Chapitre 8.2

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Pdv Vincent

Deux jours que je suis à la capitale belge. Ellie s'occupe de moi comme si j'étais un enfant. Je vous avoue que je la laisse faire, son aide me réconforte. Elle me propose souvent de sortir pendant ses temps libres, mais je refuse très souvent. Je n'en ai pas envie. Mes seules sorties me mènent au bureau de tabac, pour que je puisse fumer mon quota de cigarettes par jour. Je connais maintenant la route par cœur. Je bois aussi beaucoup de café. Entre six et huit tasses par jour. Et mes mains se mettent à trembler lorsque je n'en ai pas bu assez. Je suis sans doute devenu accro. Le plus important, c'est que je garde un rythme de sommeil stable grâce à Ellie. Je m'endors au alentour de minuit ou une heure du matin, pour me réveiller à huit heures. Tous les jours. Comme une routine.

Je sors à l'instant de la salle de bain, après une bonne douche, presque brûlante. J'ai enfilé un jogging et un t-shirt bien trop large. Je crois que le t-shirt avec le nom de notre groupe floqué est enfaite à Rémi. Peu importe, je ne sortirais pas aujourd'hui, et encore moins pour le croiser lui. Ellie souhait que nous partagions le repas du midi ensemble, avant qu'elle ne parte travailler. Elle a un emploi du temps flexible, et peut travailler de chez elle comme à son bureau. Elle a des réunions de prévu toute l'après-midi aujourd'hui, et ne revient pas avant 18h. Son patron pourrait la laisser partir plus tôt si elle le lui demandait, mais je lui ai répondu que ce n'était pas la peine. Elle n'a pas trop envie de me laisser seul ici, mais j'ai ajouté que je comptais écrire de toute façon, et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter pour moi. Après avoir traversé le couloir, je la rejoins donc dans la cuisine, et m'assois à la table. Ellie fait la conversation, tandis que je réponds brièvement par des simples mots, ou de légers sourires à son égard, avant de replonger mon regard dans mon assiette.

Ellie vient de sortir de l'appartement. Le silence de son appartement m'apaise. Je suis installé sur le canapé, la télé est éteinte. Myrtille est là, elle aussi. Elle est allongée à côté de moi. Je crois qu'elle dort. Les écouteurs dans mes oreilles m'enveloppent dans une bulle, éloignée de la réalité. J'écris dans les notes de mon téléphone. Chaque mots ou phrases qui me passent par la tête finissent à l'intérieur. J'ai soudainement une notification de Sylvain, qui prend gentiment de mes nouvelles. Je n'y réponds pas, et continue mon activité. Depuis que je suis parti avec Ellie, je lui envoie seulement des couplets et refrains terminés pour qu'il me donne son avis. À part ça, je ne réponds pas à ses messages, questions, ou tout le reste. Je les lis, sans prendre la peine de lui répondre. Je préfère le laisser en vue.

J'écris de plus en plus énervé, les sourcils froncés. J'enferme mes démons dans ce couplet. Je m'en veux. Pourquoi j'ai replongé ? Pourquoi j'ai été vers ce type ? Pourquoi j'ai repayé pour cette merde ? Pourquoi je suis addict à ça ? Ma vue est embuée par mes larmes qui remplissent peu à peu mes yeux. J'ai déçu Rémi. Je l'ai vu dans ses yeux. J'ai trahi sa confiance. Je lui avais promis de ne pas refumer. Et je l'ai refait. Je suis horrible. Je suis faible. Je m'arrête d'écrire, n'arrivant plus à me concentrer, ni aligner trois mots grâce aux touches de mon téléphone. Je l'éteins, retire mes écouteurs et les pose sur mes jambes. Mes bras de part et d'autre de mon corps sont lasses. Je regarde droit devant moi. Je ferme les yeux et quelques larmes s'y échappent. Je transforme ma tristesse en colère, mais parfois elle est bien trop forte pour être cachée entièrement. Rémi me manque. Il saurait quoi dire pour me calmer. Mais il n'est pas là. Je donnerais tout pour lui donner des explications, ou simplement lui parler. Et je ferais tout pour qu'il me pardonne, pour retourner dans ses bras et y rester à jamais. Sa présence, son regard, son rire, ses sourires, ses baisers, ses câlins. Absolument tout me manque chez lui. Oui, je suis accro. Accro à lui plutôt qu'à la drogue. La drogue n'est rien face à l'amour que Rémi m'apporte. Il n'y a rien de bon de replonger. J'ai perdu Rémi à cause de cela, il me déteste maintenant. Les larmes coulent abondamment sur mes joues. Rémi me déteste. Je m'effondre en larmes, et passe mes mains sur mon visage. Je me hais autant qu'il me hait. Et pourtant je l'aime. Et ça je n'en douterais jamais. Je l'aime comme jamais je n'ai aimé quelqu'un auparavant. C'est inexplicable. Je sais que c'est avec lui que je veux finir ma vie. Et putain, je viens de tout détruire.

La petite tête de Myrtille me donne brusquement un coup dans mon bras, puis elle se faufile entre pour monter sur mes cuisses. Je renifle plusieurs fois, et passe mes mains dans mes cheveux pour les plaquer en arrière, avant de lui faire quelques caresses.
J'échappe quelques sourires, tandis qu'elle joue avec mes mains. Elle les lèche ou les mordille, et me donne encore de légers coups de tête pour que je lui fasse des papouilles sur le crâne. Ma crise de larmes se calme doucement mais sûrement en m'occupant d'elle, malgré quelques sanglots qui refont parfois surface. J'essuie mes joues humides, lorsque Myrtille s'appuie avec ses pattes avant sur mon torse pour me fais quelques léchouilles sur le visage. J'échappe un petit rictus en tournant la tête et fermant les yeux, puis la fais descendre. Je joue alors avec elle, me faisant penser à autre chose. Elle pousse un aboiement, avant de sauter de mes jambes. Je la regarde partir vers l'entrée, puis revenir s'assoir devant moi avec sa laisse entre ses dents. Je souris doucement et la prends en main. Bon, pourquoi pas ?

Je marche dans les rues de Bruxelles avec Myrtille qui avance à côté de moi. Je lui ai enfilé son harnais et lui ai accroché sa laisse. J'ai ajouté un sweat sur mes épaules et me suis coiffé à la va-vite avant de sortir. Le temps est bon à la capitale belge. Un léger vent souffle, la ville dynamique bouge, la chaleur agréable réconforte. Je me rends compte que je visite pour la première fois la ville depuis que je suis ici, et je comprends maintenant pourquoi Ellie a déménagé ici. Le bout de la laisse du cocker autour de mon avant-bras, je m'allume une clope que j'ai glissé un peu plus tôt entre mes lèvres. Les bouffées de fumée que j'avale font consumer ma cigarette, qui finit en cendres. Exactement comme mon putain de cœur.

-À qui parler ?- | VSO [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant