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Trois ans passèrent et dans le Bloc vivait désormais trente deux filles : durant ces quelques années, deux filles, Jane et Emilie, avaient été piquées par les Griffeurs alors qu'elles étaient coureuses. Le groupe avait prit la décision de les bannir pour se protéger, choix douloureux mais qui était nécessaire.

Sans vraiment le vouloir, Joan était devenue le modèle et elle motivait. C'était la fille qui faisait rire tous ses amis, et c'était la meilleure soigneuse. Quand elle n'était pas occupée, la jeune fille allait voir Dorothy, qui travaillait seule au cuisine, et Joan l'aidait. Travailler ensemble était toujours signe d'un bon moment à venir. Dorothy était la Blocarde dont elle demeurait le plus proche : leur connexion était grande, mais de manière générale, Joan était appréciée de toutes. Si Hariet paraissait être un chef plus strict, soutenue par Sonya, Joan, elle, détendait l'atmosphère.

Alors que la jeune fille ne considérait plus aucune arrivée comme extraordinaire, mais ce jour ci, la Boîte sonnait, comme tous les mois, et Joan comptait sur ses doigts, essayant de trouver qui serait la nouvelle Blocarde. Mais, surprise, elle lâcha ses pansements et se couvrit la bouche : ce mois ci, ce ne serait pas la Bleue, mais le Bleu. Le départ arrivait bientôt, Joan le savait pertinemment. Elle ne chercha pas à camoufler sa joie, alors elle continua de fredonner une douce mélodie, avant de subitement arrêter. Parfois, elle oubliait qu'elle était censée avoir oublier.

Bientôt face à la Boîte que Hariet ouvrait, toutes découvrirent un jeune garçon -Aris, se remémora Joan- endormi, encore.

- Quoi ? s'écria une d'une elle, Tina
- Un garçon ? répéta plus loin Camille
- De toute évidence, murmura Hariet l'air sombre. Joan, tu peux vérifier qu'il va loin ?

Elle hocha la tête et sauta dans la Boîte : la jeune fille prit sa température, une main sur le front du Bleu et l'autre en dessous en sa franche blonde.

- Température normale.

Elle glissa ses doigts dans son cou pour prendre son pouls et fit la même chose avec elle même.

- Rythme cardiaque normal. Il est juste endormi. Il faudrait quelqu'un pour le porter.
- Nicole, tu le fais ? ordonna Hariet

Aussitôt, la bâtisseuse qui avait été appelée s'y dirigea et le porta dans ses bras jusqu'à l'infirmerie, et ce dans broncher. Joan la remercia avec un sourire et lui promit son dessert comme récompense. Sans que leur cheffe ait eu besoin de demander quoi que ce soit, toutes les filles se mirent à porter une des caisses jusqu'au centre, où elles les déballèrent ensuite, pour se donner à chacun des groupes concernés les matériaux nécessaires. Joan avait porté une caisse de nourriture, elle s'empressa donc de la donner à Dorothy.

- Je reviens après pour t'aider, promis ! s'exclama Joan. Je dois m'occuper du Bleu.
- Je m'en doute, ne t'en fais pas. A tout à l'heure !
- Oui !

Avec regret, elle quitta son amie et s'empressa d'aller rejoindre Aris, toujours en train de dormir à poing fermé. Elle posa un linge mouillé d'eau chaude sur son front, l'examina rapidement et espéra qu'il irait bien. Bientôt, son assistante, Suzanne, vint et Joan la laissa, lui expliquant qu'elle avait promit à Dorothy d'aller l'aider.

La jeune fille retourna alors auprès de son amie et la retrouva en plein rangement.

- Déjà là ? Je pensais que tu en aurais pour une éternité !
- Je te dérange, peut être ?
- Bien sûr que non, aide moi au lieu de brasser de l'air !

Joan éclata de rire et commença à l'aider, bien que parfois obligée de lui demander où allait tel produit.

- Tu te rappelles, la première fois qu'on a rangé tout ça ensemble ? demanda Dorothy
- Bien sûr. Si j'avais su que je serai prise en otage comme cela...,soupira faussement son amie.
- Tu aurais sans doute fui.
- J'aurai fui, c'est évident.
- Ahah, ria t elle. Ton patient se porte bien ?
- Je sais pas. Il dort, je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus. Je ne peux pas le réveiller comme ça.
- Tu ne penses pas qu'il est dans le coma ?
- C'est possible. Mais je t'avoue que cela reste le même souci.

Dorothy acquiesça, et les deux amies continuèrent de déballer les paquets de nourriture. Quand elles eurent fini, Joan demanda :

- Que mange t on ce soir ?
- Du riz.
- J'ai faim en avance.

Avant d'avoir eu le temps de répondre, Sonya apparut dans l'encadrement de la porte :

- Il est réveillé !

Réagissant au quart de route, Joan courra pour rejoindre l'infirmerie, où le Bleu était entouré de la plupart des filles, qui s'écartèrent pour laisser passer l'infirmière.

- Tu vas bien ? s'enquit la jeune fille, en s'agenouillant au lit du nouveau.
- Oui, je crois. On m'a posé cette question au moins dix fois, je pense.
- Normal, tu as joué à la Belle au bois dormant, ria doucement Joan.
- C'est quoi ?
- Une histoire. Qu'importe.

Joan fit un geste aux filles pour leur faire comprendre qu'elles devaient partir.

- On t'a dit où est ce que tu étais ? s'interrogea la jeune fille.
- Oui, on m'a raconté. Apparemment, je suis le seul garçon.
- En effet. Si tu te souviens pas de prénom, c'est...
- Aris. Je suis Aris.
- Oh, tu as été rapide. Bien, enchantée, Aris.
- Enchanté aussi...?
- Joan. On te fera visiter bientôt.
- D'accord. Je me sens mieux, je peux partir ?

Joan soupira : 

- Si j'étais une bonne infirmière, je te dirais que non parce que j'aime bien savoir ce qu'ont mes patients. Mais il s'avère que je ne le suis pas. Alors fuis, profite de ta liberté.

Aris pouffa :

- Si je n'avais pas le Bloc à visiter je serais resté, tu sais.
- On le dit tout le temps ça.

Le jeune garçon s'en alla alors, et Joan s'occupa de ranger la pièce. Elle soupira et s'offrît le plaisir de respirer quelques secondes.

Mais elle n'eut pas vraiment le temps de réaliser réellement, parce que la minute d'après, elle entendit des cris. Joan sortit de la pièce et accourra près du groupe qui se formait.

- Qu'est ce qu'il se passe ? s'écria t elle, en arrivant.
- On a trouvé une sortie ! répondit une des coureuses

Un grand silence accueillit cette nouvelle des plus surprenantes et Joan eut un grand sourire.

- On y va ? s'exclama t elle.
- Les portes viennent de fermer, et il faut qu'on prépare tout, avant. Je pense qu'on partira d'ici après demain.
- Après demain ? répéta Joan, plus qu'éberluée
- On a une date, c'est déjà ça, positiva Sonya.

Joan hocha la tête, le cœur rempli de joie. Puis, bientôt, d'autres filles l'entourèrent et elles se mirent à parler, rejointes ensuite par Aris.

- Tu penses qu'il y a quoi dehors ? demanda ce dernier.
- Je sais pas du tout, répondit Joan, les yeux rivés vers l'horizon.

Mais elle connaissait, elle, les déserts infinis qui les attendaient dehors, les malades qui les pourchasseraient s'ils vivaient dehors, et les rebelles qui ne voulaient pas des actes du WICKED.

- J'ai hâte de voir, murmura Dorothy. J'espère que nos parents sont heureux.
- J'en suis sûre, mentit elle.

LA TRAHISON [Minho] [Le Labyrinthe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant