Chapitre 12

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On était le lendemain et l'aide-soignante lui proposa ce matin-là, un essai au lavabo pour sa toilette de chat. Et Lisa acquiesça, elle avait tellement hâte de sortir de son lit.

Aussi, dès le petit déjeuner fini, celle-ci vint et aida Lisa à se lever. Elle serra les dents car elle se sentait bien faible sur ses deux jambes. Mais contre toute attente, la douleur était supportable.

Pourtant, une fois devant le lavabo, elle sentit qu'elle n'y arriverait pas. Elle allait le dire à l'aide-soignante, quand on frappa à la porte. Celle-ci passa alors la tête pour voir qui c'était et Lisa n'eut que le temps de l'apercevoir, quand un vertige lui fit perdre toute notion d'orientation et d'équilibre. Elle sentit des bras forts qui la rattrapèrent et elle sut que c'était lui. Bien avant de l'entendre rouspéter contre la pauvre aide-soignante...

- Allez me chercher l'infirmière et un appareil à tension au lieu de rester là sans rien faire !

Le ton peu aimable fit sourire Lisa : l'ours était de retour. Pourquoi une telle carapace alors que, elle le sentait au fond d'elle-même, il n'était pas comme ça. Elle sentit qu'il la soulevait et la portait sur le lit. Une fois allongée, elle alla tout de suite mieux. Il la scruta intensément :

- Ça va ?

Elle observa son visage qui avait l'air si inquiet.

- Oui, ça va. Vous savez aussi bien que moi que ce n'était qu'un malaise vagal et que vous avez été exécrable avec cette pauvre aide-soignante sans raison.

Il soupira, agacé :

- Peut-être, mais elle vous a levé trop tôt.

Lisa leva les yeux au ciel :

- Elle m'a proposé d'essayer et j'ai dit oui.

Puis, heureuse de le voir, et cédant à une impulsion, elle leva doucement la main vers sa joue et la caressa tendrement.

- Arrêtez de faire votre méchant : comme ce jour où vous m'avez houspillé pour avoir fait tomber tous les dossiers.

Il se détendit et s'assit au bord du lit. Un sourire doux émergea sur son visage.

- Oui, je me souviens de ce jour où j'ai été abject avec vous. Et aujourd'hui, je vous fais officiellement mes excuses.

Son regard se perdit dans le vague.

- Je venais d'apprendre le décès d'un patient que je suivais depuis longtemps. Ce n'est pas une excuse, mais je voulais que vous le sachiez.

Ils échangèrent un regard et Lisa sentit à nouveau ce lien qui était de plus en plus fort et net. Elle eut envie qu'il lui prenne la main, qu'il la tienne contre lui. Elle eut soudain l'impression idiote que, s'il le faisait, plus rien ne pourrait lui arriver.

C'est à cet instant que l'infirmière entra, l'appareil à tension en main, brisant l'intensité du moment. Naël la regarda, prêt à la rabrouer pour sa lenteur, mais Lisa posa doucement sa main sur la sienne. Il regarda alors leurs deux mains, puis Lisa et il se tut. Il se leva et sortit de la chambre.

                                                                                            ∞

Une fois dehors, il s'adossa au mur : elle lui avait manqué. Et dela voir tomber dès son entrée dans la chambre lui avait fait très peur. Il nese passerait rien, c'était sa patiente et il savait qu'il ne dérogerait pas à larègle, tout du moins, tant qu'elle était hospitalisée sous sa garde. Mais iladmettait que quelque chose se passait et qu'elle le troublait terriblement. Ilpoussa un long soupir et se dirigea vers le poste de soin. Il était temps qu'ilfasse ses visites.

L'amour du dernier espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant