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Dès le lendemain, les simulations commencèrent : il avait été décidé le matin même que Joan s'occuperait de celles du matin et Teresa l'après midi.

La jeune fille débuta alors sa journée par cela. La première à passer était une petite fille terrifiée, que Joan essaya de rassurer du mieux qu'elle pouvait. Elle lui conseilla de s'installer aussi confortablement que possible, et plaça les capteurs sur ses tempes. La jeune fille fit un signe à son collègue, qui plaça des aiguilles pour prendre de son sang, et la simulation commença.

- Tu as bien vu comment je mettais les aiguilles ? demanda son collègue.
- Heum, oui ? Pourquoi ?
- Tu feras le prochain, madame Paige a demandé que tu t'entraînes.
- Oh. Super.

Joan se recula, attrapa son bloc note et nota tout ce qu'il se passait, mais elle est restait effarée face à l'horreur apparente de sa cadette. Elle suppliait l'horloge de passer plus vite pour pouvoir offrir à la fillette la joie que ce supplice soit fini. Elle avait toujours en tête les propos de Teresa : dès que ces tests seront finis, ils seront tous libérés.

Une heure passa et le docteur qui l'accompagnait débrancha le sujet, puis Joan vérifia que tout allait bien, d'un point de vu physique. Mais elle ne pouvait pas ignorer les joues trempées de ses larmes, alors elle la serra contre elle, embrassant ses cheveux.

- Ce sera bientôt fini, promis.

La petite fille hocha la tête puis demanda si elle pouvait partir, alors Joan la laissa s'en aller.

- Au prochain, s'écria t elle, à travers la porte ouverte.

La jeune fille attrapa la liste des sujets qui devaient passer et constata que le prochain était une certaine Aly. Mais alors qu'elle levait la tête, Joan fut horrifiée de voir que ce n'était pas une fillette, ni même une fille. Non, la personne qui venait de passer la porte avait des cheveux coupés bruns, et un regard assassin pour Joan : c'était Minho. De stupéfaction, elle en oublia de fermer la bouche et laissa tomber son stylo, pendant qu'il la tuait toujours des yeux. Elle baissa la tête et examina sa liste, perdue.

- La personne qui était censée passer est malade, mais Paige est tellement sympa qu'elle a décidé d'alléger l'emploi du temps de madame la traîtresse numéro une pour qu'elle puisse finir plus tôt, vu que je passais à dix sept heures. Ça te va, la traîtresse numéro deux, comme explication ?

Joan sentit son cœur se fissurer, mais n'en tint pas compte.

- Installe toi là, murmura t elle, sans une once d'envie de rester dans cette pièce encore une seconde de plus.
- A vos ordres, traîtresse.
- Parle lui mieux, s'agaça le docteur.
- Laissez, il a raison, glissa la jeune fille en faisant un geste de la main en l'air.

Elle attrapa les capteurs, s'approcha non sans crainte de Minho et se pencha légèrement pour poser celui sur sa tempe droite, côté qui était le plus éloigné d'elle.

- Pourquoi tu nous as trahi ? demanda t il, l'air mauvais.

Joan respira un instant, et appuya sur le capteur droit.

- Minho, je n'avais pas le choix.
- Comment oses tu dire ça ? s'agaça t il en attrapant sur son poignet, qu'il serra.
- Hé, toi, lâche la ! ordonna le collègue.

La jeune fille lui lança un regard agacé, et lui demande de partir.

- Je peux pas te laisser avec un tel sauvage.
- Je gère. Et au pire, si y'a un meurtre, témoigne pour dire que c'est lui le coupable, que ce soit moi ou lui le mort, répliqua t elle avec un rire étranglé.

Le docteur lui lança un regard étrange, comme s'il ne comprenait pas son rire, et sortit de la pièce. Joan reprit son travail à ces mots, posant avec délicatesse le capteur gauche.

- Ne pense pas que je n'ai pas de regrets, lui chuchota t elle. J'y pense tout le temps, et je m'en veux. Mais c'est fait.

Elle attrapa les prises qui allaient se retrouver dans les veines du jeune homme, qui l'observait toujours avec cet air agressif.

- Ne bouge pas trop, ça peut faire mal.

La jeune fille serra son avant bras, pour être sûre d'empêcher les mouvements, et les mit à leur place.

- Voilà. Maintenant je dois lancer la simulation, déclara t elle.

Les doigts figés dans le vide, Joan ne savait pas si elle voulait le faire : non, cela elle le savait en réalité. Elle voulait tout, sauf blesser Minho. Les cris de souffrance de la petite fille résonnaient encore en elle.

- T'attends quoi ?

Elle se tourna et l'observa, les yeux humides.

- Je n'ai pas envie.
- Alors ça, c'est la meilleure.
- Bon courage, Minho.

Sans attendre une minute de plus, elle appuya sur le bouton qui démarrait le cauchemar de Minho. Joan tira vers elle une chaise et s'assit à côté de la place de son aimé : si elle était la cause de sa douleur, elle devait le regarder droit dans les yeux, ne pas trembler. Elle le vit de crisper, et doucement, hurler de douleur, mais elle le regardait toujours. Sans hésiter, Joan attrapa la main de Minho et la serra, entièrement convaincue que s'il le voyait, il se libèrerait de cette étreinte, mais peu lui importait. Alors que les minutes passaient, son courage se fragilisait, et elle baissa la tête, se mettant aussitôt à pleurer.

- Que t'ai je fais ? murmura t elle pour elle même et pour Minho, bien qu'il ne l'entende pas.

L'heure qu'il passa dans la simulation fut d'une longueur cruelle, mais elle n'abandonna pas. Lorsqu'elle fut finie, elle s'éloigna et débranchera Minho. Puis, elle attrapa un mouchoir, essuya son front plein de sueur et prit son pouls.

- Tu as pleuré ? s'enquit il, sans une once de bienveillance dans sa voix. Putain, j'en reviens pas. C'est la traîtresse qui chiale. Tu nous as menti.
- Je sais.
- Qu'est que tu as au cou ?

Elle porta sa main à l'endroit indiqué et se souvint de la veille au soir, en se mordillant les lèvres.

- Tu peux t'en aller. On ne devrait plus jamais se revoir. Je distribue les repas, mais c'est tout. Adieu, Minho.

Il ne prit même pas la peine de répondre, et la laissa, la poitrine douloureuse.

LA TRAHISON [Minho] [Le Labyrinthe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant