Chapitre 21

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Le lendemain, elle s'octroya une petite sortie pour aller à la boutique de ses parents car elle se sentait nettement plus en forme.
Elle passa ainsi une partie de l'après-midi à lire, passer ses doigts sur les reliures de tout ces vieux livres et retrouver toutes les émotions de son enfance. Sentir la mort si proche vous ramène au plus près des petites choses de la vie. Et cette boutique c'était vraiment une part d'elle.

Ce n'est qu'au moment de partir que sa mère avait osé tâter le terrain.

- Comment ça va, avec ton médecin ?

Lisa sourit, il était normal que sa mère s'interroge.

- Bien maman. J'en reste toujours étonnée, mais c'est le cas. Mais tu sais, plus je le connais, plus j'aime ce que je découvre. Il n'a pas eu une enfance facile et cela peut expliquer, même si ça n'excuse pas, ses moments exécrables. Cela dit, quand on se voit, il est toujours calme et posé. Il dit...

Elle s'arrêta un peu gênée et sa mère la regarda, interrogatrice. Aussi elle reprit d'une petite voix :

- Il dit que c'est moi qui lui fais ça, cet effet. Je n'arrive pas à le croire et, en même temps, j'ai l'impression folle qu'on s'est trouvé. C'est idiot non ?

Lisa rit un peu embarrassée de ce qu'elle venait de dire. Elle l'aimait de plus en plus fort et elle ne lui avait pas encore dit. Tellement peur, peur de ce que cela pourrait entraîner. Elle ne se sentait tout simplement pas prête. Et pourtant, il était devenu indispensable à son bonheur.

Sa mère entoura son visage de ses mains.

- Je ne pensais jamais dire ça un jour, mais finalement ce crabe a peut être servi à quelque chose. Sans lui, tu ne l'aurais jamais rencontré de cette façon là. Tu n'aurais sûrement pas été au-delà du "médecin exécrable" qu'il peut être.

Sa mère n'avait pas tort, même si c'était plutôt perturbant.

Lisa reprit sa voiture en fin d'après-midi et arriva chez elle fatiguée, mais contente. Hormis cette fatigue toujours latente, elle allait bien.

Il l'appela vers 20h. Quand son téléphone sonna, elle se sentit heureuse, rien que de savoir que c'était lui.

- Bonsoir ma douce, je ne te dérange pas ?

Elle ne put s'empêcher de sourire comme une ado.

- Non, évidemment que non.

Il enchaîna :

- Qu'as-tu fait de beau aujourd'hui ?

Lisa en profita pour s'allonger tranquillement dans son canapé, voulant profiter au maximum de sa conversation avec lui.

- J'ai été à la boutique de mes parents. J'ai retrouvé quelques trésors et pas mal lu. Cela m'a fait énormément de bien. Et toi, ta journée ?

Il soupira :

- Normale. Je suis rentré il n'y a pas longtemps, je sors de la douche.

L'image de Naël sortant de la douche s'imprima sur la rétine de Lisa et elle sentit une chaleur l'inonder. Il reprit :

- Je suis de garde demain, je serais de retour chez moi en milieu de matinée mercredi. Je vais manger un bout et me poser un peu. Mais ça te dirait que je vienne te chercher et qu'on passe l'après-midi ensemble ? Il faut que je travaille, mais j'aimerais que tu sois là.

Lisa sentit son cœur s'emballer. Bien sûr qu'elle en avait terriblement envie !

- Je serais chez moi, tu viens quand tu veux.

Quand ils raccrochèrent, elle soupira de bien-être. Mardi allait lui sembler bien long !

Elle en profita donc pour faire un peu de rangement et de ménage. Mais aussi, elle prit soin d'elle, se posa, lut énormément et pensa à lui, et non pas à LUI. Ce qui lui fit un bien fou. Sa mère l'appela le mardi après-midi.

- Que dirais-tu d'un petit diner tous ensemble? Avec Naël aussi si cela te dit !

L'idée était tentante.

- Pourquoi pas? Je le vois demain, je lui demanderais. Quel jour ?

Sa mère réfléchit quelques secondes :

- Samedi soir? Vois avec lui, mais vraiment ça nous ferait plaisir de vous avoir tous les deux.

Quand elle raccrocha Lisa se rendit compte, que ce genre de moment « normal », avec ses parents et l'homme qu'elle aimait, lui faisait plus qu'envie. Mais Naël, sera-t-il d'accord ? Cela n'était-il pas trop tôt ? Déplacé ?

En pensant à lui, elle soupira. 

Et puis, un autre sujet commençait vraiment à lui peser : Plus elle s'attachait à lui, plus son désir décuplait. Mais elle avait une trouille bleue. Parce que cela faisait très longtemps et que, malgré tout, son expérience était limitée. Mais aussi et surtout parce qu'elle n'avait toujours pas regardé, ni accepté cette cicatrice. Comment oserait-elle seulement se mettre nue, devant lui ? Chauve, mutilée ? Les larmes perlèrent à ses yeux. Elle rêvait de lui, elle avait envie de faire l'amour avec lui, cela devenait même un besoin de plus en plus pressant. Mais en aurait-il envie lui aussi ? Et comment vivrait-il ce moment avec elle, si peu expérimentée ? Si torturée physiquement et mentalement ? Bien sûr, elle avait senti, entendu dans certains de ses mots, dans certains moments, son envie. Mais comment cela était-il seulement possible ? Malgré son amour, des incertitudes persistaient et elles étaient lourdes à porter malgré tout.

Ses pensées dérivèrent alors jusqu'à lundi prochain : sa prochaine chimiothérapie. Elle, malade, luttant, fragile et tout ce que cela entraînerait pour eux. Allaient-ils se montrer à l'hôpital ? Se cacher ? Allait-il supporter sa détresse, sa douleur lié à la maladie, à la chimiothérapie ? Allait-il supporter de devoir mettre des limites physiques pour son bien être à elle ? Bref, comment allait-il vivre tout ça ? Et elle ?

Au final, toutes ces pensées amenèrent Lisa à une seule chose : la peur. Comme quoi la vie, liée à la mort et à l'amour, était aussi synonyme de souffrances.

Elle se coucha ce soir-là, le moral bas, ce qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps.

L'amour du dernier espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant