Le lendemain, Naël frappa à la porte de Lisa vers 15h. Après lui avoir offert un café, elle regarda par sa fenêtre et se tourna vers lui.
- Il fait un temps magnifique, je me sens d'attaque pour une petite promenade !
Il eut l'air septique, puis sembla consentir.
- D'accord, mais on va au parc en voiture, je ne veux pas que tu en fasses trop.
Lisa hocha la tête, excitée d'aller prendre l'air, en plus d'être avec lui. Ils sortirent et le trajet en voiture leur prit 5 minutes.
Ils entrèrent dans le parc et Naël mit un bras protecteur autour de l'épaule de Lisa. Ils marchèrent ainsi en silence quelques minutes. Il faisait un temps printanier, les bourgeons des plantes étaient bien présents et les arbres commençaient à prendre leur parure verte. Lisa était bien, elle glissa son bras autour de sa taille et profita de ce moment. Se promener avec lui, après l'avoir cordialement détesté en tant que médecin et de le voir en tant qu'homme, son homme, lui procurait un mélange bizarre d'étrangeté et de bonheur.
Au bout d'un moment, ils avisèrent un banc et s'assirent tous les deux.
- Tu as des gardes la semaine prochaine ?
Il hocha la tête :
- Oui, mardi et vendredi. J'opère mardi toute la journée et jeudi matin. Le reste du temps, consultations et le service à faire tourner. Et toi bien sûr.
Elle le regarda tendrement tandis qu'il lui caressait doucement la tempe. Mais elle se sentait quand même un peu inquiète.
- Naël, je ne veux pas que tu chamboules tout. Je sais bien que tu avais une vie avant moi, je ne suis pas bête.
Il prit sa main et l'embrassa avec une telle délicatesse que Lisa sentit sa gorge se serrer :
- Eh bien oui, une vie différente. C'est vrai que tu chamboules beaucoup de choses mais dis-toi bien que je le veux. Maintenant, tu es là et je veux que tu fasses partie intégrante de mon quotidien. Enfin, si c'est ce que tu souhaites également.
Bizarrement, lui aussi sembla alors inquiet. Pour le rassurer, elle se blottit contre lui. Il reprit alors d'une voix basse et tendue :
- Et puis, tu es bien placée pour le savoir : je suis un gros ours solitaire mal léché. Il n'y avait pas vraiment de gens dans ma vie.
Lisa retint sa respiration. Le ton un peu sec et bas de Naël lui signifiait un sujet sensible, voir même douloureux. Elle se tut pour le laisser continuer.
- Tu sais Lisa, je n'ai pas de famille, j'ai été élevé en foyers. Mes amis sont rares, mon caractère en a fait fuir plus d'un. Les autres ne sont que de passage dans ma vie. Mais toi, tu m'apaises, tu m'équilibres, tu me réconcilies avec la vie. Je sais que tu n'en as pas conscience, mais sache-le.
Lisa ne répondit rien, tellement cela la touchait. Elle n'osait plus bouger, mais elle finit par glisser ses bras autour de son cou et à l'amener à elle afin de l'embrasser. Elle se dit que, finalement, c'était la meilleure des réponses. Il vint poser sa main sur sa nuque et approfondit de lui-même leur baiser. Elle gémit doucement, elle sentait son pouce lui caresser tendrement la peau sensible sous l'oreille et cela l'électrisait. Il s'écarta doucement.
- Tu as de la chance qu'on soit dehors.
Sa confession avait ébranlé Lisa. Elle lisait tant de souffrance dans ses yeux et elle voulait faire tout ce qui lui était possible pour l'atténuer. Comment se faisait-il que si peu de gens n'aient vu la magnifique personne sous cette carapace ? Il la regarda tendrement.
- Je ne sais pas ce que tu fais de moi Lisa, mais j'aime ça.
Sa phrase fit écho en Lisa, même si une pointe d'appréhension était également bien présente. La tension étant à son comble, il décida de changer de sujet et elle le laissa faire.
- Dis-moi, j'ai bientôt un séminaire. Je dois beaucoup travailler et, vu l'effet soporifique que j'ai sur toi....
Lisa s'écarta vivement.
- Non, ne croit pas ça Naël. C'est juste que quand je suis avec toi, je suis bien. Si bien que je me relâche et du coup, eh bien, c'est vrai, je m'endors.
Elle se sentit rougir. Naël rit doucement et lui caressa la joue.
- Le rose aux joues te va très bien.
Elle fit mine de le taper gentiment et mis ses jambes sur les siennes.
- Et donc ce séminaire ?
Il reprit :
- Je me disais que peut être, tu pourrais venir un jour chez moi. Comme ça, si tu t'endors, je ne suis pas obligé de te quitter pour partir travailler. Et toi, tu peux rester, jusqu'à ce que tu me demandes de te ramener. Et je le ferai, c'est promis.
Elle sourit.
- Ça peut se faire.
Et d'humeur taquine, elle rajouta :
- Mais, et si je ne veux plus rentrer ?
Il entrelaça ses doigts aux siens.
- Alors je te garderai.
Sa voix douce, presque un chuchotement toucha Lisa de plein fouet. Connaitre ça, dans de telles circonstances, elle trouvait ça presque injuste. Mais elle remit vite ses pensées sombres de côté.
Ils se levèrent, leurs doigts toujours entrelacés et repartirent.
Il la ramena en fin d'après-midi et, après l'avoir embrassée tendrement, la laissa chez elle, toute à ses pensées.
Elle se prépara un dîner simple, appela ses parents.
Mais surtout, elle pensait, réfléchissait, tournait tout ce qui était dans sa tête dans tous les sens. Leur conversation avait encore déployé son amour pour lui, comme un papillon qui sort de sa chrysalide. Mais tout cela la travaillait aussi énormément.
Au moment de se coucher, elle se déshabilla et voulut tenter un coup d'œil à sa cicatrice. Mais après toutes les émotions de la journée, ce fut trop. Elle serra les dents et se jura qu'elle allait vivre et gagner. Pour elle, mais aussi pour lui. Alors, face au miroir, elle montra son poing :
- Crabe, tiens-toi bien, ta fin est proche.
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L'amour du dernier espoir
Lãng mạnPour Lisa, que la vie malmène depuis plus d'un an à lutter contre un cancer du sein, cette récidive est dure à encaisser. Elle sait qu'elle va devoir subir le traitement de la dernière chance mais elle se sent fatiguée de tout cela. Mais ce qu'elle...