Chapitre 1

200 12 16
                                    

Fallon.

La souffrance, pourtant psychologique, peut vous atteindre complètement physiquement. On m'a brisé le cœur une fois, et ce soir bien qu'il soit en miettes, j'ai l'impression de l'avoir perdu une seconde fois. Pourtant, il est bel et bien là, toujours intact, il continue de battre dans ma cage thoracique, même si c'est douloureux, même si j'ai l'impression qu'on me l'a arraché.

Je leur en veux, mais je crois que je m'en veux surtout à moi, je n'ai pas su me protéger de ça. Pire encore, je viens de me comporter comme la dernière des égoïstes.

Les larmes roulent sur mes joues, le vent frais me gifle et me permet de me rendre compte que je suis toujours bel et bien en vie bien que j'aie l'impression qu'on m'a arraché mon organe vital.

Mes talons dans une main et les pans de ma robe dans l'autre, je cours loin de ce cauchemar loin de lui, et d'elle. Loin de ce merdier sans nom, mes pieds sont entaillés dans les branches qui jonchent le sol de cette forêt.

Il fait noir, je n'ai ni lumière ni téléphone. Je n'ai aucune idée d'où je vais, mais ça m'est égal. Je continue de courir laissant comme unique guide la lune qui ce soir est pleine et me permet de ne pas être dans un noir complet.

À la bonne heure, c'est très certainement le pire de mes anniversaires, comment ont-ils pu faire ça le soir de mon anniversaire !? Ou alors c'est moi qui sur-réagis après tout, tout le monde les félicite.

Et moi, j'ai fui comme une enfant, je leur ai laissé comprendre à quel point ça m'avait fait souffrir, à quel point je n'étais pas forte. Que je suis faible.

FAIBLE.

TROP SENSIBLE.

IMMATURE.

Je chute en trébuchant sur ce qui me paraît être une racine d'arbre, mais ma douleur interne est beaucoup plus forte que mon courage, alors je reste là, allongée sur le sol comme une pauvre fille, non, comme la pauvre fille que je suis.

Je ressasse sans cesse cette soirée catastrophique et ma réaction. Ils vont tous me détester.

🦋🦋🦋

Quelques heures au paravent.

Mes mains tremblent contre le volant de la voiture alors que je me gare devant ma maison d'enfance.

Papa voulait faire une petite fête pour mes vingt-deux ans, je n'ai pas pu refuser même si je savais pertinemment qu'aucun des invités ne serais de mes proches, puisque les seules personnes proches de moi sont ma grand-mère, mon père, ma meilleure amie - Alyssa - et puisqu'il est très souvent dans mon quotidien mon ex - Jared-.
- Tout vas bien Fall ?

Je me tourne vers elle avec mon plus beau faux sourire et regarde ma meilleure amie dans les yeux, elle est magnifique, ses cheveux blonds retombent en cascade sur ses épaules, faisant ressortir le magnifique bleu de sa robe qui s'accorde parfaitement avec ses yeux. Je suis totalement verte de jalousie, au moins, je m'accorderais peut-être avec ma robe...

J'aimerais arrêter de me comparer à elle, mais je n'y arrive pas... Tandis que ses cheveux ont la couleur de l'or, les miens sont blonds, mais ternes, ses yeux sont d'un bleu qu'on remarque à des kilomètres à la ronde alors que les miens sont fades, dépourvus de ce grain de malice.

Son corps est parfaitement mis en valeur peu importe ce qu'elle porte, alors qu'il m'a fallu huit essais consécutifs pour trouver ma robe de ce soir.

Je pourrais réaliser une liste de nos différences, à commencer par mes pieds-plats qui n'entrent pas dans ses magnifiques talons ouverts.

Fallon, fly awayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant