Chapitre 15

48 6 0
                                    


Son pansement avait déjà été refait plusieurs fois depuis l'opération, mais évidemment Lisa ne regardait jamais. Elle tournait la tête et laissait faire l'infirmière. Un jour elle accepterait, c'est certain, mais pour l'instant, c'était trop tôt.

Quand l'infirmière eut finit, elle referma l'ensemble de façon temporaire.

- C'est très propre et très beau. Je pense que le Dr LAVERNE donnera son aval pour demain si votre bilan est bon.

Lisa la remercia d'un sourire. Il n'allait pas tarder et, autant elle avait envie de le voir, autant elle ne voulait pas qu'il voit ÇA. Oui bien sûr, elle se sentait idiote car il l'avait opérée, il savait, mais pour elle tout le contexte était différent.

Quand il entra, elle sentit sa gorge se nouer. Il se tourna vers la soignante :

- Merci Sarah, vous pouvez nous laisser.

L'infirmière sortit et il s'assit au bord du lit, la scrutant.

- Lisa, je défais, je regarde et je referme. Ok ? Mais, un jour, il faudra bien que tu arrives à te regarder.

Elle tourna le visage vers lui, les larmes menaçant de déborder. Il sourit alors et lui dit malicieusement :

- Je voudrais quand même que tu admires mon beau travail.

Elle rit doucement et lui tendit la main. Il la prit et la serra délicatement avant de commencer à défaire les sparadraps du côté. Lisa tourna la tête vers la fenêtre et elle pensa à lui, non pas à LUI, le crabe, comme cette dernière année écoulée, mais bien à lui, le médecin, mais aussi et surtout, l'homme. Elle s'imagina aller boire un café avec lui, loin de l'hôpital, des blouses et presque loin de sa maladie. Elle avait envie de mieux le connaitre, d'être avec lui, de profiter de chaque instant possible. Elle ferma les yeux et laissa son imagination vagabonder.

Elle sentit alors qu'il refermait le pansement soigneusement.

- C'est parfait Lisa. Tout comme ton bilan de ce matin.

Elle se tourna vers lui. Il sembla hésiter, puis se lança :

- Lisa, tu es ... Magnifique, vraiment.

Alors, elle se mit à pleurer, ne pouvant plus rien retenir, ouvrant toutes les vannes fermées depuis si longtemps. Naël, s'étant installé sur le lit et il la prit tendrement dans ses bras et la serra fort, la laissant sortir toutes les épreuves accumulées depuis ces derniers mois. Pendant de longues minutes, il la berça, lui caressant les cheveux, pendant que les sanglots sortaient par vague.

Enfin, Lisa réussit à se calmer. Elle se sentait un peu honteuse, aussi elle n'osait pas bouger. Elle passa ainsi la dernière minute à graver dans sa mémoire ce moment : elle, dans ses bras, sentant la chaleur de son corps, ses stylos dépassant de la poche de sa blouse, lui grattant la gorge, ses mains dans ses cheveux, son odeur et de ce sentiment de plénitude. Elle se sentait à sa place, tout simplement.

Il la repoussa alors doucement, puis alla chercher un papier dans la salle de bain et revint. Il lui tamponna tendrement les yeux.

- Ça va mieux ?

Elle hocha la tête, encore incapable de parler et un peu gênée de ce débordement d'émotions. Il entremêla alors ses doigts aux siens à nouveau et, avec son autre main, sortit un petit bout de papier de sa poche.

- Tiens, c'est pour toi : mon numéro. De jour, comme de nuit, je serais là. Et surtout, dès que tu te sens assez courageuse pour sortir de chez toi boire un café, appelle-moi. Si tu en as envie bien sûr.

Elle sourit et prit ce petit bout de papier, qui devenait la chose la plus précieuse au monde pour elle. Elle ne comprenait pas comment il pouvait avoir encore envie de ça, mais elle ne voulait se poser aucune question, seulement profiter de ce moment. Elle contempla alors leurs deux mains encore entrelacées et une sérénité nouvelle l'envahit.

Il se releva doucement.

- Il faut que j'y aille, je rentre, je me douche et je me couche. Dit-il en souriant.

Lisa le regarda avec une douceur qui le toucha et il reprit :

- Je te retrouve demain pour la sortie.

Elle se rallongea et lui fit un petit signe de la main, auquel il répondit avant de s'éclipser. Elle ferma alors les yeux car tout ça l'avait extrêmement éprouvée et en même temps, elle sentait comme un énorme poids qui s'était évaporé. Elle voulait profiter de ce moment de bien être car la réalité reprendrait bien vite ses droits.

L'amour du dernier espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant