La Fiancée du Dieu de la Mort Tome 1

Chapitre 10 Le Deal

1912 Angleterre.

Natan n'était pas apparu depuis sa nuit d'anniversaire. Theon se disait qu'il avait beaucoup trop honte d'avoir agi ainsi envers elle. L'année suivante, le jour de son anniversaire, elle l'avait attendu. Puis l'année suivante, jusqu'à ce qu'elle perde espoir. Pourquoi espérait-elle le voir alors qu'elle ne l'aimait pas ? Elle ne l'aimait pas, n'est-ce pas ?

Quand vient la mort du couple Schmith, elle avait espéré qu'il viendrait les chercher et avait attendu une nuit entière sa venue. Il n'est jamais venu. Alors, elle s'était dite qu'il s'était décidé à la laisser tranquille. C'est ainsi qu'elle rencontra Harry, un Américain de 25 ans, lors d'une soirée de fin d'année en Angleterre. C'était un homme intelligent, rédacteur en chef d'une maison d'édition aux États-Unis. Ils avaient des lectures communes et discutaient pendant des heures de Zola et de Victor Hugo, ses auteurs préférés.

- Vous êtes une femme très intelligente Julia, vous avez l'air d'avoir vécu plusieurs vies. Lui avait-il dit lors d'un dîner.

- On peut dire cela, oui. Lui avait-elle répondu en repensant à ses 300 ans de vie.

- Que diriez-vous de venir avec moi aux États-Unis ? C'est un pays merveilleux et tellement riche !

- Oh, je ne sais pas Harry ! Je ne suis jamais allée aussi loin !

- J'ai la possibilité d'avoir deux billets pour le Titanic, qu'en dîtes-vous ?

- Le Titanic ? Le fameux navire insubmersible ? S'était moqué Theon.

- C'est l'occasion rêvée de monter sur l'un des plus grands paquebots de l'histoire ! Venez à New York avec moi, Julia !

- Je ne sais pas, j'ai un mauvais pressentiment.

- Vous avez le mal de mer ?

- Oh, non ! J'ai déjà voyagé à plusieurs reprise à bord d'un bateau. Mais, là, je ne sais pas, cela me semble...

- Impressionnant ?

Elle avait souri en buvant de reste de son verre de vin et lui, lui avait pris la main. Ce geste soudain l'avait surprise, car la dernière fois qu'un homme l'avait réellement touché, c'était Matteo.

- S'il vous plaît, Julia.

- Je suis d'accord. Allons-y !

Elle ne pensait pas que d'accepter un voyage au bord du Titanic aurait décidé Natan à montrer le bout de son nez, le soir avant son embarcation.

Quand il apparut, le cœur de Theon ne fit qu'un tour. Il était toujours aussi beau, ses cheveux étaient un peu plus courts et sa chemise noire avait fait place à un tee-shirt blanc. Son odeur, sentir son odeur lui faisait remonter un souvenir agréable et frustrant. Adossé contre la fenêtre de la chambre, les mains dans les poches, il la regardait comme si elle était une étrangère. Elle lui lança un regard froid en représailles.

- Que veux-tu ? Je dois me coucher tôt, j'embarque demain. Lui dit-elle, le ton acerbe.

- N'embarque pas sur ce bateau. Dit-il sur le même ton.

- Tu n'as pas à me dire ce que je dois faire.

- Pourtant, tu ne monteras pas à bord.

Elle se leva brusquement de sa chaise de bureau, fulminante. Il ne bougea pas d'un poil quand elle s'approcha de lui comme une furie.

- Tu en as du culot ! Soixante-quatre ans d'absence, sans nouvelle, sans rien ! Tu me fais des avances, tu me rappelles que je t'appartiens, que je suis faite pour toi ! On s'est vu combien de fois en 300 ans ?

- Je suis un dieu, j'ai des âmes à accompagner. Lui dit-il calmement.

- Alors ce n'était pas la peine de vouloir une humaine comme fiancée ! Tu m'as donné l'éternité, mais je suis seule ! Je ne peux pas me marier, car tu tueras n'importe quel homme capable de me rendre heureuse ! Je vois tous les gens que j'aime mourir et moi, je suis toujours là ! Je foule cette terre depuis 300 ans Natan ! Toi, tu étais où pendant tout ce temps ?

- Je suis aussi seul que toi ! S'exclama celui-ci. Depuis des milliers d'années, je suis seul à récolter des âmes, tu crois que 300 ans, c'est une torture Theon ? Ce n'est rien du tout !

- Alors pourquoi me faire subir ton sort si c'est aussi terrible que cela ?

- Parce qu'en t'épousant, je n'aurais plus été seul ! Tu t'obstines à me repousser !

Elle tressaillit. Le dieu de la Mort voulait l'épouser, car il se sentait seul. Elle eut soudain un sentiment de pitié envers lui.

- Parce que tu crois qu'en me laissant seule, je vais accepter d'être ta femme ?

- Oui.

- Et l'amour dans tout cela ?

- Beaucoup de couples se marient sans amour Theon.

- Plus maintenant, pas pour moi. Je n'ai été amoureuse qu'une seule fois dans ma vie, j'allais épouser cet homme. Dit-elle, la voix tremblante.

- Je ne connais pas ce sentiment, je ne suis même pas sûr de savoir ce que c'est. Dit-il en la fuyant du regard.

- Il te suffit juste de vivre sur Terre pour le comprendre.

- Si je reste avec toi, promets-moi de ne pas monter à bord de ce foutu bateau.

- Tu me proposes un marché ?

- Le Titanic va naviguer durant quatre jours avant de sombrer dans l'Atlantique. Il y aura plus de 1500 morts, impossibles à sauver. Ce monde va vivre des années de guerre et de souffrance. Des guerres à l'échelle mondiale. Je te demande de m'accorder 100 ans de ta vie, avec moi en Enfer.

- Pour cela, il faudrait que je devienne ta femme.

-Tu seras ma femme en Enfer durant cent ans. Si au bout de ces cent années, tu décides de partir, alors je te laisserais partir et te rendrais ta mortalité.

- Si j'accepte de devenir ta femme, tu devras m'accorder trois jours par semaine. Je sais que tu as beaucoup de travail, mais accorde-moi au moins cela, si tu veux nous donner une chance.

Il parut réfléchir un instant. Même plongé dans ses réflexions, il dégageait quelque chose de terriblement séduisant. Il se redresse et enlève l'une de ses mains de ses poches pour la lui tendre.

- Accordé, tu viens avec moi dès maintenant. Dit-il avec le plus grand sérieux du monde.

- Je dois prévenir Harry pour le Titanic.

- Il va perdre son billet au poker, ne t'en fait pas pour lui.

- Tu me le promets ?

- Je ne vois pas sa mort pour tout de suite alors oui, je te le promets. Soupire Natan, impatient.

Pas très rassurée, elle accepta pourtant sa main. Ses ombres les enveloppèrent.