A huis-clos

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Larkan est debout, au milieu des décombres de l'aciérie. La pluie bat son plein, les gouttes frappent le toit du bâtiment et font résonner un vacarme assourdissant à l'intérieur. Guéri de ses blessures, il s'apprête à achever son plan de vengeance sur Alpha. Passant le doigt sur la longue cicatrice qui parcourt son œil gauche, il inspire profondément et se met en marche vers la sortie du bâtiment.

- Ça sent un peu trop la rouille, par ici, dit soudain Kazan en élevant la voix. C'en est à boucher le nez.

De l'autre bout de l'aciérie, Kazan défit du regard Larkan, en lui montrant ses yeux bleus. Faola surgit devant l'entrée, prenant Larkan en sandwich. Pris au piège, il éclate de rire et regarde les deux tourner autour de lui, comme deux loups rodant autour de leur proie.

- Vous savez, dit-il en touchant sa cicatrice, c'est votre mère qui m'a laissé ce souvenir. Maya a toujours été une louve très forte, c'est elle qui faisait la force de votre père. C'était une vraie dominante, une force féroce. La preuve, c'est elle qui m'a capturé, après un rude combat. Je la respectait tellement, je l'admirait même. Mais elle m'a condamné à la pire des punitions : elle a demandé à Alpha de m'épargner, et de m'enfermer au lieu de me tuer !
- Elle vous a sauvé la vie ! lance Faolan. Elle a supplié mon père de vous épargner afin de vous donner une chance de vous repentir !
- Elle m'a condamné à un sort pire que la mort ! Elle m'a condamné à revivre toute ma vie cette humiliation d'avoir perdu lors de ma rébellion ! Elle a fait de moi un exemple pour tous les dissidents, et elle m'a laissé cette cicatrice comme un souvenir d'avoir perdu face à elle ! J'ai juré de m'échapper et de lui écorcher la peau avant de tuer son mari, mais j'avais déjà appris que son propre fils s'était chargé de m'en débarrasser...
- Si je suis là, répond Kazan, c'est moins pour écouter tes états d'âme sur tes blessures que pour que tu me dises ce que je veux savoir.
- Oui, bien sûr. Tu veux que je te révèle qui a tué Maya. Tu veux savoir qui est le Wendigo.

La rouille présente dans l'aciérie abandonnée empêche Larkan, resté trop longtemps à l'intérieur, de repérer Néo, Sisko et Maïka, cachés dans l'ombre. Mais Kazan peut sentir leur surprise, après qu'ils aient compris qu'est-ce qui le motivait à rencontrer Larkan. Même Faolan, devant lui, à l'air étonné.

- Dis-moi ce que tu sais du Wendigo.
- Le Wendigo... C'est avant tout une sorte de croque-mitaine pour les loups-garous. Un monstre qu'on utilise pour faire peur aux enfants. On raconte que c'était autrefois un loup, mais qu'il est revenu du royaume des morts pour faire des victimes parmi les vivants.
- Dis-moi des trucs que je sais pas déjà.
- J'y viens, petit louveteau. Sache que toute légende, toute histoire cache une part de vérité. Je crois que tu sais bien que chaque loup-garou développe à un moment de sa vie un pouvoir propre à lui. A-t-on avis, d'où viennent ces pouvoirs ?
- Du fond de notre cœur, selon la personnalité de chacun.
- Exactement ! Or le froid a une connotation très péjorative, synonyme de mort, ou encore de tristesse infinie. Une âme si vide qu'elle dégage une aura glaciale autour du porteur. A ton avis, quel type de loup peut avoir ce genre de pouvoir ?
- Un loup... aux yeux bleus...

Interrompant la conversation, Néo sort de l'ombre et attaque violemment Larkan. Privé de son pouvoir, il ne peut éviter le coup de griffe de Néo, qui lacère sa gorge violemment.

- Non, Néo ! Je n'ai pas terminé avec lui !

Mais Néo ne tiens pas compte des suppliques de Kazan. Comme prévu, l'attaque de Néo amorce celle de Faolan, qui attaque ses jambes, et Sisko, qui lui envoie une onde qui le propulse vers un mur.

- Je devais te donner le signal pour l'attaquer !
- Tu nous perdait du temps, à bavarder à propos de mythes !
- Il savait pour le Wendigo !
- Tout le monde sait pour le Wendigo ! Tout le monde sait ce que tu as raconté le jour de l'accident ! Tu vois pas qu'il se sert de toi ? Il te raconte n'importe quoi pour te manipuler !

WerewolvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant