Chapitre 18

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Le lendemain matin, elle se réveilla tard, il était plus de 10h. Elle s'en voulu un peu de trainer autant. Mais il est vrai qu'hier avait été magique mais éprouvant. Elle se sentait bien et avait envie de rentrer chez elle.

La réalité reprenait petit à petit ses droits et, en même temps, une nouvelle force l'habitait, elle le sentait. Des moments encore bien difficiles allaient arriver et elle ne savait pas comment elle allait gérer tout ça. Elle avait aussi peur par rapport à lui, qu'il ne finisse par se lasser, s'ennuyer, mais elle avait une envie folle de tenter de le coup. Il fallait qu'elle le fasse car pour elle, la vie venait de lui faire un merveilleux cadeau. Et elle trouvait que c'était un bien joli pied de nez à ce crabe qui lui bouffait l'existence depuis plus d'un an.

Elle prit son téléphone et découvrit avec surprise un message de Naël. Telle une adolescente, le cœur battant elle l'ouvrit :

- Départ pour l'hôpital, j'espère que tu as bien récupéré car j'espère vite te revoir, tu me manques déjà. Naël.

Elle mit sa main devant sa bouche étouffant le petit cri de bonheur qui montait. Ce n'était pas grand-chose et en même temps, pour elle, c'était tout.

Une fois remise de ses émotions, elle retrouva sa mère dans cuisine, qui buvait son café.

- Ah te voilà ma chérie. Ton père est parti à la boutique, mais je voulais te voir avant de le rejoindre, savoir comment tu allais.

Lisa s'installa face à sa mère qui lui servit une tasse de café noir, comme elle l'aimait. Puis elle regarda sa fille du coin de l'œil.

- Tu vas bien ce matin ?

Lisa ne put s'empêcher de repenser à la veille et les petits papillons reprirent leur envol dans son ventre :

- Oh oui, merveilleusement bien.

Sa mère ne fit aucun commentaire, mais son sourire reflétait ses pensées. Et Lisa fut contente de rendre sa mère heureuse par ce biais, ses parents le méritaient aussi. Elle ne doutait pas un instant de tout ce qu'ils enduraient en voyant leur fille unique si durement touchée par la vie. 

Lisa en vint à ce dont elle voulait parler avec sa mère :

- Maman, je me sens d'attaque et je voudrais rentrer ce week-end chez moi. Après, il ne me reste qu'une semaine complète avant de reprendre les chimiothérapies et j'ai besoin de cette semaine pour me poser seule. Enfin en grande partie, dit-elle en rougissant légèrement.

Sa mère posa sa main sur la sienne.

- Bien sur ma chérie, je comprends tout à fait. Mais peut être plus dimanche car le samedi est une grosse journée pour nous au magasin. Ou bien ton père pourrait t'amener le samedi soir, mais j'ai peur que ce ne soit trop tard pour toi.

Lisa ne répondit rien, réfléchissant.

- Je te redirais. Peut-être, enfin je ne sais pas, mais je vais tenter de demander à Naël s'il veut bien me ramener. Ça ne vous embêterait pas ?

Lisa se sentait presque gênée d'oser lui demander. Mais sa mère eut l'air de trouver cela normal et répondit sans hésitation :

- Bien sûr que non !

Elle tapota doucement la main de sa fille.

- Je suis si heureuse pour toi, si tu savais.

Lisa avait appris plein de choses sur Naël hier, mais rien sur son planning professionnel. Du coup, elle hésitait devant son téléphone, était-il au bloc ? En consultation ? Dans le service ? Bien sûr, s'il n'était pas disponible, elle n'aurait qu'à laisser un message. Mais c'était plus fort qu'elle, elle avait envie de l'entendre. Elle supposait que ce week-end, il n'était pas de garde, l'ayant été le week-end précédent. Mais peut-être, avait-il déjà des choses de prévues car il avait quand même une vie avant elle. Et elle s'en voulait de lui demander ça, mais en même temps, quelle belle excuse pour le revoir...

Elle attendit donc 13h pour tenter de tomber sur le moment du self. Et quand elle l'entendit décrocher et elle eut envie de crier de joie.

- Lisa ? Ne quitte pas, je me mets loin du brouhaha.

Elle entendait en arrière fond, effectivement, le bruit qu'elle pensait être celui du self. Petit à petit cela s'atténua et elle l'entendit :

- Bonjour ma douce. Comment vas-tu ce matin ?

Ma douce. Lisa ferma les yeux quelques secondes pour profiter de ce mot qui résonnait si agréablement à ses oreilles.

- Ça va, j'ai bien dormi et longtemps ce matin. Et toi, ça va ? Je ne te dérange pas au moins ?

Il répondit sans hésiter :

- Jamais Lisa. Je mangeais ce qu'ils appellent un hachis Parmentier.

Lisa se souvint du self et sourit à l'idée du hachis.

- Je t'appelais surtout pour t'entendre. J'en avais très envie. Chuchota-t-elle.

Elle le sentit sourire à l'autre bout du fil.

- Moi aussi.

Puis, elle prit son courage à deux mains.

- J'ai aussi quelque chose à te demander.

Qu'est-ce qu'elle se sentait bête et gênée...

- Je t'écoute. Dit-il, inconscient de sa gêne.

Son cœur battait à tout rompre, tout ça était si nouveau pour elle.

- Je voudrais rentrer chez moi ce weekend, mais mes parents ont la boutique et ce n'est pas simple pour eux de se libérer. Je voulais savoir si ... Enfin si tu pouvais...

Elle soupira, se sentant s'embourber. Heureusement il vint à sa rescousse.

- Je serais là, Lisa. Tu me dis l'heure et je viendrais vous chercher tes valises et toi.

Son soulagement n'eut d'égal que le bonheur à la perspective de le revoir.

- Mais si tu avais des choses de prévues, je ne veux pas que tu chamboules tout pour moi Naël.

Elle le sentit secouer la tête à l'autre bout du fil :

- Rien de spécial et rien qui ne puisse être remis à plus tard.

Elle se permit enfin un sourire :

- Parfait alors. Je dors tard le matin, car je récupère encore. Mais on peut se dire en début d'après-midi, vers 14h ? 

Il opina :

- Il n'y a aucun souci. Tu peux être sûre que je n'oublierai pas.

Lisa ne savait plus trop comment le remercier et lui faire prendre conscience de tout ce qu'il lui apportait.

- Merci Naël, vraiment.

Que de banalités. Elle fut désappointée, ne sachant que dire de plus.

- C'est à moi de te remercier Lisa. Tu m'apportes bien plus que tu ne l'imagines. A demain. Je t'embrasse.

Elle regarda encore longtemps le téléphone une fois qu'elle eut raccroché, perdue. Ses douces paroles la hantaient encore. Vraiment, que pouvait-elle lui apporter ?

L'amour du dernier espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant