Werewolves

Le loup maudit

Maïka ouvre ses yeux, éblouis par les puissants rayons de soleil qui traversent sa fenêtre. Elle repense encore aux événements de la veille. Toute la nuit, elle avait le visage de Kazan en souvenir. Ce n'était décidément plus celui qui s'occupait d'elle quand elle était petite. Elle se rappelait encore de la fois où elle avait eu, il y a près de cinq ans de cela, un accident. Elle traversait la route, et puis, sans crier gare, une voiture lui rentra dedans. Déboussolée, elle sentit cependant quelqu'un la rattraper et, en quelques minutes, elle se réveilla à l'hôpital. Elle lutta de toutes ses forces pour voir son sauveur, quand ses yeux croisèrent ceux d'un jeune garçon à l'air soucieux.

- Ne t'en fais pas, lui dit alors le jeune Kazan, avec un sourire rassurant en lui prenant la main. Tout va bien se passer. Je resterai avec toi jusqu'à ce que tu t'en remette.

Elle ne se souvenait plus de la suite des événements. Mais ce n'était pas important. Ce qui l'était, c'était celui qui l'avait sauvé. Ce garçon au visage si chaleureux, si protecteur. Mais ce n'était plus aujourd'hui le même garçon. Il était devenu sauvage, aigri, haineux. Elle avait vu ses yeux bleus. Dans la norme, lorsqu'un loup révèle ses yeux, ils sont jaunes. Mais elle avait aussi entendu parler des loups aux yeux bleus. Cette particularité était due à un traumatisme profond suite à une expérience horrible. D'après ce qu'on racontait, l'âme se retrouve alors "déchirée" par le trauma, et donnait au loup ces yeux bleus, acquérant aussi une puissance sensiblement supérieure aux loups standards, et un pouvoir unique. Mais une question lui trottait dans la tête : ses yeux bleus, les avait-il eu suite à la mort de sa mère ?
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Debout depuis l'aube, Kazan observe depuis l'intérieur de la maison délabrée les oiseaux qui font leur nid, d'un air nostalgique. Loupa, revenue de la ville, a rapporté de la nourriture "de mortels", comme Kazan les appelait.

- C'était vraiment pas la peine d'acheter tout ça, dit-il. Je peux encore chasser cette nuit.
- Et moi je veux manger autre chose que de la viande. On est pas que des loups tu sais, on est aussi un peu humain. Et les humains, ça mange des corn flakes, des hamburgers, ça boit des jus naturels, et aussi du vin quelques fois...
- C'est bon, c'est bon. Pas de chasse aujourd'hui alors ?
- Exactement ! Donc si tu veux te rendre utile, commence par m'aider à monter tout ça dans la cuisine en haut.

Sans broncher, il se saisit de la glacière posée sur la table, au grand dam de Loupa : sans pouvoir l'arrêter, elle crie d'horreur lorsque celui-ci entre en contact avec l'objet. Il ressent subitement la froideur de l'objet dans tout son corps. Ses poils s'hérissent, son visage est déformé par la surprise et un peu de peur, et il bondit de l'autre bout du salon.

- C'est... froid... grelotte-t-il, le corps tremblant comme une feuille.
- Ne t'inquiètes pas, mon louveteau, dit Loupa, affolée, qui fond sur lui une couverture dans les bras. Je me chargerais de monter tout ça moi-même, d'accord ?

Elle porte les courses et elle s'en va, laissant Kazan couché au sol, grelottant toujours sous la couette. Dans la cuisine, elle ne s'empêchait pas de pleurer. A cause d'elle, il avait dû revivre ce traumatisme. Lors de l'accident qui avait tué sa mère, on l'avait retrouvé, serré contre le corps gelé de sa mère, grelottant de peur. Il avait développé depuis ce jour une peur pathologique de tout ce qui était froid. Et au lieu d'avoir le soutien de sa meute, il s'était fait ostracisé, à a peine douze ans. Tout ça parce qu'il avait accusé le Wendigo d'avoir tué sa mère.
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Maïka avait enfin décidé de sortir de sa chambre. Elle faisait la vaisselle, c'était son tour. Elle et son frère avaient été accueilli par Alpha après la mort de leurs parents, de grands amis de la famille Wolf. Elle avait à peine dix ans lorsqu'elle y était venue pour la première fois, et ça faisait cinq ans qu'elle s'y sentait chez elle, autant qu'elle considérait les enfants d'Alpha comme ses propres frères. Luna, Nias, Faolan, et même Flora, la cadette de la famille. Peut-être même Kazan aussi.