends de nouveau sa voix.
Je hoche positivement la tête. Il me porte et me pose sur la table. Je le regarde avec curiosité, je ne comprends pas bien sa réaction.
Puis, j'ai comme un flash, je lui ai demandé de me parler, et non pas de me violer. Je m'éloigne du bord, loin de lui, mais il m'arrête.

— Tu voulais que je te menace comme un psychopathe. Alors laisse-toi faire!

Je fais les grands yeux, je commence à regretter qu'il me parle. Je réussis à distinguer ses mouvements.
Il sort son couteau, le passe sur mon ventre, je tremble. La froideur de sa lame me fait frissonner. Il fait une petite entaille, je passe mon doigt et je déchiffre la lettre x. Qu'est-ce que ça signifie?

— Un petit souvenir qui te rappellera qu'un psychopathe t'a parlé!

Je regarde l'entaille qui saigne, je suis hébétée par son geste. Pourquoi me laisse-t-il un souvenir s'il compte me tuer?

— Je n'ai pas tout compris ?
— Il n'y a rien à comprendre. Je fais ce que tout « bon psychopathe ferait ».

Au son de sa voix, j'ai l'impression de l'avoir vexé, c'est déconcertant.

On reste quelques minutes sans dire un mot, tous les deux perturbés par ce « moment » qu'on vient de partager.

— Pourquoi le psychopathe refuse d'afficher son visage? Il a peur que je le trouve monstrueux.

Il referme la jointure des mains, je pense l'avoir énervé. Il me pousse sur le mur, mon dos cogne le mur, c'est douloureux. Puis il rapproche de moi tel un prédateur, je suis effrayée.

— Le monstre de nous deux, c'est toi!

Il me saisit par le bras et me tire pour m'emmener dans la chambre. Il referme la porte violemment, j'entends ses pas dans l'escalier et puis de nouveau le silence.

Je repense à sa dernière phrase, non je ne suis pas un monstre, je m'écroule de larmes et de frustrations. Je voulais juste rompre ce silence qui me tue à petit feu. Non, je ne suis pas un monstre, je suis juste l'enfant de la honte.
Je m'endors après avoir épuisée toutes les larmes de mon corps.

Depuis cette altercation, il ne passe que tous les deux jours, il me laisse assez de quoi manger. Je vois juste le plateau sur ma table à mon réveil, il ne prend plus la peine de me faire descendre à la cuisine.
Un matin, je me réveille, je m'attends à voir le plateau sur ma table, mais il n'y a rien. Je me redresse sur le lit et je vois qu'il a laissé la porte ouverte.

J'ai du mal à le cerner. Mais qui a réussi  à cerner un sociopathe? Il laisse la porte dans quel but? Me tester? Jouer avec mes nerfs?
Je ne sais pas si je dois franchir cette porte, j'ai peur qu'il me piège, qu'il sorte de nulle part avec son couteau et me poignarde.

Je reste assise sur mon lit, il me pousse vers la folie. La porte est ouverte, mais je n'arrive pas à la franchir. Je tourne en rond dans la chambre, je réfléchis de longues heures, sur la nécessité de franchir ou non cette porte. Mon ventre commence à gargouiller. Je prends mon courage à deux mains, je vais tenter de comprendre ce qu'il attend de moi. Je franchis le seuil de la porte, mes sens sont en alerte. Le couloir est vide, silencieux, sombre. Je ne vois rien d'effrayant, je continue d'explorer. Je longe le couloir, je descends l'escalier qui mène à la cuisine. Il n'y a pas de bruit,mais je ne suis pas pour autant sereine. J'entre dans la cuisine, et je vois mon plateau poser sur la table, là où il me fait habituellement manger.

Qu'est-ce qu'il veut?

Je m'assois me restaurer, je suis affamée. Je mange vite, je ne mâche pas mes aliments. J'avale le plus rapidement possible mon repas et je remonte m'enfermer dans ma chambre.

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