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Une fois les cœurs apaisés, Joan se détacha des bras de Minho, qui la regardait sans rien dire, comme si le moindre mot était de trop. La jeune fille recula, mais ne put bouger davantage : le jeune homme avait enroulé ses doigts autour du poignet de la blonde.

- Je ne te laisserai pas partir, refusa t il.

Elle eut un petit sourire, et le regarda, bien que la nuit l'empêchait de le détailler.

- Pourquoi tu m'as sorti de la simulation ce jour là ? Pourquoi tu m'as aidé à m'enfuir ? demanda Minho
- C'est une vraie question ?
- Bien sur, répondit il et la jeune fille s'étonna qu'il n'ironise pas.
- Parce que je suis amoureuse de toi à en crever et que je veux ton bien.

Minho l'observa, retenant au fond de lui un sourire.

- Une partie de moi t'en veux tellement. Et l'autre a envie de t'embrasser jusqu'à ce que mes lèvres me brûlent, murmura t il.
- Prend ton temps. Je t'attendrais.
- Et si je n'arrive jamais à te pardonner ?

Joan haussa les épaules.

- Je t'attendrais, quel qu'en soit le résultat.
- Je dois vraiment être incroyable pour que tu puisses patienter comme ça.

La jeune fille ne s'empêcher pas de sourire, et hocha la tête.

- Tu n'imagines même pas à quel point.

Ils se regardèrent, œil dans l'œil, âme dans l'âme, et la blonde se recula.

- Je vais y aller, annonça t elle, le rictus retrouvé.
- Non. Pas sans moi.
- Je ne vais rien faire.

Minho était mort de trouille à l'idée de la perdre, alors l'imaginer loin de lui alors qu'elle avait tenté de se tuer il y a à peine dix minutes lui était insurmontable. Il secoua négativement à nouveau la tête et attrapa sa main, nouant leurs doigts pour ne pas que leur bateau s'échappe du port face aux vagues de leur trouble. Il ne savait pas trouver les mots pour décrire cette grande angoisse, mais elle parut comme comprendre, et l'étreignit. Des mots d'amour frappaient contre sa langue pour être entendus, mais elle les recula, avec peine. La mort dans l'âme, Joan quitta ses bras, et l'encadra de ses mains sur ses épaules.

- Je ne veux pas que tu me quittes un seul instant, soupira t il.
- Ça ne me pose pas de souci tu sais, mais j'ai envie de dormir, maintenant.

Il l'observa avec un sourire malicieux, avant de continuer de serrer sa main et marcher. Il alla prendre leurs coussins, des couvertures, et retourna au milieu de la plage.

- Dors ici, murmura t il.

Son visage fut coloré d'un air tendre, mais elle s'installa comme il l'avait demandé, avant de la rejoindre. Joan sourit, pivota sur elle même pour le regarder.

- Bonne nuit, chuchota t elle, en fermant les yeux.
- Dors bien, la marmotte.

La jeune fille pouffa, et laissa le sommeil l'envahir.

* * *

Quand Joan s'éveilla, non loin d'elle restait Minho, assis, avec l'air amusé.

- Tu as ronflé tout la nuit, ricana t il.
- Toi aussi, tu as ronflé. Et très fort.
- Je sais, c'est pour ça que ça me surprend de trouver quelqu'un qui ronfle plus fort que moi.
- Idiot.

Il ricana, et lui fit un geste de la tête, tout en disant :

- Viens manger, tu dois avoir faim.
- Oh, oui. D'ailleurs tu sais qui a emmené mon repas d'hier matin ?

La jeune homme baissa les yeux, et Joan eut un air perplexe.

- Minho ?
- C'est moi. J'avais peur que tu aies faim.

La jeune fille se détourna, et affirma qu'ils devaient aller manger, profondément touchée et même rougissante. Le duo s'installa auprès de leurs amis, pour manger. Frypan s'assit près d'elle, suivi d'Aris, et ils lui demandèrent comme elle allait. Elle répondit, en profitant de parler pour ne pas manger sans que personne ne s'en aperçoive autour d'elle.

- Joan, héla Minho derrière elle.

La blonde se tourna vers lui, abasourdie, et le vit froncer les sourcils.

- Mange, ajouta la jeune homme.

La concernée pivota la tête, un rictus naissant sur son visage, alors elle poursuivit son repas.

- Oh, je vois, glissa amusé Frypan

Joan, bien loin de camoufler sa joie, lui rendit une expression espiègle, en attrapant son bras.

- Tu vas mieux ? demanda son ami, en caressant ses cheveux
- Teresa me manque.

Il put ressentir la tristesse étouffante de la jeune fille, et lui adressa un air compatissant.

- Et toi, tu...
- Il me manque terriblement, la coupa t il.

Les lèvres de la blonde s'entrouvèrent, dévoilant cette culpabilité, qui la rongeait, ce que Frypan parut percevoir.

- Tu n'as rien fait, crois moi. C'est comme ça.
- Si j'avais tout fait plus tôt, si j'avais fais Minho partit ne serait qu'une minute plus tôt, tout serait différent.
- Ce n'est de la faute de personne, arrête. Écoute moi, les choses sont ce qu'elles sont. Tu n'es la seule humaine sur Terre, alors donne un peu de ton fardeau à ceux qui ne s'en veulent pas. Ou aux vrais coupables, souffla t il en donnant un coup de pied dans le sable.
- Il a raison, renchérit Aris.

Comme entourée de deux piliers, Joan soupira enfin, et les poumons s'allégèrent : cette dernière respirait enfin librement, libérée de cette impression que son souffle était de trop. Alors, face au trou noir lumineux qui s'élevait dans le ciel, au même rythme que sa joie, elle eut l'impression que c'était l'heure : aujourd'hui, maintenant, elle allait essayer. C'était elle, essayant, essuyant ses peines, soulageant la Joan du passé, et ne semblant plus mourante.

En ce jour, c'était décidé, voulu et définitif : elle n'attendrait plus une seule seconde pour être heureuse. Là où autrefois naissait le bonheur grâce à Dorothy, puis grâce à Teresa, Joan voyait pousser une fleur magnifique. Joan n'avait pas encore rencontré la nouvelle elle, mais elle en mourrait de hâte.

Après ce petit déjeuner révélateur, la jeune fille grava sur la Terre des disparus le prénom de Dorothy, en pleurant ses dernières larmes.

* * *

LA TRAHISON [Minho] [Le Labyrinthe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant