Le baiser de la dame

Chapitre 48

-Je préfère qu'on parle seuls à seuls dans un endroit plus intime.

Expliqua-t-il assez mal à l'aise, d'une voix basse tout en fuyant mon regard. Mon inquiétude ne faisait qu'augmenter et la pression était insoutenable, je devais savoir immédiatement.

- Émile, dis moi. Ici et maintenant.

M'exclamais-je sûre de moi, avant de poser ma brique de lait sur le comptoir d'une poigne tremblante.
Il mit un certain temps avant d'hocher la tête, tout en sortant les papiers de ses dossiers.

- Ce sont les résultats de la prise de sang de ta petite sœur. J'ai remarqué quelques chose de bizarre, tout était incohérent...Les chiffres n'étaient pas habituels. Alors, je les aies comparées aux tiens.

Fit-il tout en prenant une grande inspiration. J'avalai ardemment ma salive sous la pression, alors qu'une goutte de sueur froide vint longer ma tempe.

Je m'attendais au pire.

- Elle est atteinte du même syndrome que toi. Et en est au même stade. Voir, pire... J'en suis désolé.

Rajouta-t-il en tentant de garder la tête haute, malgré ses sourcils baissés.

J'écarquillai les yeux, avant de lâcher le contrôle de mes bras qui longèrent le long de mon corps.
Mon cœur loupa un battement, pendant que ma gorge se noua au point de faire flouer ma vision.

C'est comme si tout mon monde s'écroulait, et que mes piliers disparaissaient autour de moi ce qui m'empêchait de garder la raison.

C'est impossible, la chose la plus absurde que j'ai pu entendre...

- Quoi ?...Mais, non...Je ne comprends pas...Elle peut prendre un traitement ?! Elle peut en guérir.

M'écriais-je dans un dernier espoir, les mains tremblantes comme si je perdais peu à peu le contrôle de mon corps.

- Elia, tu sais autant que moi que cette maladie est incurable. Malheureusement elle est très rare, et peut se déclencher à n'importe quel âge. Dans ton cas, elle s'est déclarée à tes 17 ans mais on a pu le voir directement donc on a pu te donner un traitement. Ce qui repousse tes crises, et allonge ton espérance de vie. Dans le cas de ta sœur, j'ai bien peur que cette maladie ne se soit réveillée il y a peu...Lui infliger ce traitement ne servirait à rien. Ca va seulement l'affaiblir comme il t'affaiblir toi. Elle est condamnée, seul un miracle pourrait la sauver. J'en suis désolée, sincèrement.

Expliqua-t-il en tentant de garder son calme, pendant que mon cœur se remit à tambouriner dans ma poitrine bien plus fort que d'habitude.

Je ne me sens pas bien, c'est horrible.

Je vais perdre tout ce qu'il me reste, ma petite sœur.

Émilie, mon rayon de bonheur. Il est impossible pour moi de la perdre, je ne prendrais pas le risque.

Je voulais pleurer, pourtant aucune larme ne sortaient de mon corps. C'est comme si j'étais figée, entrain de fixer le sol sans dire un mot.

- Elia va te reposer, tu dois être fatiguée et cette nouvelle a du t'épuiser...S'il te plaît, ne te faiblis pas.

Conseilla le médecin, avant de faire le tour du comptoir pour mettre une main sur mon épaule.

J'avais envie de lui crier que non, qu'on devait se battre et lutter jusqu'à l'épuisement, que je resterai éveillée chaque nuit pour trouver une solution à ce problème insoluble. Que je ne m'arrêtai jamais.