Le baiser de la dame

Prologue

La femme me désigna un fauteuil devant moi, mon regard se posa dessus. D'un coup de main je tirai la chaise pour pouvoir m'assoir.

Une fois installée, je regardai la femme qui croisait les jambes tout en me regardant dans le blanc des yeux.

- Bien. Ici, aucun jugement. Tout ce qui est dit ici restera ici, répétez après moi.

Commença calmement la psychologue. Je posai alors mes mains sur mes genoux, et je me lançai sans la lâcher du regard.

- Ici, aucun jugement. Tout ce qui est dit ici restera ici.

Répétais-je d'un ton neutre. La femme en face de moi me sourit.

- Votre prénom ?

Commença-t-elle.

- Elia.

- Nom ?

- Glam.

Continuais-je en fixant désormais sa main écrire quelque chose.

- Votre âge mademoiselle Glam ?

- Dix sept ans.

- Avec qui vivez vous ?

- Ma petite soeur, Émilie,  deux ans. Je m'occupe d'elle.

-Votre parcours ? Métier actuel ?

- Je passe mon bac cette année.

Apres cette remarque, un blanc de quelques secondes s'installa.

- Que pensez vous de la vie ?

- Qu'elle n'est pas utile.

Fis-je d'un air vide, sans aucune ambition ressentie dans le fond de ma voix.

- Qu'est ce qui est donc utile au final, mademoiselle Glam?

Demanda-t-elle, le regard curieux de ma réponse.

J'ai toujours remarqué qu'elle avait une façon de regarder assez étrange, comme si elle pénétrait dans mon âme.

C'est malaisant.

- Les choses auxquelles on donne du sens.

- Alors pourquoi  vous restez en vie ?

- Parce que je donne du sens a ma vie.

Répondais-je, sans pouvoir me détacher de ses yeux hypnotisants.

- D'après vous comment faut il vivre ?

- Comme on le sent.

- Que pensez vous de la mort ?

S'exclama-t-elle, un sourire en coin.

-  Qu'on la surestime.

- Pourtant elle gagne à chaque fois.

- Ce n'est pas pour autant qu'on ne l'affronte pas chaque jour.

Elle me regarda quelques secondes, puis prit une gorgée de sa tasse de café.

- Et que comptez vous faire de votre vie ?

Continua-t-elle en me regardant.

- La vivre.

- Pourquoi êtes vous ici Elia ?

- Pour donner du sens a ma vie.

Fis-je en avalant ma salive.

-Vous vous contredisez la.

- Justement.

Chuchotais-je dans un soupir, avant de passer une main sur mon visage.

J'ai mal à la tête.

- Décrivez vous en trois mots.

Continua la femme, en reprenant son air calme.

- Joie de vivre.

- Pourtant, vous ne la respirez pas..

- Autre raison pour laquelle je suis là.

Ajoutais-je directement après sa réplique énoncée.

- Vous êtes jeunes mais vous paraissez vide d'âme, il y a-t-il une raison ?

Demanda-t-elle en remarquant mon vide intérieur.

- C'est assez indiscret.

- Rien n'est indiscret ici.

Confirma la jeune psychologue en remontant ses lunettes sur sa tête.

- Je suis malade.

- Gravement ?

- Oui.

- Pouvez-vous rentrer dans les détails ?

Demanda-t-elle en commençant de plus en plus à s'intéresser à la discussion.

Moi aussi, je transperce son âme.

- J'ai la rare maladie de Tchoskolvak. C'est une maladie génétique, qui attaque le système immunitaire. Cela empêche mes cellules de se régénérer facilement, et empêche mon système immunitaire de combattre les bactéries.

- Vous avez un traitement ?

- Oui

- Est-il efficace ?

- Non.

M'écriais-je simplement, en plongeant mon regard dans celui de la psychologue.

- Quand l'avez vous su ?

- Hier.

- Elle est mortelle ?

Demanda-t-elle, le stylo levé, prête à écrire quelque chose.

- 6 ans, c'est l'estimation qu'ont les médecins.

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