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Sans chercher à en savoir plus, sans douter un seul instant de sa promesse, Joan s'éloigna et rejoint Minho.

- Je savais pas que tu pouvais être aussi désagréable et agressif, déclara t elle en arrivant à sa hauteur.
- Je pensais que tu en avais souffert, quand on s'est rencontré.
- Un peu, mais pas tant que ça.
- Donc tu te plains pour rien, rétorqua Minho.

Elle secoua la tête et se passa la main sous sa frange, avec un rire.

- Non, tu es juste tout le temps insupportable. Il y a juste des jours où tu es en plus agressif.

Il ne répondit pas, un rictus moqueur figé sur le visage, et elle porta son regard sur lui, avant de caresser son dos.

- Ça va ? s'inquiéta t elle.
- Bien sûr. J'espère juste que Thomas va bien comme Jorge l'a dit. Je supporte pas les mensonges.

Elle continua de lui tapoter le dos chaleureusement, en souriant.

- Il n'a aucune raison de nous mentir.

Il lui lança un regard, et elle détourna les yeux, toujours impressionnée par ce quelque chose dans la manière dont il la regardait, comme si elle était une entité qui éveillait la passion chez lui.

- Je t'impressionne ? demanda t il, doucement, le ton de sa voix toujours trempé de cette ironie cinglante.
- Non, pourquoi ?

Elle pivota vers lui et constata qu'il avait un sourire victorieux, dont Joan ne parvenait pas à saisir la raison.

- J'ai comme l'impression que tu fuis mon regard.
- C'est que ta stupidité apparaît sur ton visage, ça me fait fuir, répliqua t elle avec un rictus.
- Tu es sûre ? Que c'est pour cette stupidité ?

Il la regarda, et la jeune fille sut que non seulement il ne la croyait pas, mais en plus, il savait pertinemment qu'il la troublait.

- Je ne vois pas ce qu'il pourrait y avoir de plus, signala t elle, avec un rire goguenard
- D'accord.

Le duo plongea dans le silence, et la jeune fille se tourna vers son ami.

- Tout va bien ? s'inquiéta t elle. Tu ne dis rien, pas de remarques inutiles ou énervantes ?
-  Il n'y a rien à dire de plus, comme tu le dis si bien.
- Bon sang. Ce que tu es agaçant.
- Ah, il y a donc quelque chose que tu veux ajouter ?

Joan espéra un instant que Minho se cogne l'orteil dans un coin de meuble, ou bien qu'il perde un mot qu'il avait sur la langue. Il l'énervait : comme si la jeune fille avait réellement besoin de dire le trouble qu'il faisait naître en elle.

- Non, rien. Et toi ?
- J'ai deux ou trois choses à te dire, mais ce n'est pas vraiment l'endroit.
- Comme quoi ?
- Tu es drôlement curieuse, répliqua t il.

Elle leva les yeux au ciel.

- Eh bah, tu sais quoi ? le provoqua t elle. Moi aussi j'ai quelque chose à te dire.
- C'est vrai ? la railla t il.
- À ton avis ? Je prendrais le risque de te mentir alors que tu n'aimes pas ça ?

Le souffle coupé, il la laissa passer. Depuis le premier jour, dans ce réfectoire, avec ce repas qui refroidissait devant ses yeux, il ne voyait que elle, elle et ses yeux noirs rieurs, ses cheveux blonds, ses sourires, qui lui étaient parfois adressés, et parfois non. Son charme le rendait enragé de ne pas l'avoir auprès de lui, mais elle semblait être si indifférente. Cela le rendait furieux, parce qu'il craignait que jamais elle ne remarque.

Mais voilà, maintenant, elle aussi le regardait avec cette envie de lui, ou du moins le croyait il. Le croyait il, ou l'espérait il. Il ne savait quel verbe correspondait le mieux à sa situation. Peut être qu'il faisait mal. Mais Minho n'était pas du genre à abandonner. Joan lui plaisait, et il était hors de question qu'il n'essaye pas, alors qu'il était si près du but.

Mais ce qui agaçait le plus Minho était cette impression qu'il ressentait des sentiments irraisonnés, et irraisonnable, comme si sa logique ne pouvait plus rien faire face aux torrents de joie qu'elle provoquait en lui. En la voyant, toute pensée concrète disparaissait de son esprit.

Il l'observa marcher, impressionné, mourant d'envie de l'enlacer.

- On en a pour combien de temps de marche ? demanda impatiemment Joan. J'en ai déjà marre.
- On y sera d'ici demain matin.

La jeune fille soupira.

- On est pas tous des sportifs, je vous signale, protesta t elle
- J'ai pourtant l'impression de t'avoir entendu dire plusieurs fois quand on était à l'entrepôt que tu étais la meilleure en course, appuya Aris, avec un rire.

Elle couvrit sa bouche de sa main, en éclatant de rire.

- Trop drôle, ta blague, Aris. Hilarante.

* * *

Lorsque le soleil se leva, le groupe marchait dans les rues de la ville.

- Je crois que j'ai jamais vu autant de gens rassembler dans un même endroit, admira Frypan.

Personne ne lui répondit, trop occupé à admirer les bâtiments à moitié détruits. Joan observait devant elle, fixant les personnes qu'elle croisait, et se demandait combien avaient perdu des êtres chers, combien le WICKED aurait pu en aider, avant de sombrer dans des principes inquiétants. Maintenant, elle voyait clair : ce n'était pas enfermer des adolescents comme des rats qui allait sauver l'humanité.

A cette idée, joyeuse, elle se tourna, se trouvant face à Minho, tout en continuant de marcher à reculons. Elle lui sourit sincèrement, puis revint dans sa position initiale, en accélérant pour rejoindre Frypan. Elle discuta vivement avec lui, avant que Jorge les arrête :

- On est arrivé.

Sur le chemin, dans le bâtiment, ils trouvèrent Thomas et Brenda, qu'ils tirèrent -tout deux drogués-, avant que Jorge les mène à l'étage où sa connaissance, Marcus, était.

Une fois arrivés là bas, Joan s'assit par terre contre un mur, tout en jouant avec un stylo qu'elle trouva par terre. Ses jambes la faisaient terriblement souffrir : la jeune fille avait besoin de souffler. Elle posa son regard sur Teresa et lui offrit un rictus amical, auquel son amie répondit.

Jorge s'occupait de Marcus, le ligotait sur sa chaise et commençait à lui poser des questions. Joan grimaçait en entendant l'homme frapper sa soit disant connaissance, mais n'en tenait pas compte : depuis son arrivée au Bloc, depuis ce temps, elle avait connu pire.

- Où est le Bras droit ? répéta Jorge pour la troisième fois.
- Dans les montagnes, au sud ouest.

Après cette information, Jorge demanda à Marcus sa voiture, appelée Bertha pour d'obscures raisons. Il lui donna ses clés, et le groupe redescendit pour trouver cette voiture.

LA TRAHISON [Minho] [Le Labyrinthe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant