Ce soir là, cela faisait une semaine entière que Joan vivait dans cet entrepôt épuré.
- Je crois que c'est l'heure d'aller manger, souffla Dorothy.
- J'ai pas envie d'y aller, j'ai même pas faim, protesta son amie.Dorothy ne l'écouta pas et la força à se lever, en la tirant par la main.
- Allons-y, moi j'ai faim !
Les deux jeunes filles marchèrent jusqu'à rejoindre Aris, qui les attendait dans le couloir, avec qui elles marchèrent pour aller manger. Une fois dans le réfectoire, Dorothy s'exclama :
- Hé, beh, y en a pas mal.
- De quoi tu parles exactement ? s'enquit Joan, sans jeter un regard derrière elle.
- Des gens.La jeune fille se tourna et constata qu'effectivement, beaucoup de gens mangeaient.
- Mon dieu, à chaque fois que je les regarde, j'oublie qu'on est autant, gloussa Joan.
Les trois amis s'assirent à leurs places habituelles, commençant ensuite à manger. Joan observa les alentours et se rendit compte qu'un nouveau groupe de garçon semblait s'être installé à une table.
- Y'a des nouveaux, déclara la jeune fille.
- Ah oui ? Sont mignons ? s'intéressa aussitôt Dorothy
- Pitié, s'amusa Joan en levant les yeux au ciel.
- Je suis toujours là, glissa Aris.Janson apparut, comme tous les soirs, et Joan glissa ses doigts sous la table pour les croiser, bientôt imitée par Dorothy.
- Pitié, choisissez nous, murmurèrent les deux amies, sous le regard étrange d'Aris.
- Comme tous les soirs, je viens chercher certains d'entre vous pour vous emmener vers de plus verts pâturages. Donc : Dorothy.La tête de Joan se mit à bourdonner, et elle leva les yeux vers son amie, pendant que Dorothy devenait pâlichonne, alors que Janson continuait de donner tout un tas de nom, dont aucun ne ressemblait à celui de Joan. Cette dernière comprit avec douleur qu'elle allait être séparée de son amie, et lui adressa un sourire minuscule, presque imperceptible, tandis que Dorothy s'éloignait.
- Au revoir, murmura celle ci, affichant une joie amère de partir d'ici.
- Ce sera tout pour aujourd'hui, exposa Janson, encore une fois, avant de partir.Ainsi, tous disparurent et Joan souffla, pour éviter les larmes.
- Courage, murmura Aris.
Elle hocha la tête et se tourna vers les nouveaux, constatant que ceux ci parlaient toujours.
- Je reviens, annonça t elle à son ami.
Ce dernier haussa les épaules et la laissa partir sans un mot, mais elle ne lui en tint pas rigueur et marcha jusqu'aux nouveaux. Sans un mot, elle s'assit à une place vide et leva les yeux vers eux.
- Vous êtes nouveaux ? demanda t elle, sans pour autant que le ton de sa voix soit interrogatif.
Quelqu'un lui répondit positivement, avant de demander pourquoi. Elle eut un sourire, et annonça :
- Je suis Joan, alors. Et vous ?
- Newt, déclara un blond maigrichon.
- Thomas, poursuivit un brun à l'air intrigué. Frypan, ajouta t il en montrant son ami à côté de lui.
- Enchantée, sourit elle.
- Winston, se présenta un autre jeune homme aux yeux souriants.
- Et toi ? demanda Joan, à celui qui n'avait encore rien dit.Ce dernier grommela son prénom :
- Minho.
- Minho, alors. Ravie de vous connaître tous. Vous vous plaisez bien ici ?
- On est arrivé ici il y a pas très longtemps, donc c'est compliqué de répondre, glissa Newt. La question devrait plutôt t'être posée.
- En effet. Ça fait une semaine, alors disons que je connais cet endroit encore mieux que le Labyrinthe. Enfin, j'ai jamais été Coureuse. Mais qu'importe, ria Joan.
- Ça fait très bizarre d'entendre des mots qu'on entend depuis trois ans dans la bouche d'une inconnue, s'amusa Winston.
- Je comprend. Votre sortie s'est bien passée ?Personne ne lui répondit, et elle réalisa avec effroi qu'elle avait peut être été maladroite, d'autant plus qu'elle réalisa qu'ils n'étaient pas nombreux.
- Pas vraiment, répondit Newt.
- Désolée, j'aurais dû garder mes questions. Je vous laisse, je suis vraiment mal a l'aise maintenant, murmura la jeune fille en se levant.
- À plus, salua Frypan.Elle s'enfuit rapidement et rejoint Aris, qui continuait de manger d'un air songeur.
- Tu n'as vraiment pas l'air bien, tu le sais ? s'inquiéta la jeune fille.
- Je sais, mais...il faut que je te dise un truc.
- Oh. Raconte moi.
- Il faut pas que tu aies une réaction forte d'accord ? Ça peut te faire peur, et éventuellement t'énerver, mais il faut que tu ries pour ne pas attirer l'attention.Joan fronça les sourcils, planta sa fourchette dans son plat et avala une bouchée.
- Vas y, dis moi tout.
- Ok. Il faut que tu me fasses confiance, je ne te mens pas.
- D'accord.
- J'ai exploré les tunnels du bâtiment les autres nuits, et je suis tombé sur un truc il y a trois jours. Ils emmènent des corps tous les soirs dans une salle. Je ne sais pas d'où ils viennent, qui sont ces corps, mais...Quand Janson appelle cinq personnes, il y a cinq corps emmenés.Il s'arrêta de parler, leva les yeux vers son amie et découvrit qu'elle retenait un fou rire, la main posé sur le bras de son ami.
- Elle est trop drôle ta blague, soupira t elle en essuyant une larme au coin de son œil.
- Tu me crois ?À cet instant, Aris détailla une expression complexe sur le visage de la jeune fille : au milieu de cette euphorie feinte demeurait une fissure, quelque chose de brisé, dont il devinait que la raison était qu'elle venait de laisser partir son amie dans un endroit dangereux.
Mais ce n'était pas seulement cela, c'était aussi cette révélation, cette trahison : Janson, et ainsi, le WICKED, lui avaient menti.
- Qu'est ce qu'on fait ? s'inquiéta Joan, en se passant les mains sur le visage.
- Partir, il faut qu'on parte.
- Comment veux tu qu'on fasse ça ? Tu vois bien qu'on est deux contre tous ces gens ?
- On est pas seuls.Sur ces mots, le jeune garçon pivota et posa son regard sur les nouveaux que la jeune fille venait de quitter.
- Pourquoi eux ? s'interrogea t elle, les sourcils froncés.
- Je sais pas. J'ai l'impression que si je leur dis, eux me croiront. On va partir ensemble, tous, si on peut.Son amie approuva de la tête et le duo continua de manger, l'esprit ailleurs.
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LA TRAHISON [Minho] [Le Labyrinthe]
FanfictionComment se remettre de la trahison de l'être aimé ?