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Dès le lendemain, les simulations reprirent, et Joan ne vit pas Minho, ce qui l'arrangeait bien. Les heures passaient dans un rythme effréné, et la jeune fille essayait de donner tous les repas pour pouvoir fournir les doses de gâteaux à Minho, sans même savoir si elle faisait bien.

Le soir arrivé, Joan, rentrée, trouva Teresa qui terminait son étude.

- Tout s'est bien passé ? demanda la blonde en enlevant ses chaussures.
- Oui, Minho travaille bien.
- Minho ? répéta t elle. Mais je l'ai déjà...
- Il a eu des résultats excellents, alors on continue les expériences. Demain, on va tester un sérum sur un des sujets.

Ces mots poignardèrent ce qui lui restait de cœur, mais elle décida d'ignorer cela.

- Ça le fait pas souffrir ? s'enquit elle, la voix tremblante.
- C'est obligatoire.
- Je parle à la scientifique, ou bien à Teresa ? l'interrogea Joan, en s'approchant de son amie, les mains sur ses épaules

Cette dernière lâcha son dossier, soupirant, avant de se tourner vers sa camarade.

- Je sais pas. Ce n'est pas pareil ?
- La scientifique est celle qui a appelé le WICKED, Teresa c'est celle qui murmure le nom de Thomas toutes les nuits, rétorqua la jeune fille en embrassant sa joue. Tu viens ?
- J'ai pas fini..., désespéra la brune.
- Qu'importe. Va te doucher, enlève moi cette blouse, et fais moi un sourire.

Teresa exprima son remerciement, malgré elle, et sortit de la pièce, mais aussitôt disparue, Joan lança un regard affamé de savoir sur les feuilles que son amie avait auparavant remplie. Tous ces mots avaient beau être inscrit, elle ne les comprenait pas, ne les retenait pas. La jeune fille soupira et passa sa main dans ses cheveux, dans une grande plainte.

La nuit qu'elle passa fut empli de ses troubles : comment pouvait elle fermer les yeux sans même imaginer la souffrance de Minho, qu'elle avait elle même provoqué ?

Fatiguée, alors, l'adolescente se leva alors que son réveil sonnait à ce même instant, l'étreignant d'un geste brusque. Elle siffla d'agacement, déambula jusqu'à la salle de bain pour se laver, puis prépara leur déjeuner, avec Teresa. Cette dernière la rejoint quelques minutes après, lorsque le repas était prêt.

- Bien dormi ? s'inquiéta la jeune fille
- Fatiguée, répondit la brune. Et toi ?
- Pareil. J'ai déjà hâte d'aller dormir.

Son amie lui jeta un regard et pinça les lèvres, avant de tartiner la tranche de la blonde.

- J'ai pas osé te le dire hier soir, mais c'est à toi de t'occuper de Minho ce matin.

Joan cligna des yeux, abasourdie, posant son verre d'eau.

- Je suppose que je ne pourrais jamais le fuir.

La brune n'osa rien répondre.

Une fois le petit déjeuner passé, les deux amies prirent le chemin de leur travail. Comme tous les jours, à l'entrée, elles montrèrent leur badge aux agents de sécurité, puis montèrent les étages jusqu'à arriver dans leur espace de travail. Joan salua sa camarade, s'installa ensuite dans la salle des simulations, où elle commença à tout préparer. Minho devrait arriver à dix heures, et jusque là, il lui restait un petit quart d'heures. Nerveuse, elle s'attacha les cheveux en un chignon, rangea sa frange et prit une grande respiration, en comptant ses doigts pour se calmer. Un, deux, trois. Quatre, cinq. Joan but une gorgée de sa bouteille, et au même moment, on toqua à la porte, qui s'ouvrît à la volée.

- Tenez, grimaça le garde en poussant Minho sur la chaise

La jeune fille fronça les sourcils, agacée, et cria :

- Hé ! Vous pourriez faire attention.

Le garde hocha la tête, apparement sur les nerfs, et s'en alla.

- Faut prendre soin de la marchandise, ça coûte cher à remplacer, ricana Minho.

Joan se tourna vers lui, l'œil contemplatif.

- Tu sais très bien que ce n'est pas ça, riposta l'adolescente, qui parvint apparemment à lui ôter les mots de la bouche, puisqu'il détourna les yeux.

Avec attention, elle s'approcha et plaça comme à son habitudes les capteurs sur ses tempes, avec toujours ce petit frisson de le toucher, qui était plus que mal venu.

Sans le prévenir, elle plaça ensuite les aiguilles dans sa chair, et il eut un mouvement brusque.

- ...sse..., gronda t il

Non sans effort, Joan l'ignora, et, débuta ainsi la simulation.

La jeune fille pensait s'être habituée aux cris de douleur, mais ceux de celui qu'elle aimait la faisait toujours délirer de peine. Cette sensation de perdre pied était accrue par cette peur de le perdre : ses tremblements, ses larmes, ses filets de sueur froide qui venait de sa terreur pure, tout cela la rendait ivre d'affliction. Elle se releva, et s'approcha de lui, et sans hésiter, elle ôta les capteurs. Aussi sorti de cette réalité pétrifiante, Minho posa son regard sur elle, et la jeune fille crut deviner dans l'ombre de ses yeux un zeste d'amour, mais bientôt l'ombre de l'ombre de cet tendresse disparut.

Joan ne s'expliqua pas, cependant elle n'en eut pas besoin, son geste possédait sa raison sur son visage. Elle attrapa un chiffon, et le glissa sur le visage de Minho, y essuyant le restant de la simulation. L'adolescente savait très bien qu'elle ne pouvait faire ce geste que parce que son camarade était attaché : s'il ne l'était pas, il l'aurait repoussé.

- Je ne pense pas que tu saches à quel point je suis désolée, Minho, murmura t elle, si bas qu'elle ne s'était même pas entendue.
- Tes pardons ne changeront rien.
- Je sais.

Elle se détourna, et rangea le chiffon. Alors, elle ne le perçut pas, mais pendant une seconde, il y eut un regard perdu, s'attardant sur elle, et une peur. Il voulait parfois passer à autre chose, oublier sa rancune, mais elle l'avait mené ici, à souffrir, à se sentir faible, et ridicule.

- Pourquoi tu m'en as sorti ? cracha t il, du bout des lèvres, ne voulant pas trop s'investir

Joan ne l'observa pas, ne dit rien, rangea simplement le bazar qu'elle avait mit.

- Répond.
- Tu as peut être cessé de m'aimer -et je te le souhaite-, mais pas moi.

En l'entendant prononcer quelques mots, il réalisa l'émotion qui l'avait étreint, et qui s'approchait bien trop à son goût de lui. Un rire sortit de sa bouche, sans qu'il ne put le retenir.

- Tant mieux pour toi.

Les oreilles de Joan se mirent à bourdonner, sa vision fut troublée par des papillons, qui s'agitaient devant ses yeux. Elle fit deux pas pour libérer le jeune homme, et lui fit un geste de la main, pour lui montrer la sortie, la tête basse, pour ne pas montrer la peine sur son visage.

- Tu peux y aller, Minho.

Il n'attendit même pas la fin de sa phrase et s'en alla. Aussitôt seule, la jeune fille essuya la morosité qui dévalait ses joues. Elle savait qu'elle avait mérité cette agressivité, mais Joan aurait préféré qu'il ne lui dise pas. Un mensonge aurait été moins douloureux, un sourire lui aurait permit d'alléger ses épaules et cette fausse parole de lui offrir un instant de paix.

LA TRAHISON [Minho] [Le Labyrinthe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant