Au Nord

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Bagha se trouve sur le toit de la demeure des Wolf, les yeux rivés sur la ville, mais l'esprit ailleurs. San est couchée sur un canapé, endormie. Il repense alors à sa jeunesse passée à Golden East Valley. Il n'était qu'un loup au service du grand Brahms de l'Est. Mais il avait tout donné pour se faire remarquer, pour gravir les échelons pour devenir important, et se rapprocher du pouvoir. Bien sûr, il s'était fait des amis, et parmi eux, les parents de la petite San. Ils étaient si amis qu'il avait décidé de leur faire confiance et de leur confier ses plans concernant sa montée finale au pouvoir. Erreur : ils s'opposèrent à son projet, l'accusant de folie, mégalomanie, conspiration, avant de le menacer de le dénoncer auprès de Brahms. A ses yeux, ils l'avaient trahi. Et ce n'était pas acceptable, pas du tout. Impossible de laisser passer ça. Il les exécutèrent sans attendre, avant qu'ils ne puissent faire quoique ce soit, et fit disparaître ses traces. Il se créa même un faux alibi pour se laver de tout soupçon. Il prit San sous son aile : si ses parents l'avaient trahi, c'était à San de réparer le tort qu'ils lui avaient causé. A cause d'eux, de leur trahison, ses yeux avaient changé de couleur, son âme avait été brisée. Il fallait que quelqu'un paie. C'était tout naturel. C'était son devoir.

San, endormie, se réveille alors en sursaut. Mais elle n'ose bouger du canapé. Ressentant la colère de Bagha monter en flèche, elle comprend qu'il refait une crise. Ses accès de colère, où il divaguait et croyait avoir affaire à ses parents, où il leur parlait, leur expliquait à chaque fois la même chose, qu'ils avaient tort et lui raison. Et à chaque fois, ça finissait de la même manière. Elle le sent s'approcher d'elle, tremblant de colère, tandis qu'elle tremble de peur.

- Vous n'avez rien compris, dit-il, en plein délire. Je ne suis pas fou, non. Je ne suis pas fou. Je suis un visionnaire. Imaginez, les quatre meutes en une seule. On serait plus fort, plus fort ensemble. Et l'alpha encore plus. Ce serait une révolution ! L'apogée des Arcadiens de la Nouvelle Arcadie ! Ne voyez-vous pas, comme moi, que tout va changer pour le mieux !? NE LE VOYEZ-VOUS PAS !!

Il est déjà au niveau de San, qui espère de tout son cœur qu'il ne la remarquera pas. En vain, car celui-ci, même en ignorant qu'elle est éveillée, la soulève d'un seul bras, puis la jette violemment au sol. Malgré les cris de panique et les supplications de la petite fille, Bagha, les yeux virés au rouge et les griffes dehors, se jette sur elle.
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Ça faisait bientôt deux semaines que Kazan et les autres avaient prit la route pour Kensal Green Village. Sisko, lui, avait dû jouer le loup modèle pour qu'on ne le suspecte pas de la disparition des autres. Il allait à l'école normalement, depuis que la rentrée de Janvier a commencé, et ne manquait aucun cours. Il se pliait sans broncher aux exigences de ses parents. Il s'était enfermé dans une routine pour paraître le plus normal possible.

Mais la pression était énorme. C'était à lui de subir la pression de tout ce qui se passait en ville. Bagha avait prit le pouvoir : il constituait sa petite armée de par les trois villes, et rassemblait les meilleurs à New Moon City en vue de marcher vers le Sud. Il avait donné des consignes claires : sans pitié, une attaque éclair, puissante, écrasante, destructrice. Si ils n'avaient pas de contact avec cette meute, eux non plus ne devaient pas avoir de contact avec les trois autres. Alors s'il fallait frapper, il fallait le faire de façon à pouvoir faire, au plus, une "guerre de vingt-quatre heures". Grâce ( ou à cause ) de leurs parents, Balto et Sisko avaient rejoint cette armée. Pour Sisko, c'était pratique pour être le plus proche possible de Bagha. Mais tout de même, quelle plaie !
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Assis à la salle à manger, Sisko se délecte de son premier Samedi à la maison. Le programme de la classe était devenu plus ardu, et ce dès la première semaine. Il avait du mal à comprendre certaines choses. Ou peut-être était-ce simplement parce qu'il avait la tête ailleurs ? Depuis le départ des autres, il n'avait pas vraiment eu de nouvelles, grâce à Maïka avec qui il était resté en contact. Il savait qu'ils étaient arrivés à Kensal Green Village, et en retour, il leur avait prévenu pour l'armée de Bagha. Ils n'avaient pas le droit de plus communiquer, de peur de se faire prendre. Il se sentait terriblement seul, surtout que, depuis, il savait ce qu'était enfin avoir des amis, des gens avec qui traîner.

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