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Elle dormait à point fermé lorsque le Berg atterrit au sol, et elle ne se réveilla que de longues heures après. Aussitôt, les yeux ouverts, la douleur se raviva et Joan pleura de longues minutes.

Puis, elle sortit de l'endroit où elle dormait, le Berg. Elle y avait été abandonnée comme d'un animal dont on ne voulait plus : l'époque où sa présence était appréciée lui semblait si loin.

La jeune fille marcha jusqu'à ce qui semblait être un feu de camp, et une fois près de lui, elle vit ses camarades tous plongés dans un profond sommeil. Elle les observa, songeuse, et décida de rallumer le feu, pour les réchauffer quand le moment du réveil arriverait. Une fois les flammes vivifiées par son intervention, Joan soupira, tournant son regard vers Minho, qui dormait encore. Pourrait on un jour la pardonner ? Si le WICKED n'avait jamais été appelé, Newt ne serait peut être jamais mort, Mary non plus et Teresa non plus. Avait elle tué ses amis ? Si c'était le cas, cela expliquait la partie en elle qui ne bougeait plus, qui s'était évaporé.

Pendant que ses amis ouvraient les yeux, la jeune fille regardait toujours le mouvement du feu qui l'ensorcelait. Dans l'air demeurait toujours cette impression de s'être perdu au cours de la soirée et les yeux gonflés de certains ne mentaient pas : de nombreuses larmes avaient coulé sans s'arrêter la veille.

Ils restèrent ainsi longtemps, bercés par le mouvement des feuilles non loin et par le soleil qui illuminait bientôt leur visage.

- On devrait préparer quelque chose, murmura Frypan.
- Je peux t'aider, se proposa immédiatement Joan, avant de se décomposer. Enfin, si tu veux.
- Bien sûr, répondit il avec chaleur.

Sans comprendre pourquoi, entendre quelqu'un qui n'était ni Teresa ni Newt lui répondre avec tant de gentillesse lui donna envie de pleurer. Le duo se leva, et commença à chercher parmi les vivres qu'avaient rassemblé Vince, supposa la fille. Joan alla chercher une grille et une casserole, puis Frypan débuta la préparation du repas. Alors que ce dernier cuisait, le jeune homme se tourna vers la blonde.

- Tu vas bien ? s'inquiéta t il
- Bien sûr.
- Sûr ? Même par rapport à Teresa ? Vous avez passé plus de six mois ensemble, ça a dû vous rapprocher.

Sans rien dire, la jeune fille posa les bols qu'elle avait dans les mains, et ses yeux s'humidifièrent.

- C'est de ma faute, j'aurais dû plus l'aider, avoua t elle.
- Mais qu'est ce que tu dis ? Tu n'as rien à voir là dedans.

Son ami la vit fondre en larmes et il s'approcha, puis l'enlaça.

- Je sais que ce n'est pas toi qui les as appelés, quand on était dans les montagnes, lui chuchota t il

Ses épaules s'allégèrent d'un poids, puisqu'il venait de prononcer les mots qu'elle ne pouvait pas dire. C'était Teresa qui les avait appelés, mais il était impossible pour la jeune fille de souiller sa mémoire, maintenant qu'elle n'était plus. Elle ne pouvait pas s'innocenter en accusant son amie pour monter dans l'estime de ses autres amis.

- Merci, murmura Joan, merci.

La douleur disparaissait enfin de son visage, et elle se recula, essuyant ses larmes.

La jeune fille ria un instant, gênée, avant de lui proposer de continuer à cuisiner, ce que Frypan accepta, avec un sourire.

Lorsqu'ils eurent fini, le duo amena peu à peu les doses.

- Donc, je ne sais toujours qui tu es, déclara Gally en direction de Joan.

Elle prit une grande respiration, mais n'eut pas le temps de répondre.

- Enfin, je ne savais pas. Minho m'a raconté.

La jeune fille se figea.

- Vous comptez vous en prendre à elle longtemps ? protesta Aris, qui portait un regard doux sur son amie. On ne connaît toujours pas sa version de l'histoire, alors ça me semble cruel de la malmener comme ça. Ce n'est pas elle la plus grande coupable, ceux qui ont fait le Labyrinthe sont morts. C'est tout ce qui compte.

- Merci, chuchota t elle. Je suis tellement désolée pour tout ce que j'ai fais, et tout ce que je n'ai pas fais. J'aurais vraiment aimé que tout cela ne se termine pas comme ça.

Elle prononça ces deux derniers mots, hésitante. La jeune fille n'eut aucune réaction, en premier abord, mais rajouta.

- Je garderai le silence aussi longtemps que vous le voudrez. Je resterai discrète, pour que vous oubliiez votre haine.

Sans un mot, l'adolescente attrapa son repas, et s'éloigna, sans un sourire. Elle se punissait, comme elle l'avait toujours voulu. Si elle dérangeait, alors elle se ferait petite, à un point même qu'elle même oublierait sa propre existence.

Elle fit de nombreux pas, pour tenter de trouver un endroit calme, où à nouveau elle s'effondra. Joan ne savait pas mesure cette peine, mais elle lui démolissait le cœur. Elle avait besoin de l'amour de Minho, pour s'en remettre, mais il ne l'aimait plus. La réalité, aussi cruelle soit elle, s'affichait devant elle, blessant sa vue.

Joan passa de longues heures ici, avant de se décider.

Ses pieds la menèrent aux différentes affaires éparpillées partout, et ses doigts attrapèrent sans réflexion un carnet, dont elle arracha deux pages, et un stylo. Elle retourna à endroit de paix, face à la mer, puis commença à rédiger les pensées qui l'envahissaient.

Teresa m'avait promit de ne pas mourir. On avait dit qu'on deviendrait vieilles, qu'on trouverait l'amour (l'avais-je déjà trouvé ?) et qu'on aurait pleins de petits enfants. Je me retrouve vraiment seule, maintenant, après avoir perdu tous mes autres amis par ma propre faute. Maintenant, avec le recul, je me dis que sa promesse n'avait aucune valeur. J'ai comme l'impression qu'elle a toujours su que, si un jour, elle devait se sacrifier pour sauver Thomas, ou n'importe quelle personne qu'elle aimait, elle le ferait. C'était sa manière de se punir, je pense, comme la mienne est de me taire. Peut être que j'aurais dû l'aimer plus, pour pouvoir l'empêcher de faire ça.
J'ai fais de mon mieux pour l'aimer aussi fort que je le pouvais et pour la soutenir, pour lui rendre ce qu'elle me donnait. Elle m'a sauvé la vie, ou peut être qu'elle m'a condamné à souffrir ainsi.
La question que je me pose est la suivante : si Teresa n'a pas tenu sa promesse de rester en vie, pourquoi devrais je la tenir ? Pourquoi mon cœur devrait il continuer de battre alors que le sien s'est arrêté ?
Je veux dire : je ne mérite pas de vivre. A cause de moi, Newt est mort. Je l'ai poussé à chercher Minho, sans même le savoir, et il s'est fait mordre. Il est devenu un Fondu par ma faute. J'ai honte de moi. J'ai blessé mes amis, alors je comprend leur haine. Moi aussi, je me déteste. Mais la mauvaise nouvelle est qu'ils auront beau me haïr, et faire en sorte que je m'en veuille, ils n'arriveront jamais à mon niveau de détestation et de dégoût. Comment pourrais je prétendre tolérer mes actes ? Si on me faisait cela, je ne le pardonnerai jamais.
Et Minho...Minho, c'est...Je l'ai mené à des horreurs pareilles et je prétends pouvoir me racheter en essayant d'alléger sa douleur. Je ne pourrais même pas oser le regarder dans les yeux. Il est traumatisé à cause de moi, de Paige et du WICKED.

La jeune fille écrivit longtemps, et ce fut la nuit qui l'arrêta.

LA TRAHISON [Minho] [Le Labyrinthe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant