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Les jours passèrent et Joan ne s'arrêtait pas : elle construisait encore, sans s'arrêter, même si elle n'était pas extrêmement douée. De nombreuses blessures demeuraient sur ses bras, qu'elle soignait, et c'est en faisant cela que Joan réalisait à chaque fois un peu plus que cela lui plaisait. C'était décidée : lorsque les Blocardes seraient plus nombreuses, elle soignerait les autres.

Au bout de deux semaines, la Boîte remonta et lui amena différents matériaux, qu'elle s'empressa de remonter : ainsi, la jeune fille continua de construire des bâtiments, comme elle le pouvait. Pour l'instant, elle avait fini ce qui ressemblait à une infirmerie : le matelas installé dans cette pièce se composait de plusieurs tissus rassemblés entre eux posés sur deux palettes, mais rien de plus. Peut être que plus tard, elle pourrait faire mieux, mais, à cet instant, il était difficile d'imaginer faire plus.

En fouillant bien dans les bois, Joan avait fini par trouver plusieurs cabines avec des toilettes, et d'autres plus loin avec des douches, et elle en profita alors pour aller sous celles ci. C'est comme cela qu'elle apprit qu'il y avait une quantité d'eau par jour à ne pas dépasser, mais cela importait peu : avoir l'impression de sentir le cadavre l'avait hanté.

Le premier mois qu'elle passa fut étrangement long, malgré la présence continuelle d'Este, qui la suivait partout, comme si l'amour que Joan lui portait avait constitué un lien entre elles. Parfois, la jeune fille parlait au cochon et la regardait, comme si elle attendait une quelconque réponse. Mais rien ne venait jamais, alors Joan continuait de parler toute seule.

Cependant, en entendant à nouveau la boîte sonner, Joan ne cacha pas sa joie et se précipita pour ouvrir l'objet de son euphorie, y découvrant alors non sans surprise celle qui devait être la suivante : Dorothy. Cette dernière paraissait absolument paniquée, peur que Joan comprenait, alors elle s'empressa de lui tendre la main :

«Viens», lui murmura la jeune fille, avec un grand sourire rassurant. Celle qui pensait ne pas avoir de prénom accepta son aide et se laissa tomber par terre, épuisée.

- S'il te plaît, tiens bon, tu pourras dormir après
- Je suis fatiguée.
- Je sais, chuchota Joan, avant de l'aider à se relever. Les deux filles marchèrent jusqu'à l'infirmerie et Joan convia la nouvelle à s'installer sur le lit, remarquant alors qu'elle était habillée tout en bleu.

- Tu te souviens de ton prénom ? demanda t elle, les yeux rivés toujours sur ses habits
- Non, répondit elle, timidement.
- Ne t'en fais pas c'est normal. En attendant, je t'appellerai la Bleue.
- La bleue ? répéta la nouvelle, avec un rictus.
- Regarde toi, sourit Joan
- Oh, murmura t elle, avant de rire. Je comprends.

Elle salua ensuite la nouvelle et marcha jusqu'à la Boîte, afin d'en sortir toutes les caisses, qu'elle porta une à une jusqu'au petit entrepôt qu'elle avait construit -si un simple toit  pouvait être appelé entrepôt.

À nouveau, Joan fouilla dans les caisses, tentant de trouver alors ce qui pourrait l'intéresser. Elle attrapa plusieurs vêtements, dont la taille demeurait large, au cas où, et les glissa dans la caisse qui était dédiée aux habits. La jeune fille soupira et continua de ranger les affaires en pensant à bien des choses.

- Tu es là ? demanda une voix, dans l'encadrement de la porte
- Bien sûr. Tout va bien ?
- Oui, je suis reposée. Je peux t'aider ?
- Tu n'es pas obligée, tu sais.
- Je sais !

Joan eut un sourire et montra sa méthode de rangement, que la nouvelle commença à suivre.

- Tu t'appelles comment ? s'enquit cette dernière
- Joan. J'espère que tu te rappelleras vite de ton prénom.
- Ça t'a prit combien de temps, toi ?
- À peu près deux jours, mentit la jeune fille sans hésitation.
- C'est long.
- Je n'avais personne à qui parler, alors pas vraiment.

La nouvelle hocha la tête, et leva une boîte de conserve.

- J'ai faim, on peut manger ? s'enquit elle.
- Moi aussi j'ai faim. Allons y.

Les deux jeunes filles marchèrent en direction du feu, et Joan laissa le luxe à sa future amie d'allumer le feu pendant qu'elle préparait le plat. Une fois que le repas commençait à chauffer, elle s'assit, les bras serrés autour de ses jambes, pensive.

- Tu es là depuis combien de temps ?
- Un mois, lui apprit Joan.
- Et tu sais pourquoi on est là ?
- Aucune idée. Je ne sais pas du tout, et qui nous a mit là.
- Est ce que c'est dangereux ?
- Non, non. Enfin...sauf si tu vas là bas.

A ces mots, Joan pointa du doigt le Labyrinthe, et la nouvelle suivit son regard.

- Un mur ?
- Un Labyrinthe. J'y suis allée, c'est assez terrifiant, et la nuit il y a des choses qui crient, ce sont des Griffeurs.
- Oh, murmura la Bleue, les yeux plissés. Évitons d'y aller alors.
- Il me semble qu'un Labyrinthe indique une sortie, généralement. Ça pourrait être important, alors. Non ?
- Possible. Je sais pas. J'ai peur maintenant.
- Ne t'en fais pas.

Joan sourit et posa sa main sur l'épaule de la jeune fille.

- Si tu ne veux pas y aller, on laissera ceux qui viennent après essayer.
- Et nous on fera quoi ?
- Chacun son métier, ça te dit ?
- Parfait !

Les deux amies commencèrent à manger tout en parlant, et au fil des minutes, le jour baissait, le feu devenant alors leur seule source de lumière. Elles allèrent alors bientôt se coucher, laissant pour les jours à venir toutes ces choses qu'elles ne voulaient pas faire.

Mais avant de dormir, la Bleue chuchota, comme si elle avait peur de réveiller Joan.

- Hé, je m'appelle Dorothy. Ça vient de me revenir.
- Oh, Dorothy. C'est mignon.

La jeune fille sourit, fermant les yeux, apaisée.

Peu à peu, les deux jeunes filles s'habituèrent à la vie au Bloc, devenant de plus en plus proches.

LA TRAHISON [Minho] [Le Labyrinthe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant