Werewolves

En cavale

Au fur et à mesure que le temps passait, Kazan compris qu'il ne pouvait rien faire pour regagner l'amour de son père. Il trouvait toujours des excuses pour l'éviter ou le mettre à l'écart, et était délibérément injuste avec lui. Une fois même, lorsque la petite Maïka, qui venait d'arriver chez eux, fit un accident, c'était lui quivse précipita vers elle, et qui l'emmena à l'hôpital. Ce n'était qu'une petite fille, ses pouvoirs de guérison n'était pas encore au point. Mais, encore une fois, Alpha ignora son geste. Et même lorsqu'il essaya de se révolter, son père lui lança ses paroles, tranchantes comme des rasoirs, qui firent vaciller la volonté du jeune loup qu'il était à l'époque :

- Si tu veux te comporter en héros, c'est trop tard. Il fallait commencer par sauver ta mère.

C'était la fois de trop. Sans demander son reste, il quitta l'hôpital et s'enfuit vers le Bosquet Sombre. C'était un lieu qu'on connaissait terrifiant, alors il n'y avait pas meilleur endroit où se cacher. S'il n'avait personne, alors il resterait seul.

Mais la réalité le rattrapa bien vite. Pour le coup, il était vraiment seul. Il avait à peine douze ans, et il s'était livré lui seul à la nature sauvage, pleine d'animaux féroces, sans un toit au-dessus de sa tête pour le protéger, sous le froid et la nuit, et sans nourriture. Des bruits en tout genre se faisaient entendre et lui donnaient la chair de poule. Les grillons qui semblaient partout à la fois, les grognements sourds de chiens sauvages, le craquement des brindilles le faisaient sursauter à tout bout de champs. Mais malgré ça, il continuait à avancer au cœur du Bosquet.

C'est là qu'il fut effrayé par un grognement plus strident que ceux qu'il entendait déjà. Apeuré, sans même regarder en arrière, il détala aussi vite qu'il pu. Il s'imaginait une bête féroce, un lion ou même un loup assoiffé de sang. Ou pire... le Wendigo... Les larmes ruisselaient déjà le long de son visage, et il criait à tue-tête à l'aide. Il se sentit alors agrippé par le col de son t-shirt et s'élever du sol. Une silhouette humanoïde le soulevait et se balançait avec lui d'arbres en arbres, avant d'atterrir plus loin. Kazan se retourna et aperçu le visage de Néo, le grand frère de la petite Maïka. Il le connaissait mal, mais il savait qu'il devait s'en méfier, parce que c'était un ami de Luna. Néanmoins, il avait toujours une allure sympathique et chaleureuse.

- Kazan, c'est ça ? dit-il calmement. Je t'ai vu courir vers la forêt, pourtant d'habitude les enfants ont l'habitude de courir dans le sens inverse.
- Je m'enfuis de chez moi, répond le jeune enfant.
- Tu sais, le mythe de Tarzan, c'est pas si vrai que ça. Tu devrais rentrer à la maison, en forêt il n'y a pas de bon chocolat chaud.
- En forêt, il n'y a pas de personnes qui te détestent à cause d'un accident.

Néo, qui connaissait bien l'histoire de la mort de Maya, comprit que le garçon traversait une épreuve trop lourde, même pour un adulte.

- Tu devrais pas traîner avec moi, dit Kazan, Luna risquerait de t'en vouloir.
- Luna ne me dicte pas ma vie.
- Elle le fait avec tous ses amis, c'est la fille de l'alpha.
- Toi aussi, tu es le fils d'Alpha.
- Plus depuis un certain temps.

La voix de Kazan n'était pas que triste, elle était désespérée. Il ne pouvait pas comprendre pourquoi tout le monde lui en voulait tant. Et honnêtement, même Néo ne comprenait pas vraiment comment on pouvait lui amputer une aussi lourde responsabilité.

- Tu penses que fuir est une solution ? demande l'aîné.
- Je ne fuis pas, je pars. Là où personne ne me dévisagera comme un meurtrier. J'irais loin, très loin. Je préfère rester tout seul, au moins j'aurais pas à attendre quelque chose de quoique ce soit.
- Et si ton père te cherche ?
- Il ne me cherchera pas. Personne ne le fera. Ils attendent tous que je parte.

Kazan était décidé à ne pas retourner dans l'enfer qui l'attendait en ville. Néo ne pouvait pas lui en vouloir. Mais lui-même n'était qu'un adolescent, il ne pouvait pas changer le cours des choses.