HELL'S EAGLES Après toi

10 Ambre

Lorsque je suis arrivée dans ce grand hangar, j'ai tout de suite été submergée par la présence de trop de motards et d'inconnus. Je ne me sentais pas à l'aise du tout.

Puis il y a eu cette phrase que Jackson m'a dite "si tu n'es pas revendiquée par un homme, si tu ne portes pas un cuir où il est marqué que tu appartiens à quelqu'un, on peut te prendre pour une brebis" et "Tu ne fais confiance qu'à nous et à personne d'autre !"

Comment puis-je avoir l'esprit tranquille après ces paroles ?

Il ne connaît rien de ce que j'ai traversé, comment peut-il me laisser dans la fosse aux lions. J'ai le sentiment qu'il pourrait m'arriver quelque chose si je ne suis pas vigilante. Je garde un œil sur toutes les sorties et je dévisage tous les hommes qui s'approchent de moi.

Heureusement, Kenny m'a prise sous son aile.

Elle est sympa et très belle. Elle a de longs cheveux roux qu'elle attache avec une coiffure très années 60, un bandeau dans les cheveux, un chemisier blanc ample sans manche, et un jean de grossesse avec des bottes en cuir. Elle porte également son cuir sans manche avec l'aigle aux ailes déployées et les deux faucheuses dans le dos, ainsi que l'inscription "propriété de Sin" en lettres blanches imposantes. Sur le devant, il y a l'insigne du chapitre de Bismarck du Dakota du Nord, ainsi que son nom "Kenny" en plus petit. Elle a vraiment de l'allure et ressemble presque à une pin-up.

Nous nous sommes installées à une table, elle revient avec une bière qu'elle me tend et un grand verre de cocktail pour elle.

Je bois une grande gorgée de mon verre et la regarde en coin.

— Ne t'inquiète pas, c'est une boisson sans alcool, me dit-elle en me tendant le cocktail. Faire la fête sans cocktail, c'est moins drôle.

— Comment vis-tu ta grossesse avec toute cette agitation autour de toi ? la questionnai-je.

— Tu sais, les gars ont l'air de gros durs, mais au fond ce sont des anges. Ils prennent soin de moi, et Sin me couve même un peu trop. C'est notre premier enfant, et les gars sont déjà prêts à tout pour protéger cette petite merveille.

Je n'arrive pas à croire à quel point ces hommes peuvent être attentifs aux besoins d'une femme enceinte. Je me demande quel avenir attend un enfant dans ce milieu.

— Je vois que tu te poses aussi des questions sur l'éducation d'un enfant dans cet environnement, reprend-elle. J'ignore ce que tu sais déjà, mais ce que je peux te dire, c'est que mon enfant ne sera jamais aussi bien protégé que dans ce cercle d'hommes qui seraient prêts à tuer pour lui. Dehors, tes enfants pourraient très bien tomber sur des violeurs, des tueurs, et qu'arriverait-il alors ? Que ferait la justice pour le mal qu'ils auraient fait ? Au bout de combien de temps la justice rendra son verdict ? Ce n'est peut-être pas le meilleur environnement, mais ce n'est pas pire que celui dans lequel tu vis. Au moins, j'ai choisi le mien.

— Je suis désolée d'avoir jugé sans connaître tous les détails, lui répondis-je. D'un point de vue extérieur, tout cela me paraît tellement étrange. Je vis dans un autre monde où tout semble plus simple, moins violent.

Elle me sourit et se met à rire.

— Je ne sais pas pourquoi tu es là, mais je t'ai observé, tu as l'air paniqué entouré de motards, tu regardes toujours vers la sortie. Mais quand tu auras réglé ce problème qui te ronge, tu remarqueras que tu es à ta place avec nous, que tu vis déjà dans ce monde.

Je la fixe dans les yeux, elle a compris sans que je ne lui dise qu'il y a quelque chose qui me préoccupe. Ne voulant pas continuer sur ce terrain, je change de sujet.