Chapitre 3

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Elle se trouva confrontée à lui le soir même. En le voyant, elle ne put s'empêcher de se remémorer leur première, et dernière, rencontre car elle avait quitté le service peu de temps après. C'était un jour comme il y en a tant, assez lourd niveau charge de travail et il était arrivé au bout du couloir, en imposant par sa seule présence. Lisa qui ne le connaissait pas encore vraiment car il venait d'arriver dans le service, en le voyant apparaitre, s'en était trouvée si déstabilisée, qu'elle s'était pris les pieds dans le chariot et avait renversé tous les dossiers de la visite. Pourtant aguerrie comme infirmière, elle s'était retrouvée vraiment bête. Il l'avait alors apostrophée :

- Ce sont les dossiers de la visite ?

Elle n'avait pu qu'hocher la tête, mortifiée. Tout était mélangé ! Il avait repris, peu avenant :

- Très bien. Vous me ramassez tout ça, rapidement, dans l'ordre bien sûr, et vous demandez à une de vos collègues, moins gourde de préférence, de venir vous remplacer.

Telle avait été la teneur de leur premier échange : un caractère de rêve... Et pourtant, elle avait aussi vu, ce jour-là, quel médecin il était : Un des meilleurs.

Mais quand il entra dans sa chambre ce soir-là, elle ne doutait pas une seule seconde qu'il ne la reconnaitrait même pas : Elle était une patiente comme une autre. De plus son visage fermé ne lui laissait rien présager de bon.

Elle prit alors la décision, ce soir-là, de ne pas se laisser faire. Elle avait le droit, au vu de tout ce qu'elle vivait, à un minimum de considération et elle comptait bien lui faire ravaler son caractère, quand bien même il était l'un des meilleurs.

Nez dans son dossier, il entra de son pas assuré.

- Alors, Mlle TORRINI, Le professeur ALMONT m'a chargé de reprendre votre dossier.

Déjà, Lisa sentit l'énervement pointer le bout de son nez.

- Non, moi.

Il releva le nez de son dossier, interloqué. Et Lisa reprit, calmement :

- Il vous a demandé de prendre le relai avec moi, pas avec mon dossier.

Il la dévisagea longuement.

- Très bien Mlle TORRINI, avec vous. Donc demain matin, bilan complet. J'ai besoin de savoir où en sont vos globules rouges, blancs, les marqueurs infectieux, etc... Avant l'intervention. De quand date votre dernière séance de chimiothérapie ?

Elle n'eut pas à réfléchir longtemps, chaque phase du traitement s'inscrivant dans toutes les fibres de son corps.

- Il y a une semaine.

Il mit son stéthoscope sur les oreilles et vint s'assoir à côté d'elle, sur le lit. Soudain elle fut prise de court de sentir sa présence si proche d'elle. Une douce fragrance aux notes d'aftershave l'engloba et son corps réagit immédiatement. Il se pencha sur elle et posa doucement son stéthoscope dans son dos. Le silence régnait, lui concentré et Lisa qui sentait la chaleur l'irradier maintenant toute entière. Quand une des mains du médecin se posa doucement sur son épaule pour la faire se rallonger, elle pria pour que son cœur ne s'emballe pas mais surtout qu'il ne se rende de compte de rien. Enfin, cela prit fin et il se releva, ne se doutant pas une seconde du tumulte intérieur qu'il avait généré chez elle.

- Bon, c'est parfait. On se revoit demain et on avisera.

Lisa regarda la porte se refermer derrière lui et resta interdite un moment. Elle n'en revenait pas de ses propres réactions alors qu'elle ne le connaissait même pas. Puis, un sourire éclaira doucement son visage. Et bien celle-là, elle ne s'y attendait pas du tout !

L'amour du dernier espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant