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- Viens, s'exprima une voix derrière elle, une fois que les environs furent sombres.

C'était Aris.

La blonde se leva, et attrapa la main qu'il lui tendait.

- Thomas s'est réveillé, et on va faire une fête. Reste pas là toute seule.

Joan hocha la tête, et son ami l'arrêta.

- Je ne t'en veux pas, tu sais. Tu m'as manqué pendant tout ce temps.

Elle lui fit don d'un sourire, puis le jeune garçon la serra dans ses bras.

Ensemble, les deux amis marchèrent pour rejoindre leurs autres camarades. Aris laissa pour quelques secondes la blonde, qui retrouva alors Frypan.

- Tout va bien ? s'enquit Poêle a frire

Joan hocha la tête, et il soupira.

- Tu peux me parler à moi.

Elle l'examina, et hocha finalement la tête.

- D'accord.
- Tu sais, ils vont finir par passer à autre chose.

La blonde haussa les épaules, et s'assit près de lui.

- Je peux pas leur demander ça. Ni même de comprendre, ou encore moins de pardonner. Je veux dire : je vous ai trahi.
- Laisse leur le temps, répondit il en lui montrant un verre d'alcool, qu'elle refusa.
- Non, ça ira. J'ai pas envie de boire.
- Pourquoi ?
- Et si je perd le contrôle ? Et si je dis tout ce que j'ai sur le coeur ?

Sa voix faiblit, et elle eut un léger sourire.

- Et si j'embrasse Minho ?
- Ce serait vraiment un souci ? sourit Frypan, avec un air complice.
- Mon Dieu, oui, personne...

Elle s'arrêta de parler alors en voyant Gally arriver auprès d'eux, mais lui ne l'avait pas vu, pas encore.

- Hé, Frypan, l'apostropha t elle, avant de poser ses yeux sur la jeune fille. Oh, tu es avec la traîtresse.
- Mec, tempéra Frypan en faisait une moue désolée à son amie.
- Non, il a raison. Je vous ai trahi, je suis la cause de la mort de Newt, alors c'est mon titre. On s'est jamais présenté : Joan.

Gally eut un air suspicieux mais accepta la main tendue de la jeune fille. Puis, il se détourna d'elle et demanda une boisson à Frypan, qui lui donna.

L'ennui gagna bientôt Joan et elle retourna donc se coucher, dans son endroit. Lorsqu'elle se réveilla le lendemain matin, la jeune fille constata qu'un bol rempli d'une quelconque nourriture l'attendait. Elle fronça les sourcils, puis en mangea, découvrant que le plat avait un goût plutôt agréable.

La blonde ne savait pas qui lui avait laissé son petit déjeuner, mais elle le remercia, puisque ce fut son seul repas de toute la journée. Elle passa celle ci à dormir, à pleurer et à continuer d'écrire sa lettre. La jeune fille se sentait immensément seule.

Joan observa le coucher du soleil en ne trouvant aucune beauté dans cet événement. Son corps était fatigué, et elle ne voulait que dormir, et pour longtemps. La nuit tomba, et elle ressentit le besoin de marcher : elle se redressa pour se mettre en chemin. Tandis que les vagues mouvaient devant des yeux, son corps était physiquement attiré par celles ci. La jeune fille ne se souvenait pas de s'être baignée une seule fois dans sa vie, ici, mais à bien y penser, Joan n'était pas sûre qu'elle souhaitait nager. Non, en réfléchissant, elle comprit qu'elle ne voulait pas passer un bon moment, elle désirait amplement se noyer. Perdre son souffle, et ne jamais le retrouver.

Joan essuya une larme qui dévalait sa face, avant de sourire, en continuant d'avancer. Mais les vagues ne la submergeaient pas, à son grand regret, alors qu'elle les suppliait à voix basse, parce qu'elle n'allait pas assez loin  pour perdre pied. La jeune fille soupira et se recula.

Demain, elle recommencerait. Et elle réussirait.

* * *

Pour mener à bien son plan, Joan décida que se noyer n'était pas suffisant, elle devrait abréger ses souffrances avec une lame, laisser alors son sang entrer en contact avec l'eau salée qui l'écorcherait. Mais pour cela, il fallait déjà trouver la lame en question, ce qui n'était pas tâche aisée.

Pourtant, elle y parvint l'après midi même -l'objet de sa quête était avec les outils de cuisine de Frypan- et avec joie, elle aiguisa le couteau, vérifiant qu'il la tuerait correctement. Joan choisit qu'elle mourrait ce soir, alors que seules les étoiles veilleraient sur elle, et qu'elles seraient les uniques témoins de son geste. Elle ne voulait personne pour l'arrêter.

Alors, les heures défilèrent et la jeune fille n'attendait que l'obscurité, alors, lorsque celle ci vint, Joan souriait. La blonde commençait à marcher pour trouver la bonne profondeur dans l'eau, le couteau caressant sa peau comme un serpent froid qui préparerait sa victime.

- Hé ! cria une voix derrière elle, dont la tonalité fit battre son cœur. Qu'est ce que tu fais, bon sang ?

Joan se tourna, découvrant Minho, qui l'observait, une expression indéchiffrable sur le visage, mais que la jeune fille considéra comme de la peur. Il était désormais si proche d'elle, que cela lui faisait perdre tout bon sens.

- Je..., murmura t elle, lâchant le couteau de surprise. Attention !

Elle le fit se reculer, les yeux rivés à l'endroit où la lame devait se trouver.

- Tu vas te blesser, prévint elle.
- Quand est ce que tu comptes arrêter de t'occuper de moi ? s'agaça la jeune homme, ne la lâchant pas du regard.

Joan ne sut d'abord pas quoi dire, puisque directement, elle savait que la seule réponse était "jamais".

- Bon sang ! jura Minho à nouveau. Mais qu'est ce que tu faisais ?
- Je lavais ma lame, mentit elle.
- Ne me mens pas. Arrête de mentir !

La blonde le regarda, tremblante, et se mit à pleurer, réalisant que depuis tout ce temps, Minho ne voulait que son honnêteté. Il laissa ses yeux parcourir les larmes qui dévalaient piteusement ses joues, puis l'approcha de lui. Ses bras la retenaient contre lui, la protégeant de tout ce mal qu'elle voulait se faire. Joan respirait plus clairement près de lui, comme si tout ce qui l'empoisonnait disparaissait, mais la jeune fille ne s'arrêta pas de pleurer pour autant. Sans un mot, Minho laissa sa peine partir lui aussi, en des millions de pleurs en ricochet qui ne s'arrêtaient. En l'entendant sangloter, Joan serra son étreinte encore davantage.

Ainsi, sous l'astre nocturne, ces deux êtres ne faisaient qu'un, plus qu'une personne pleurant de peine, sans trop savoir pourquoi : est ce la peur d'avoir failli se perdre ? D'avoir déjà perdu ? L'amour ? Même eux ne le savaient pas.

LA TRAHISON [Minho] [Le Labyrinthe]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant