Chapitre 28

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Le Lundi matin, Lisa se sentait prête pour une nouvelle semaine de traitement. Mais elle avait passé le weekend à se morfondre. Elle n'aurait jamais cru qu'il lui aurait tant manqué, quelque part tout allait très vite. Et d'un autre côté, elle avait bien conscience que, peut-être, elle n'aurait pas plus de temps. Mais elle ne savait pas ce que lui attendait, voulait. Oui il l'aimait, mais que voyait-il de leur avenir ? Le voyait-il court ou long ? Car médicalement, c'est lui qui avait toutes les cartes en main et savait exactement à quoi s'en tenir.

Une fois arrivée dans le service et installée pour la journée, la matinée s'étira en longueur. Assez morose, Lisa regardait par la fenêtre, allongée sur le lit, le produit coulant lentement dans ses veines. Heureusement, le nouveau médicament prescrit par Naël faisait des miracles concernant les vomissements. Les hauts et les bas des chimios l'usaient moralement, mais elle voulait et allait tenir le coup.

Enfin, vers 11h, il poussa la porte de la chambre. Elle vit immédiatement ses traits tirés et son cœur se serra. Elle n'avait qu'une envie, être enfin près de lui, mais il avait clairement besoin de se reposer. Et son choix de se lancer dans cette histoire, était pour elle, une décision déjà si égoïste, qu'elle s'en voulu de lui imposer tout ça en plus du reste.

- Ça y est, c'est officiellement la fin de ma garde. Grogna-t-il.

Il retira sa blouse, la posa sur le fauteuil et retira également ses chaussures. Puis, pour le plus grand plaisir de Lisa, il vint s'allonger tout près d'elle. Elle se poussa un peu et il se mit sur le côté, le visage dans son cou, ses bras sur son ventre. Et Lisa ressentit encore et toujours cette sensation de bien-être.

- La garde a été dure ? Chuchota-t-elle.

Il soupira dans son cou :

- Oh que oui.

Il n'eut pas besoin d'en dire plus.

- Rentre si tu en as besoin Naël.

Et tout dans son cou, déjà à moitié endormi, il lui chuchota :

- Tout ce dont j'ai besoin, là et maintenant, c'est toi.

Elle fut émue aux larmes, mais ne répondit rien. Elle ferma les yeux elle aussi et se laissa porter par le bonheur d'être à ses côtés.

Ils eurent une heure à eux, où Naël dormit profondément et où Lisa put profiter de lui au maximum. Elle ne savait pas ce qu'il adviendrait de ses globules blancs, alors autant en profiter, car ils étaient déjà très limites.

Tara entra après avoir frappé et resta stupéfaite devant le tableau de Naël, le grand ponte exécrable, endormi comme un bébé tout contre Lisa. Elle ferma la porte et entra sur la pointe des pieds.

- Comment te sens-tu? Je viens juste vérifier la perfusion. dit-elle tout doucement.

Lisa sourit.

- Bien. Ce nouvel antiémétique est un miracle.

Tara ne put s'empêcher de regarder son médecin. Lisa lui demanda alors :

- Garde difficile ?

Tara fit une grimace.

- Très. Il a l'air tellement... gentil, là, comme ça.

Lisa sourit.

- Il l'est. Il faut juste prendre le temps de percer sa carapace.

Lisa le regarda amoureusement.

- C'est vrai que quand il est vers toi, il est différent. Plus calme. Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais cela lui réussit.

Ces mots touchèrent énormément Lisa. Et elle se dit que peut être, finalement, ce choix, son choix, n'était pas aussi égoïste que cela. Si elle pouvait lui apporter autant que lui, lui apportait, ce serait une énorme chance.

Il s'éveilla alors doucement et avisa Tara.

- Ma garde est finie. Ronchonna-t-il.

Lisa sourit à Tara.

- Sois indulgente avec lui.

Tara sourit à son tour et sortit.

- Dis donc ronchonneur, elle était venue pour moi.

Il leva la tête, le sourire aux lèvres.

- Comment te sens-tu ma douce ?

Elle lui replaça amoureusement une mèche de cheveux.

- Bien, ton médicament est un miracle en soi.

Elle marqua un temps.

- Et toi, comment te sens-tu ?

Il soupira.

- Mieux. Mais ça ira totalement, le jour où on aura fini tout ça et où je pourrais t'avoir rien qu'à moi.

Elle sentit son cœur s'emballer.

- Tu m'as déjà. Corps et âme, quoi qu'il se passe Naël.

Il la regarda de son regard voilé.

- Je t'aime Lisa.

Elle sourit, plus sûre d'elle à ce moment-là que jamais.

- Moi aussi je t'aime Naël.

Leurs lèvres se joignirent et Lisa sut que son choix était le bon. C'était le choix de la vie et c'était tout.

L'amour du dernier espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant