Chapitre 32

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- Que todos se calmen. Yo voy a explicar. commença Sebastián qui parlait généralement espagnol sous la pression.

- ¿ Explicar que ? ¿ Qué haces con ella ? Es una loca y tu lo sabes ! s'exclama Skander alors que Shan me rejoignit terrifiée.

- Comment tu parles de ma sœur salaud ? cracha Kaisen le regard noir.

Il souffla profondément comme pour se calmer.

- Awa t'as intérêt à dire la vérité à ton frère avant que je ne le fasse, et pas de la manière la plus pédagogique et douce qui soit.

- Oh ? Expliquer comment tu es entré en moi ? Comment tu as déchiré mon intimité sans aucune pitié ? Com...

- Tu n'as pas été violée. déclarais je avec un rire nerveux.

Le silence s'abattit avec une telle lourdeur que je sentis mes organes s'écraser dans ma cage thoracique.

- Je te demande pardon ? s'offusqua cette dernière. T'es qui au juste ?

- Elina pour une fois, ne t'en mêle pas. me conseilla Kaisen le regard froid.

- Ne lui parle pas. ordonna Sebastián avec mépris.

- Okay on respire. acheva Shan en faisant de grands gestes pour qu'on la remarque. Que tout le monde respire un grand coup.

Lorsque le silence se rétablit je me risquais à dire le fond de ma pensée.

- Pour rien au monde, je n'aurai dit ce que tu viens de dire. Pour rien au monde je n'aurai employé des mots aussi crus devant de parfaits inconnus. Que tu procèdes de cette manière devant Skander pour lui faire réaliser ses actes ignobles, est quelque chose qui se fait. Mais aucune victime n'aurait eu la force et la résilience de balancer tout ça devant des gens qu'elle ne connaît pas. Tu n'as pas été violée. Parler de son traumatisme de cette manière demande des années de recul et de travail sur soi. Tu n'as pas été violée je le sais.

Shan fronça les sourcils en me regardant.

- Tu t'appelles Elina c'est ça ? crépita Awa face à la lourdeur de mon propos.

J'acquiesçais, le regard profondément ancré en elle.

- Tu es psychologue ? Psychiatre ? Tu sais que nous n'avons pas tous la même résistance et le même comportement à un événement traumatique ?

- J'ai très bien mesuré mes mots et je sais parfaitement que ton comportement devrait être adopté par toute victime d'agression sexuelle. Or aucune victime n'a la force nécessaire pour réagir comme tu le fais. Parce que le processus est toujours plus ou moins le même. Tu ne peux pas être aussi loin de la vérité en te comportant de cette manière. Je le répète, tu n'as pas été violée.

Elle sourit narquoisement, ses joues remontaient et ses yeux affichaient une expression si mauvaise que j'en eus un haut-le-cœur.

- Tu as été violée ?

Je ne répondis pas.

- Ahhhh ! Alors c'est ça !

- Ferme la immédiatement ou je t'envoie à l'hosto. la menaça Sebastián en se mettant entre nous. Je suis venu te voir pour te parler en toute franchise et que tu m'éclaires sur la manière dont s'est déroulé ces événements. Tu la laisses en dehors de ça.

- Vous êtes ensemble ? s'étonna Awa avec la même expression mauvaise. Que feraient deux violés ensemble ?

Je vomis instantanément à cette phrase. Shan poussa un cri de stupeur et Skander se pencha instinctivement vers moi pour me tenir les cheveux et me caresser le dos. S'il m'était arrivé de penser cette phrase, je n'avais jamais entendu quelqu'un la dire pour nous. Ça m'avait fait plus de mal que ce que je croyais. J'avais l'impression qu'elle m'avait tiré une balle dans le cœur et que mon corps l'avait rejeté pour sa survie, bien qu'il en resterait à jamais des débris en moi. Voilà, l'aspect assassin des mots et des paroles sur les gens. Pour l'interlocuteur ce n'est qu'une vaste blague, quelque chose sans répercussion, pour l'autre c'est un séisme interne.

La liste de mes raisons de vivre (Et c'était mal parti !)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant