Lisa passa le reste de la journée sagement couchée. Elle savait qu'elle retenterait de se lever, dès le lendemain car c'était important de bouger à nouveau.
Ses parents étaient venus la voir et lui avait apporté un peu de lecture. Elle n'avait guère la tête à ça car le crabe emplissait sa vie, depuis près d'un an et elle n'arrivait guère à penser à autre chose. Sauf depuis quelques jours, où enfin, ses préoccupations étaient différentes et où elle vivait un peu autrement, un certain médecin alimentant toute sa curiosité. Et même si cela ne changeait pas la donne initiale, qu'est-ce que cela lui faisait du bien !
Naël était repassé le soir, mais ce fut rapide et elle le sentit distant. Bien que très déçue, elle crut qu'elle avait peut-être eu un geste un peu trop déplacé. Elle avait cédé à son impulsion ce matin et elle le regretta. Le weekend commençait, n'allait-elle le revoir que lundi ?
Et effectivement, le samedi s'étira en longueur. Cette fois elle réussit enfin à se lever seule et son objectif du jour fut donc de pouvoir faire les allers retours aux toilettes en autonomie enfin. Et cette petite victoire lui mit du baume au cœur.
Elle lut, vit ses parents, puis, une fois le diner desservit, elle se mit devant la télé. Ce fut à 20h30, qu'enfin, il frappa à la porte. Ne s'attendant plus à le voir, elle avait décidé de mettre son mal en patience, mais force était de reconnaitre qu'il hantait ses pensées. Le manque de ne pas le voir, mais aussi, la peur de, peut-être, l'avoir blessé sans l'avoir voulu.
Elle s'était dit que lundi n'était pas si loin et prenait donc sur elle, comme pour tout depuis un an.
Mais quand il passa la tête, son cœur eu un raté. Il la regarda :
- Je peux ?
Elle hocha la tête, trop contente pour parler. Il entra, prit la chaise et la mit près du lit.
- Comment ça va ?
Lisa encore sur son petit nuage de le voir, prit quelques secondes avant de répondre.
- Plutôt bien : je me lève sans faire de malaise.
Il mit ses coudes sur les genoux, les mains jointes, pensif.
- Je suis de garde tout le weekend. Je pensais pouvoir passer avant, mais la journée a été bien remplie.
Lisa ne put s'empêcher de sourire. Il était de garde ! Elle le verrait encore le lendemain, s'il le voulait et le pouvait.
Il plongea alors sa main dans la blouse et en sortit un paquet de carte.
- La soirée est beaucoup plus calme, alors je me disais que si vous n'étiez pas trop fatiguée, on pourrait faire une petite partie ?
C'était inattendue, mais une vague de bonheur la submergea :
- Avec grand plaisir.
Elle releva sa tête de lit et il approcha l'adaptable de façon à ce qu'il soit entre eux. Puis, ils commencèrent à jouer : bataille, rami, ils tentèrent tous les jeux possibles à deux. Bientôt, Lisa oublia la blouse, la maladie, l'hôpital. Quant à Naël, il oublia sa "patiente" et se concentra sur la femme. Ils parlèrent de tout, de rien, rirent de bon cœur et s'amusèrent. Mais vers 22h, contre son gré, Lisa sentit la fatigue l'envahir et Naël le vit tout de suite.
- Allez, je vous laisse vous reposer. De plus, l'équipe de nuit va passer, je vais leur laisser la place.
Lisa se sentait si bien qu'elle eut soudain peur qu'il s'en aille.
- Je suis fatiguée, mais je n'ai pas envie que vous partiez.
Naël la regarda, puis se leva.
- Ok, je reviens.
Il sortit et une demi-heure passa, pendant laquelle l'équipe de nuit vint saluer Lisa et lui donner son traitement.
Malgré elle, ses yeux commencèrent à se fermer et elle se dit qu'il avait dû être rappelé comme il était de garde. Un peu triste, elle allait se laisser porter par le sommeil pour de bon quand, enfin il frappa et entra, les bras chargé de son ordinateur et de plusieurs dossiers.
- Désolé, le temps d'aller chercher ça à l'internat.
Elle le vit alors s'installer, à sa grande surprise, mais pour son plus grand plaisir, sur le fauteuil, tout en étendant ses jambes sur le repose pied. Puis il posa son ordinateur sur les genoux, et mit ses dossiers à portée de main sur l'adaptable. Il lui aurait suffit de tendre la main et, si elle le voulait, elle le touchait. Elle en rêvait, mais s'abstint, ayant trop peur d'avoir encore un geste déplacé. Elle se sentait plus sereine que d'habitude pour s'endormir, mais ne put s'empêcher de l'interroger :
- Et vous, vous vous reposez quand ?
Il la regarda et haussa un sourcil :
- Ne vous inquiétez pas, je m'octroie de temps en temps des pauses et quelques heures de sommeil.
Lisa se coucha en chien de fusil tout en le regardant. Il lisait visiblement quelque chose sur son ordi et, de temps en temps, jetait un coup d'œil sur un dossier. Elle sentait le sommeil la gagner, mais avait tellement envie de profiter de ce moment, qu'elle n'osait pas fermer les yeux. Elle lui dit alors la seule chose qui lui sembla importante :
- Merci.
Il la regarda et lui sourit tendrement. Puis, il reporta son attention sur son ordi, mais il posa doucement sa main sur celle de Lisa posée sur le lit près de lui. Heureuse, elle mit son autre main par-dessus et ferma les yeux. Elle était bien, vraiment bien. Elle venait de passer une soirée inespérée et merveilleuse. Son geste la touchait, l'émouvait et elle en profitait autant que possible. Elle ne comprenait pas pourquoi il était comme ça avec elle, sachant comment il se comportait avec les autres. Mais son cœur, gonflé de joie, comptait bien en profiter, et ce, sans se poser de questions. En tout cas, pas maintenant...
Une heure plus tard, elle entendit vaguement dans un demi-sommeil, un téléphone sonner, puis l'entendit répondre :
- Laverne. Oui ? Très bien, je suis dans la chambre 402, j'arrive.
Il retira doucement sa main, prit toutes ses affaires et elle sentit qu'il se penchait doucement sur elle. Elle entrouvrit alors les yeux.
- La garde m'appelle. Repose-toi, à demain.
Et il lui caressa doucement le visage avant de s'éclipser. Lisa dans un demi-sommeil, se rendormit le sourire aux lèvres.
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L'amour du dernier espoir
RomansaPour Lisa, que la vie malmène depuis plus d'un an à lutter contre un cancer du sein, cette récidive est dure à encaisser. Elle sait qu'elle va devoir subir le traitement de la dernière chance mais elle se sent fatiguée de tout cela. Mais ce qu'elle...