Sold Up

Chapitre 20

Hayden est en déplacement quelques jours. Il m'a prévenu qu'il ne sera pas trop disponible quelques jours . Il ne souhaite pas m'inquiéter, je prends mon mal en patience, il me manque.

Les jours suivants, j'avance sur ma thèse, je ratrape les derniers cours, je suis à jour dans le programme. Le directeur de l'université me félicite pour mon investissement. Il me propose de me mettre en relation avec un célèbre cabinet qui recherche un stagiaire. Je saisis l'opportunité, j'ai un entretien dans deux semaines.

En attendant le retour de Hayden, je décide de revoir les notions vues en cours, pour préparer l'entretien. Mais Maeva décide qu'il est tant que je sorte de mon trou, elle a organisé avec Ann une sortie en boîte. Je n'ai jamais mis les pieds dans ce genre d'endroit, j'ai peur de ne pas être à ma place. Mais je finis par accepter pour ne pas les blesser.
Je m'apprête pour l'occasion plus que d'ordinaire, mais sans en faire trop. Je ne veux pas être la cible de types éméchés. On arrive en boîte, on commande à boire, on s'amuse.
La soirée commençait très bien, jusqu'à ce que je passe à côté d'un abruti et qu'il dise à ses amis.

— Matez-moi ça! C'est la nana qui a flanché sur son cinglé de kidnappeur.

Tout bascule, je suis effondrée. Je pensais qu'en publiant mes notes, on parlerait de cette pathologie complexe, que je mettrais en lumière le syndrome de Stockholm. Mais une partie des téléspectateurs me prend pour une cinglée. Mes amies me disent de laisser couler, de ne pas me prendre la tête, que ce sont des abrutis.
Je comprends mieux pourquoi Ethan me disait de me taire, « de la fermer ». Je passe pour une dégénérée. J'écourte la soirée et file dans ma chambre. Je m'isole dans ma bulle, là où je me sens en sécurité.

Hayden tente de m'appeler plusieurs fois, mais je ne décroche pas, je ne souhaite parler à personne.
Il m'envoie un message, il est inquiet, je lui réponds de me laisser tranquille.
Il n'a pas répondu, je finis par tout gâcher.

Une semaine passe, je suis totalement renfermée sur moi-même, je ne sors que par obligation. L'entretien au cabinet s'est bien passé, il me donne une réponse sous huit jours.
Je me laisse totalement aller, Ann est dépitée de me voir comme ça. Elle reste à mes côtés de longues heures, sans parler. Elle a compris que j'avais besoin d'espace.

Hayden ne m'a plus rappelé. J'ai envoyé un message pour m'excuser, mais il ne m'a pas répondu. Je suis instable émotionnellement, il perd son temps avec moi. Je ne suis qu'une détraquée qui est tombée amoureuse de son tortionnaire.

J'ai été à ma séance chez le psy, il me conseille de rencontrer ma mère. Je pourrais avancer dans ma guérison. Je ne sais pas, j'ai peur de mal faire, de dire ce qu'il ne faut pas. Elle a vendu sa fille à un psychopathe pour deux cents dollars. Quelle mère fait ça?

J'ai réfléchi, Ann a réussi à me convaincre de revoir ma mère. Je contacte son avocat, qui est ravi de l'apprendre. Il organise une rencontre dans un lieu adapté à la médiation familiale, pour le lendemain.

Je suis complètement à côté de mes chaussettes, depuis que je sais que je vais revoir ma mère, et si elle replongeait. Je redoute d'apprendre des choses qui risquent de chambouler toute ma vie. Elle veut me parler à coeur ouvert.
J'ai peur d'être déçue, d'en attendre trop et de ne pas assez recevoir.

Je décide d'écrire un message à Hayden.

- Je vais revoir ma mère demain. Je pense à toi.
- Prends soin de toi.

C'est tout? Je ne l'intéresse plus, j'ai tout gâché.
Je me ressaisis assez vite, à chaque jour suffit sa peine.

Aujourd'hui, je me concentre sur les retrouvailles avec ma mère.  J'arrive en avance, trop anxieuse, un an et demi que je ne l'avais pas vu.
Elle arrive avec son avocat, main dans la main, je tombe de haut, ce n'est plus la même femme.
Elle est tellement belle, elle a coupé ses cheveux et a repris sa couleur d'origine, un châtain clair. Elle est habillée en tailleur, son maquillage lui va tellement bien. Elle vient vers moi, me prend dans ses bras et pleure, je ne peux retenir mes larmes.

— Je suis tellement désolée, j'ai été une mère indigne. Je t'ai gâché la vie. Je prie chaque jour pour que tu puisses me donner une chance de me racheter.
Son avocat lui caresse le dos.

— Il y a encore quelques semaines, je ne voulais pas entendre parler de toi. Je t'en voulais tellement maman. Je n'ai pas eu d'enfance. Tu m'as privé de mon innocence, d'amour. L'enfant ne peut pas te pardonner, tu l'as brisé.

Elle s'effondre.

— Mais la femme que je suis veux bien essayer de te donner une chance.
Elle me saute dans les bras.

— Je ferais tout pour être la mère que j'aurais due être. On va faire les choses progressivement. Le temps qu'on se réhabitue l'une à l'autre. D'accord?

— Oui maman, je veux bien essayer. J'ai tellement prié pour que tu t'en sortes. Et te voir comme ça avec quelqu'un qui a l'air de t'aimer. Je suis soulagée...