Captif

17 2 0
                                    

Faolan lâche un long soupir au fond de sa cellule. Ça faisait déjà assez longtemps que Luna et Alpha étaient venus pour négocier avec Bagha. Et, d'après un des gardes, plus que deux jours les sépare désormais de la Pleine Lune, selon l'ultimatum donné par l'alpha de l'Est. Jusqu'à ces deux jours, il devra souffrir de n'être qu'un vulgaire prisonnier de guerre. Depuis enfermé dans sa cage, il n'avait ni vu le soleil, ni ressenti le vent frais de l'hiver. Toute compagnie qu'il avait était celle des gardes, très ennuyeux et très condescendants. Mais il y avait aussi San.

Les quelques jours passés après le départ d'Alpha et Luna étaient certes longs et tortueux, mais la présence de San semblait apaiser son esprit et oublier qu'il était en captivité. Évidemment, elle était toujours aussi froide que le premier jour où ils s'étaient rencontrés, mais Faolan devinait déjà que ses paroles ne l'avaient pas laissée de marbre. Elle venait pour divers raisons, tels que "vérifier que le prisonnier ne cherche pas à s'échapper", ou encore "s'assurer que la sécurité était assez efficace". La meilleure en date était "de faire parler le prisonnier de guerre pour lui soutirer des informations". C'était tellement risible que c'en devenait gênant. Néanmoins, les courts instants qu'elle créait pour le voir avait pour effet d'apaiser son esprit au sujet de sa captivité, à tel point qu'il se laissa même croire qu'il n'y avait véritablement aucun mal à se trouver en prison.

Mais c'est à la veille que leur relation sembla s'approfondir réellement. A peu près à la même heure que d'habitude, elle vint, mais fit partir les gardes, sous prétexte d'un appel de Bagha. Elle s'assit ensuite au sol, le dos contre les barreaux de la cage. Faolan prit la même position et s'assit contre elle.

- Alors, c'est quoi cette fois ? dit-il ironiquement. Une fouille de corps ? Un déménagement ? Un massage gratuit réservé aux prisonniers ?
- Rien du tout, dit-elle sèchement. J'ai juste envie de rester seule. Et si tu pouvais la fermer, ça m'aiderait.

Ils restèrent un moment sans parler, avant que Faolan ne décide de briser le silence :

- Tu me fais penser à mon grand frère. Lui aussi garde ses problèmes pour lui et s'isole dans des endroits vides pour éviter les autres.
- Et j'imagine que tu dois lui casser les pieds autant qu'à moi ?
- Encore si j'arrive à le trouver. Il est tellement reclus qu'on dirait un loup solitaire au sein d'une meute.
- Attends... Ton grand frère, ce serait pas Kazan le loup maudit ? Celui qui a tué sa propre mère ?

Un long silence gênant s'installa, et Faolan sentit comme une odeur de culpabilité émaner d'elle.

- Tu m'étonne qu'avec une réputation pareille, il s'exile de lui-même de sa meute, dit-il tristement.
- Désolé, je voulais pas dire de conneries. J'imagine que malgré ça, vous êtes restés proches...
- Malheureusement non. Le pire, c'est que c'était mon meilleur ami avant. Et je l'ai abandonné à son sort. Il a dû subir la haine de sa meute, et même de sa propre famille, et je n'ai rien pu faire à part le regarder sombrer. Je suis le pire frère au monde...

Il replia ses jambes contre son visage, et laissa échapper une petite larme. Mais, sans même qu'elle n'eût fait un véritable geste, San semblait le consoler en lui partageant un peu de chaleur.

- Lorsque je l'ai retrouvé, je me suis fait une promesse. Que je ne l'abandonnerais plus jamais. Où qu'il aille, et quoiqu'il fasse, je le suivrais. Et je l'aiderais. Et pas seulement lui. Tous ceux qui ont besoin d'aide, besoin de quelqu'un. Je serais là pour eux, pour qu'ils ne se sentent plus jamais seuls.

San avait compris le message. Pourtant, beaucoup trop fière d'admettre qu'elle avait besoin de lui, elle se leva et se retira de la pièce, sans un mot. Mais Faolan ne se découragea pas. Il avait compris qu'il y avait eu évolution. Si vraiment les meutes du Nord et de l'Est devaient fusionner, San en serait peut-être plus affectée qu'elle ne le laisserait paraître. Il allait l'aider du mieux qu'il pourrait.
---
Faolan rouvre les yeux une deuxième fois. Il s'est endormi en pensant à San. Il n'a aucun moyen de savoir pendant combien il a dormi, mais une chose est claire, San n'est pas là. Les gardes non plus ne sont là. Il sent dans l'ai que le temps a clairement avancé, et San est en retard. Mais pourquoi ? Eux qui poussent tant à sécuriser la cellule de Faolan au cas où il tenterait de s'échapper, c'est étonnant de ne pas les voir à leur poste. Il était peut-être arrivé quelque chose ? Ce n'est pas net. Inquiet, il se concentre sur son odorat et essaie de repérer qui que ce soit. Rien. Craignant le pire, il se met à scruter les environs pour trouver une sortie. Pourquoi personne n'est là ? Pourquoi San est absente ? Il ne peut cacher son angoisse, et son corps s'alourdit au gré de la pression qui monte.

WerewolvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant