1969
- Gabrielle, je vais déjeuner, tu viens avec moi ?
Theon lève les yeux de son livre. Sandra, sa collègue, attendait sa réponse au pas de la porte.
- Je ne peux pas laisser la boutique sans surveillance, le patron n'est pas revenu.
- Quel salopard celui-là! Je te ramène un sandwich ma belle, à tout à l'heure !
Theon lui fait un signe de la main. Quand sa collègue ferma la porte sans manquer de lui envoyer un baiser, Theon soupira bruyamment. Elle vivait en Floride depuis que Natan l'y avait envoyé il y a dix-neuf ans. Elle avait vécu recluse avec Bella qui faisait tout pour lui changer les idées. Elle avait attendu Natan en lui inventant des excuses à chaque fois qu'il ne venait pas. La guerre, les pandémies. Puis elle finit par le détester.
Il l'avait abandonnée. Bella, comme à son habitude, plaidait la cause de son frère. Elle disait qu'il y avait des soucis qu'il devait régler au plus vite. Theon pense qu'ils lui cachaient quelque chose de plus grave, jusqu'à imaginer qu'il avait une autre femme installée à sa place en enfer.
Et puis il y eut les années 60. Les femmes avaient le droit de travailler. Alors elle trouva un travail de libraire dans le centre-ville. Son patron était un jeune homme très sympathique qui ne s'était pas opposé à embaucher deux femmes dans sa nouvelle boutique. Elle adopta le prénom d'une ancienne amie qu'elle avait rencontré en Italie : Gabrielle Adams. Elle y avait rencontré Sandra, une jeune femme pétillante qui serait bientôt son échappatoire.
La cloche de la boutique sonna. Gabrielle pose son livre et lève les yeux vers le nouvel arrivant. C'était son patron, Bruno. Il était jeune, la trentaine, grand et mince. Ses yeux bleus étaient toujours lumineux, c'était un jeune homme souriant et absolument adorable.
- Gabrielle! Tu n'es pas allé déjeuner avec Sandra ? Lui demande-t-il.
- Non, je ne pouvais pas laisser la boutique. Lui répond Theon.
- Oh, je suis désolé. Et puis une petite heure de fermeture n'aurait pas fait de mal. Dit-il en se grattant la nuque.
Il faisait toujours ça quand il était nerveux. Parfois, il passait sa main dans ses cheveux blonds bouclés, ce geste qu'elle avait si souvent vu et qu'elle n'arrivait plus à tolérer.
- Tu peux venir déjeuner avec moi ? Enfin, si tu veux ! Je ne te force pas ! S'empresse-t-il de dire en riant bêtement.
- Allons-y alors.
- Tu acceptes ? Bien ! C'est cool.
Oui, vraiment adorable.
Ils sortirent manger un sandwich dans une cafétéria pas loin de la librairie. Il faisait assez frais pour un mois de décembre en Floride. Theon aimait beaucoup cette ville. Elle aimait son travail, ses amis. Mais dès qu'elle rentrait dans cette maison qui lui rappelait Natan, elle retombait dans ses idées noirs. Alors, elle s'était décidée à chercher un appartement.
- Où en sont tes recherches ? Lui demande Bruno.
- Je n'ai toujours pas trouvé, une femme seule qui cherche un appartement gêne encore les bailleurs.
- Tu sais, mon offre tient toujours !
- Je sais, mais je me suis promis de ne plus jamais dépendre de quelqu'un.
- Tu ne dépendras pas de moi ! Disons que je te loge à titre gratuit en échange de l'entretien de la librairie !
- Tu es prêt à trouver n'importe quelle excuse. S'esclaffe Theon.
- Je veux t'aider, et puis c'est un très bel appartement !
-Si je ne trouve rien, je ferais appel à toi. Lui promis Theon.
Quand elle rentra dans la grande maison de Natan, Bella l'attendait dans la cuisine, le regard accusateur.
- Tu es toujours là. Gronde Theon en balançant ses chaussures.
- Tu cherchais un appartement ? Depuis quant ? Tu es chez toi ici et en sécurité! S'emporte Bella.
- Ce n'est pas chez moi, je ne veux pas y rester. Rétorque Theon.
- Et puis c'est qui ce mec ? Il est dingue de toi !
- Ce mec, c'est Bruno mon patron. Et non, il est juste gentil et attentionné.
- Tu es marié Theon.
- Ah oui ? Et où est-il ? Il m'a abandonné, Bella ! Et qui me dit qu'il n'y a pas d'autres femmes ? S'exclame t'elle, furieuse.
- Theon...
- Va t'en. Je t'ai dit que je voulais rester seule, s'il te plaît.
- Je ne veux pas que tu croies qu'il t'a abandonné ma chérie. Il y a une bonne raison derrière tout ça.
- Laisse-moi, je suis fatiguée.
Bella disparaît. Le téléphone sonne.
- Allô ?
- Mademoiselle Adams? Demande une voix féminine au bout du fil.
- Oui, c'est moi.
- Je vous appelle au sujet de votre candidature pour un appartement. Je vous annonce qu'il est à vous !
- Oh, c'est... Merci !
- Il est à vous dès la fin de la semaine prochaine.
- C'est parfais.
§
- Whouah! Cet appartement est splendide ! J'ai la même paye que toi et je ne peux pas me payer ça toute seule !
Sandra donnait un coup de main à Theon pour déménager ses affaires. Tout ce qui lui appartenait était ses vêtements. Tout le reste était déjà là quand elle a emménagé dans la maison de Natan. Quant à son argent qu'elle avait accumulé depuis le décès de Livia, était bien au chaud dans une banque.
L'appartement était un deux-pièces. Elle avait un salon, une cuisine ouverte et une chambre. C'était un luxe pour une femme dans les années 60. Sandra l'aida à monter les derniers cartons en se plaignant des deux étages à monter.
- Tu vas dormir où ? Tu n'as aucun meuble ! Lui demande t'elle.
- Ils arrivent lundi.
- Alors tu dormiras chez moi ce soir ! Mais avant ! On fait la fête !
- Je ne sais pas Sandra.
- Non ! Cette fois, tu ne me dis pas non ! On va fêter ça et je veux que tu viennes avec moi boire un verre et danser !
Elle accepta, de toute façon elle n'avait nulle part où dormir tant qu'elle n'avait pas de lit.
- On va te mettre une tenue plus adaptée.
Elle l'emmena dans un club où la musique funk faisaient trembler les murs. Theon tirait sur le bas de sa robe trop courte et ses bottes montantes la tenaient chaud. Le club était plein, tout le monde dansait sur la piste. Il y avait une odeur d'herbe qui flottait dans l'air. C'était sa première soirée en club et pour la première fois, elle savait qu'elle allait s'amuser enfin après plusieurs années à broyer du noir.
Ce soir, tout allait changer.
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La Fiancée du Dieu de la Mort Tome 1
RomansaTheon est fiancée au Dieu de la Mort depuis sa naissance. Alors que sa mère meurt en couches, son père décide de prier les Dieux afin de les sauver toutes les deux. Seul le Dieu de la Mort répond à son appel. Mais rien n'est jamais simple avec la M...