Werewolves

Néo

Kazan se lève, remis de la chute causé par l'attaque de Néo. Il voit Nias se lever elle aussi, et Alpha se diriger vers eux, Maïka dans ses bras. En panique, Kazan court à sa rencontre, légèrement titubant.

- Elle est juste sonnée, rassure Alpha. Elle a dû se cogner contre quelque chose et s'évanouir.

Il la dépose contre l'énorme structure de glace qui sépare désormais le Bosquet Sombre en deux. Nias, elle aussi un peu troublée, vient enfin vers eux.

- Où sont les autres ? demande-t-elle fébrilement.
- Sûrement de l'autre côté, répond Kazan. Entrain d'affronter Bagha. Probablement.
- On est donc les seuls ici ?
- Les seuls vivants, répond à son tour Alpha. Hélas, je suis tombé sur les cadavres de bon nombre de loups... dont Dag.

Un long silence s'installe, le temps pour les deux enfants de prendre conscience de la gravité de la situation. Mais il tourne court lorsque Kazan aperçoit au loin un Néo, mal en point et titubant. Celui-ci, vraisemblablement épuisé par sa propre manœuvre, voit les trois Wolf avancer vers lui, bien décidés à en finir dans l'instant. Il décide alors de leur faire face, la paume de main levée en leur direction.

- Je ne peux peut-être pas reprendre ma forme bestiale, dit-il, mais je peux toujours vous empaler de là où vous êtes.

Malgré la menace, ils continuent d'avancer. Grâce à son pouvoir de feu, Nias dégage une aura de chaleur autour d'eux, et grogne contre le revenant, neutralisant toute tentative de contre-attaque en son état.

- Regarde-toi, lui dit Alpha. Jamais je n'aurai cru te regarder avec autant de pitié. Tu es tombé bien bas, à rejoindre Alpha. Tout ça pour une... quoi ? Révolution ? Et maintenant, tu te retrouve de l'autre côté, alors que tu aurais pu rester du nôtre.

Loin de l'accabler, les paroles d'Alpha provoquent plutôt un fou rire chez le jeune Néo. Celui-ci, presque psychédélique, s'étend jusqu'à l'horizon, faisant fuir les oiseaux situés à plusieurs kilomètres d'eux. Il finit par s'arrêter au bout d'un moment, et se redresse dans l'intention de corriger son ex-mentor :

- Tu crois que je me suis allié à Bagha ? Que je suis de son côté ? Tu es encore plus naïf que je le pensais. Ce n'est qu'un instrument dont je me sers pour arriver à mes fins. Il n'est pas différent de toi, Alpha. Ce n'est qu'un simple agent du chaos, facile à manipuler tant qu'on lui laisse croire qu'il a le contrôle. Il ne se doute même pas une seule seconde qu'il agit selon mes propres prévisions. Je l'ai laissé croire qu'il m'avait trouvé, et qu'il me contrôlait. Qu'il était "mon alpha". Pathétique.
- Qu'est-ce qui a pu se passer pour que tu devienne un tel monstre ? demande Alpha. As-tu toujours été comme ça ? T'es-tu vraiment joué de nous pendant tout ce temps ?
- La monstruosité est relative, Alpha. Par exemple, de mon point de vue, c'est vous les monstres. Et ce n'est pas Kazan qui me dira le contraire. Ostraciser un petit garçon de douze ans et le pousser à l'exil, c'est vraiment monstrueux. Et là encore, ce n'est que la partie immergée de l'iceberg. Que serait-il advenu de moi si on avait découvert ma nature ? On m'aurait probablement mis à mort sans procès. Alors ne m'accuse pas d'être un monstre, je n'ai fait que survivre.
- Et en passant tu as sacrifié des innocents, dit Kazan. Tu as tué ma mère et tu m'as laissé porter le chapeau. Alors à mes yeux, tu es tout aussi un monstre qu'eux.
- Et pourtant tu te tiens du côté de ces monstres semblables à moi. Tu les aide, alors pourquoi ne pas m'aider moi aussi ? D'autant plus qu'en vérité, c'est pour toi que je fais ça, Kazan. Tu es ma principale motivation, la raison pour laquelle j'agis. Tu es le plus à même de me comprendre ici.
- Je ne t'ai jamais demandé de faire tout ça.
- Mais c'était nécessaire. J'ignore comment, mais tu sais ce qui s'est passé ce jour-là, quand je suis devenu cette chose. Quand je suis mort, avant de voir mes parents mourir à leur tour. Mais maintenant je vais te raconter ce qui s'est passé après, ce qui m'a poussé à devenir celui que je suis maintenant. Peut-être que tu comprendras mieux où je veux en venir.
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J'étais seul, à onze ans, avec Maïka à ma charge. On vivait de la petite fortune qu'on avait hérité de nos parents après leur mort. Avant qu'Alpha nous adopte pleinement, je me débrouillais pour m'occuper d'elle du mieux que je pouvais. Certes, je venais de perdre mes parents, ce qui me rendait limite apathique aux yeux des autres, mais personne ne pouvait imaginer ce que j'étais devenu après.