Le baiser de la dame

Chapitre 41

- Je suis tombée amoureuse de toi, Ace.

Soufflais-je en sentant ma gorge se reserrer de plus en plus, comme un noeud impossible à dénouer. Il se redressa, en retirant sa cigarette de sa bouche par delà ses deux index. Ses yeux s'agrandirent légèrement, avant que son visage ne s'endurcisse lors de la contraction de sa mâchoire.

- Non, non. Non Elia, non.

Affirme-t-il sèchement, avant de me tourner le dos pour écraser sa cigarette sur le cendrier de la table basse du salon.
Mais si, putain.

Mon souffle s'accéléra, mais pourtant la détermination était présente c'est ce qui me poussa à continuer.

- J'ai essayé de te le faire comprendre...Je pensais que...Enfin...

M'exclamais-je d'un ton hésitant, je bégayais en essayant de trouver mes mots. Pourtant j'avais l'impression qu'aucun ne pouvaient exprimer ce que je ressentais. Il se tourna de nouveau vers moi, me regardant quelques secondes.

- T'es complément tarée.

Déclara-t-il d'un petit rictus ironique.

- Et pourquoi ?

Répliquais-je automatiquement, les sourcils froncés.

Au fond je sais pas pourquoi je m'obstine, c'est juste plus fort que moi j'ai l'impression...

- Dégage.

Marmonna-t-il en passant une main sur son visage. Mon cœur battait encore plus vite dans ma poitrine.

- Je t'aime !

M'écriais-je par delà le noeud indéfrisable qui s'accrochait et croissait à l'intérieur de ma gorge.

- Tu ne peux pas m'aimer Elia, tu ne peux pas aimer l'homme que je suis ni celui que je serai.

Répondit-il sur un ton assez dur, je pouvais sentir dans ses yeux que sa patience était à son maximum.

- Pourquoi ? Tu te caches toujours dans l'homme que tu parais être quand on te confronte à propos de tes sentiments ! Tu te renfermes toujours, tu ne dis rien à personne, personne ne sait rien !

Fis-je en avançant d'un pas vers lui, mais cette fois ci c'est lui recula. Ce geste me stoppa soudainement, je lisais dans ses pupilles noires l'agitation qui se passait dans sa tête malgré son visage impassible.

- Quoi ?! Qu'est ce que tu veux savoir ? Que ma mère est morte sous les coups de mon père et que mon père est un putain d'enculé ? Que je n'ai jamais pu me sortir de l'emprise de la cigarette? Et que je vis une vie que je hais ?! C'est ça que tu veux savoir ? Je suis un abruti ! Un connard ! Une sous merde ! Tu ne peux pas aimer ça, pas toi, Elia.

Commença-t-il tout en haussant le ton après moi, mon expression faciale s'adoucît légèrement et mes sourcils se blessèrent.

Je savais tout ça, mais c'est comme si j'avais accès à un autre point de vu. Le fait que ça sorte de sa bouche me rajouta un pieux dans le cœur. C'est la première fois qu'il parle de lui.

- Non...C'est pas ça...

Bégayais-je en baissant la tête un instant.

- Oh non tu veux pas savoir ça putain, que mon père me faisait lécher le lait que je renversais sur le sol jusqu'à ce qu'à ça me brûle la langue.

Enchaîna-t-il en perdant peu à peu le contrôle de son impassibilité.

- Je..Je ne savais pas..