Dans la tête de Kazan

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Kazan ouvre les yeux, au milieu d'une pièce dont il est le seul occupant. Éclairée par une ampoule à la luminosité chancelante, elle est vaste et circulaire, et présente trois portes où sont visibles les inscriptions D'où je viens, Où je suis et Où je vais.

- Tu es dans ton palais mental, dit Annakee, subitement apparue dans la pièce. C'est une représentation physique de ton subconscient, une matérialisation faite par ton propre esprit.
- C'est quoi, ça ? demande Kazan en désignant les portes.
- Des passages de ta vie, respectivement ton passé, ton présent, et ton futur, répond-t-elle en désignant tour à tour les portes D'où je viens, Où je suis et Où je vais. La première te confrontera à tes peurs et tes blessures du passé, et la seconde t'emmenera faire face à ton toi actuel.
- Et la dernière ?
- C'est la porte de sortie, qui te permettra de continuer à écrire ton histoire. Sans avoir résolu les énigmes des deux autres, tu ne pourras la franchir. Tu dois vaincre tes ténèbres pour avoir accès à la lumière.

Comprenant les paroles d'Annakee, Kazan se dirige machinalement vers la porte du passé. Il regarde l'inscription, gravée sur une plaquette de bronze, et décide d'y entrer.

Dans le gouffre informe et obscur, des voix s'élèvent dans le vide. Parmi elles, une attire l'attention de Kazan. C'est celle de Maya, sa mère. Le vide se lève alors, et il se retrouve dans un parc, alors que les feuilles mortes des arbres qui l'entourent sont soufflées par le vent. Il aperçoit Maya au loin, rêveuse, assise sur un banc avec un bébé endormi dans les bras. A côté d'elle se trouve Luna, jeune et frêle, une paire de lunettes aux yeux, feuilletant un énorme livre, probablement un de ses romans à l'eau de rose auxquels elle était accro à une époque. Nias, toute petite, est assise au sol, faisant craquer les feuilles mortes qui lui passent sous la main. Des voix d'enfants s'élèvent alors derrière lui, et il voit débarquer un tout petit Faolan en compagnie de lui-même, pas âgé de plus de six ans. Les deux garçons courent vers leur mère, qui les accueille avec un grand sourire aux lèvres.

- Maman, regarde ! s'écrie Kazan en lui tendant les mains. On a trouvé un escargot ! On peut le garder ?
- Bien sûr, mon chéri, répond-t-elle.
- Mais non, maman ! s'écrie Luna, regardant avec horreur la trouvaille de Kazan. C'est dégoûtant, visqueux, sale... Et puis comment tu fais pour l'arrêter comme ça !? Tu vas te choper des verrues dégoûtantes !
- Maman a dit oui, alors c'est oui, dit le jeune Kazan. On va lui construire une maison, et on lui trouvera plein de copains pour qu'ils s'amusent entre escargots ! Et peut-être même qu'il pourra se marier ?
- Maman, dit Faolan, c'est un monsieur ou une madame ?
- Bien, répond-t-elle, on dit un escargot, donc j'imagine que c'est un monsieur.
- Et c'est quoi du coup, la madame de l'escargot ?
- Ça doit être la limace.
- Mais n'importe quoi ! s'écrie une fois de plus Luna. C'est pas comme ça que ça marche !
- Toute façon, reprend le petit Kazan, vu que maman a dit que c'est un monsieur, on va l'appeler Oscar, Oscar l'escargot ! Viens, Faolan, on va lui trouver des copains !

Les deux petits s'en vont en courant, sous le regard de Kazan, que personne ne semble voir. Il fait le tour et revoit sa mère, qui se concentre sur la petite Flora, qui réclame son lait en pleurant, et Luna, qui se lamente sur le manque d'intelligence de ses petits frères. Soudain, Maya, un biberon à la main, lève les yeux et fixe Kazan en souriant. Ce dernier, confus, s'approche d'elle, qui semble effectivement le voir. Mais un vent glacial se lève alors et change le décor, laissant place à un paysage blanc et froid. Surpris par le changement de décor, Kazan s'effondre sous la neige, paralysé. Il lève la tête, et voit l'ombre effrayante du Wendigo devant lui, sa masse gigantesque et obscure faisant briller ses yeux bleus perçants.

Tu as peur ? Tu es effrayé ? Mais pourquoi ? De quoi as-tu peur ? Qu'est-ce qui t'effraie ?

Tremblotant de peur, Kazan ne répond pas. Maya fait alors son apparition, s'interposant entre la créature et lui. Elle se retourne vers Kazan, et lui lance un sourire, alors que le Wendigo tend son énorme bras pour la saisir par le cou. Puis, plus rien.

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