Elle passa les trois jours suivant couchée, à peu manger. Tout la dégoutait et, du coup, elle se dégoutait elle-même. Elle avait Naël chaque soir au téléphone, mais elle lui avait demandé de ne pas venir. Et le fait qu'il respecte ça, la touchait encore plus. Mais elle le sentait inquiet, et n'arrivait guère à le rassurer. Elle se sentait si mal.
Le vendredi matin, enfin le léger mieux tant attendu fut là. Son père l'amena à l'hôpital pour sa prise de sang de contrôle avant la chimiothérapie du lundi. Elle savait que ce weekend elle se sentirait bien, mais que Naël était de garde. Aussi, une fois la prise de sang faite, elle se dirigea vers son service et frappa à la salle de soin. Une infirmière qu'elle ne connaissait pas s'approcha d'elle.
- Oui ?
Elle se racla la gorge.
- Excusez-moi, est-ce que le Dr LAVERNE est par là ?
L'infirmière secoua la tête.
- Non il n'est pas dans le service, mais je peux vous aider ?
Lisa réfléchit, elle avait tellement envie de le voir !
- Serait-il possible de l'appeler ?
L'infirmière mit un masque de politesse sur son visage.
- Non, on ne le dérange pas pour rien madame.
Lisa vit tout de suite la peur de la colère de Naël dans les yeux de l'infirmière et eut presque envie de rire. Heureusement, Martine, une aide-soignante qu'elle connaissait bien, arriva sur ces entre faits.
- Lisa ! Quel plaisir de te voir ! Ça a l'air d'aller mieux ! Comment tu te sens ?
Elle sourit, heureuse de voir une tête qu'elle connaissait.
- Bien. Dis-moi, Naël est joignable ?
Martine se tourna alors vers l'infirmière.
- Appelle le Dr LAVERNE, tu lui dis juste que Lisa est là.
Celle-ci sembla s'affoler.
- Mais...
Martine soupira :
- Pas de mais. Si tu crains son courroux, figure-toi, que c'est si tu ne l'appelles pas que tu vas l'essuyer !
L'infirmière fit une moue septique mais appela. Etonnée, elle se tourna vers Lisa.
- Il arrive tout de suite.
Lisa sourit, heureuse de savoir qu'elle allait enfin le voir.
- Je vais vers son bureau, merci Martine.
Tandis que Lisa s'éloignait, elle entendit l'aide-soignante discourir ;
- Alors, si tu veux vraiment éviter des colères inutiles avec le Dr LAVERNE, sache que cette patiente est, aussi et surtout, sa conjointe, aussi étonnant que cela puisse paraitre.
Lisa sourit, l'envie de rire la tenaillant. Tout l'hôpital n'était pas encore au courant visiblement malgré ce que pensait Naël. Elle arriva vers son bureau et s'assit tranquillement sur les chaises réservées aux visiteurs. Il ne tarda pas à apparaitre au bout du couloir, de son pas décidé, sa blouse battant ses jambes. Qu'est-ce qu'il lui avait manqué ! Elle se leva et il la prit dans ses bras.
- Quelle magnifique surprise ma Lisa !
Puis il ouvrit la porte de son bureau et la fit entrer.
- Alors tu martyrises encore du personnel soignant ? dit-elle un sourire en coin.
Il haussa un sourcil tout en la regardant :
- Oui, de temps en temps. Il n'y a que quand tu es vers moi que je suis apaisé et moins grognon. Pourquoi ?
Elle lui raconta et à son tour il sourit. Il posa sa blouse sur le dossier de sa chaise et vint la prendre dans ses bras.
- Comment vas- tu ? Si tu savais à quel point tu me manques.
Il lui caressa doucement le visage et enfouit son nez dans son foulard.
- Si tu savais comme je rêve de t'embrasser, mais tant que je n'ai pas le résultat de ces foutus globules blancs...
Elle se serra tout contre lui.
- Toi aussi tu me manques, chaque seconde. Ce weekend sans toi va être terriblement long. C'est d'ailleurs déjà le cas...
Il l'embrassa sur le front.
- Je t'appellerais, c'est promis. Et je t'appelle tout à l'heure quand j'aurais tes résultats de la prise de sang. Ok ?
Il la recula et la regarda droit dans les yeux.
- Promets-moi que la prochaine fois que tu viendras, tu mettras un masque. S'il te plait.
Elle rit doucement.
- Oui chef.
Elle s'écarta, ne lâchant pas sa main. Mais il la ramena brusquement vers lui.
- Oh et puis merde, ces globules blancs ne doivent pas être si catastrophiques.
Il posa sa main sur sa nuque et, au grand plaisir de Lisa qui n'attendait que ça, son corps ne vibrant que pour lui, il l'embrassa durement, puis tendrement. Lisa se prit à penser qu'au lieu de s'estomper, la magie se décuplait. Elle mit tout son amour pour lui dans ce baiser et quand elle l'entendit gémir, elle sut qu'elle avait réussi.
Il posa doucement son front sur le sien, tous deux reprenant leur souffle.
- Ça va être difficile, très difficile. Murmura-t-il.
A son tour, tout en chuchotant, elle lui répondit :
- On le savait, mais on va y arriver.
Elle lui sourit doucement et lui caressa le visage. Il lui serra fort lamain, puis la laissa partir. Quand la porte se referma sur elle, il trouvaitdéjà le temps très long.
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L'amour du dernier espoir
RomansaPour Lisa, que la vie malmène depuis plus d'un an à lutter contre un cancer du sein, cette récidive est dure à encaisser. Elle sait qu'elle va devoir subir le traitement de la dernière chance mais elle se sent fatiguée de tout cela. Mais ce qu'elle...