All Of The Scars

Chapitre 3

 Une faible lueur perturba le sommeil de la jeune femme, son corps totalement engourdi. Elle se souvenait avoir fait un rêve affreux. Ils étaient tous allés dans la forêt interdite en pleine nuit, et elle s'était faite attaquer par une créature qu'elle n'avait pas réussi à identifier, survivant à l'affrontement avec de sérieuses blessures. Aberaine soupira de soulagement, la chaleur de son lit ayant remplacé l'humidité du sol de la forêt. Elle se frotta légèrement les yeux, tentant de chasser le sommeil de ses membres, quand elle se figea. Son œil gauche était recouvert d'un bandage, et cette réalisation lui fit ouvrir subitement l'autre oeil, se redressant d'un coup.

Une légère douleur traversa son poitrail et elle se rendit compte qu'elle ne se trouvait pas dans son dortoir, mais sur un lit de l'infirmerie de Poudlard. Son œil valide sonda frénétiquement l'espace autour d'elle, les rayons du Soleil déclinant à travers les grandes fenêtres de la salle. Alors tout cela était arrivé ? Elle avait bel et bien été attaquée ?

La panique s'empara d'elle alors qu'elle portait les mains à son visage, un fourmillement traversant son bras gauche. Un second bandage recouvrait sa peau, le souvenir d'une mâchoire puissante agrippant sa chair avec voracité lui revenant à l'esprit. Ses doigts entrèrent en contact avec deux pansements qui protégeaient les parties inférieures et supérieures droites de ses lèvres, un léger goût de sang brûlant sa langue. Sa respiration s'accéléra, la colle du pansement qui barrait sa poitrine tirant sur sa peau. Elle croisa le regard de Mme Pomfresh, qui accourut vers elle avec un air rassurant.

- Tout va bien Miss Elias, vous êtes en sécurité. dit-elle doucement en posant ses mains sur les épaules de sa patiente.

- Qu'est-ce que... articula-t-elle difficilement.

- Hagrid vous a trouvé et vous a ramené... respirez doucement... ça va aller... lui répondit la nurse.

Aberaine se laissa faire, son dos retombant contre la tête de lit en métal froid. Des flashs de l'incident de la veille lui revenaient en masse, pareils à un ras de marée qui se déferlait dans son esprit.

- Je vais chercher le Professeur Dumbledore. Ne touchez pas à vos bandages durant mon absence.

Elle ne répondit pas, son regard perdu dans le vide alors que l'infirmière quittait la pièce pour aller quérir le directeur. Le choc l'ébranlait tant qu'elle avait l'impression qu'elle allait perdre connaissance, un violent tournis s'emparant de son crâne.

Aberaine avait été une proie, une poupée de chiffon entre les pattes de ce monstre. Son bras lui faisait de nouveau mal, comme si les dents de la bête transperçaient encore sa chair. Était-ce cela que ressentaient les animaux avant de se faire dévorer ? Une peur immense secouant leur poitrine... Une incapacité à agir... La froideur terrifiante de la mort approchant à pas de loup...

De sa vie elle n'avait jamais rien vécu d'aussi insupportable, mais ce n'était pas cela qui lui remuait l'estomac, une profonde nausée perturbant le cour de sa respiration. La triste vérité, c'est que ce sentiment d'impuissance qu'elle avait ressenti ne datait pas de peu. Toute sa vie, elle avait été une proie pour les autres, un objet sans valeur avec lequel on pouvait s'amuser, sans craindre de représailles. Ses yeux s'écarquillèrent devant la chose qu'elle était la seule à voir, son regard fixant les draps de son lit comme si la folie avait prit possession de son esprit.

Ils s'étaient enfuis... ils l'avaient laissés...

Son cœur fut transpercé par d'innombrables aiguilles, son sang remplissant ses poumons aussi rapidement que si l'on se servait une tasse de thé. Ce thé ci avait cependant un goût acre, métallique, amer... Elle se sentait trahie... abandonnée... bafouée... Tout ce temps, elle leur avait donné. Tout ce temps, ils avaient pris... sans retenue... sans se demander s'il restait suffisamment pour qu'elle survivre... Aberaine n'avait été, et n'était qu'une ombre qui les suivait.