Chapitre 3.2

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Pdv Ellie

Vincent : Et voilà ton nouveau chez toi pendant deux semaines ! Dit-il en refermant la porte derrière nous.

J'entre un peu plus dans l'appartement, qui n'a absolument pas changé depuis le temps. Peut-être un peu, avec toutes les affaires de Rémi qui se sont ajoutés aux siennes. Je souris et les gars m'invitent à les suivre jusqu'à la chambre d'ami.

Rémi : Fais pas attention à tous le matériel, c'est notre pièce pour stocker tout le bordel, entre les appareils photo, les guitares, les micros...

Vincent : On a essayé de ranger avant ton arrivé, alors je te laisse imaginer le bordel en temps normal...

Ils rient, m'esquissant un sourire. Rémi ouvre la porte, et les gars posent mes bagages derrière la porte. Mon regard fait un rapide tour de la chambre, avec un sourire aux lèvres. Il y a une grande armoire dans un coin de la pièce qui est pleine à craquer de matériel en tout genre, le bureau avec un ordinateur fixe, un portant au sol qui est juste à côté avec six guitares différentes, un micro avec des mousses acoustiques accrochées au mur dans un coin, les murs sont d'ailleurs décorés de posters, de photos et de souvenirs qui se rapportent à VSO, à des concerts, à des séminaires, etc... Enfin, un canapé-lit, déplié et fait pour l'occasion, est au centre de la pièce. Elle a bien évolué depuis mon départ, et cela me fait encore plus sourire. Je vois alors Vincent passer sa main derrière sa nuque.

Vincent : C'est pas fou, mais...

-C'est parfait les gars, ça change de l'époque où ça puait le renfermer, avec pleins d'affaires que tu n'utilisais pas. Maintenant c'est chaleureux, je suis ravie de dormir ici, merci !

Vincent semble rassuré, tandis que Rémi passe son bras autour de ses épaules, et lui embrasse la tempe. Les deux amoureux me disent qu'ils sont contents que je sois là, et qu'ils vont me laisser m'installer tranquillement. Ils me préviennent qu'ils seront dans le salon si besoin, avant de sortir de ma chambre temporaire en laissant la porte ouverte. Je déballe quelques affaires, en détaillant un peu plus où je suis. Il y a maintenant quelques mois, Vincent m'avait avoué que cette pièce lui servait pour garder mes affaires, au cas où que je revienne. Je lui avais répondu de tout vendre, jeter ou même brûler s'il le voulait. Mais apparemment, il n'a pas réussi à se séparer de tout. J'aperçois un carton avec mon prénom dessus, sous le bureau. Je m'assois sur le sol, enlève la poussière qui le recouvre, puis l'ouvre. J'y trouve bien des choses qui me font sourire, des choses que j'ai oublié en partant précipitamment de mon appartement il y a maintenant un an. Un vinyle de l'album "Born to Die" de Lana Del Rey que nous avons acheté ensemble. Un exemplaire des "Fleurs du Mal" de Baudelaire, que nous aimons tous les deux et d'autre bouquins qu'il sait que j'apprécie énormément. Mon collier avec le pendentif en forme de rose, que je pensais avoir perdu, y est aussi. Je décide de l'accrocher à mon cou. Il y a aussi un t-shirt Nirvana que Vincent m'avait offert et qui me servait de pyjama. Je trouve un tas d'autres bricoles qui me font plus sourire les unes que les autres. Mais ce qui attire le plus mon attention, c'est une enveloppe qui est impossible à fermer, avec des tonnes et des tonnes de photo de nous deux, ou avec le groupe.

Je décide de refermer le carton, et de le replacer à l'endroit où je l'ai trouvé. Revoir ces photos n'avait rien de bon. Je souffle un bon coup, et rejoins les tourtereaux dans le salon. Je m'installe sur le fauteuil, en pliant mes jambes.

Vincent : T'es bien installé ? T'as assez de place pour tes affaires ? Demande-t-il, un peu inquiet.

Je ris légèrement avant de lui répondre.

-Eh, arrête de paniquer, c'est pas comme si j'étais jamais venue chez toi ! Vraiment la chambre est géniale, et c'est moi qui devrait être gênée de vous déranger pour bosser !

Nous rions un peu ensemble, et j'aperçois le regard de Vincent sur mon collier. Le sujet part sur cette fameuse boîte en carton avec quelqu'une de mes affaires, dont il n'arrivait finalement pas à se détacher. Je vois Myrtille revenir de la cuisine, qui vient s'installer sur mes jambes. Elle a l'air de s'être familiarisée avec les lieux, et tant mieux. Il faut d'ailleurs que je pense à sortir ses gamelles et quelques jouets. Vincent m'avait dit de ne pas m'inquiéter pour sa nourriture et que nous allions faire des courses en fin de journée. Nous discutons depuis une vingtaine de minutes maintenant, et l'ambiance est très conviviale, comme avant. Et c'est le moment que j'ai choisi pour leur avouer quelque chose. Ils me regardent avec un léger sourire pour m'encourager à reprendre la parole.

-Alors voilà, je...

La sonnette de l'appartement retentit. Les gars se regardent, les sourcils froncés.

Vincent : T'attends quelqu'un ?

Rémi : Bah non, et toi ?

Vincent secoue négativement la tête et me regarde. Je lui réponds en haussant les épaules, avec un léger sourire, tout aussi perdue. Bon, ça ne sera pas pour tout de suite alors. Il se lève, et part ouvrir. Nous nous regardons avec Rémi, et écoutons attentivement les voix provenant de l'entrée. Je perds soudainement mon sourire, et la panique m'envahie. Oh non, merde. C'est la voix de Sylvain, je la reconnaitrais entre mille. Rémi me sort de mes pensées en me chuchotant de me cacher dans ma chambre, un peu paniqué en faisant des grands gestes et se levant du canapé. Je serre Myrtille dans mes bras et me lève en partant rapidement vers le couloir. Vincent et Sylvain entre de plus en plus dans l'appartement, malgré les efforts de Vincent pour le retenir. Merde.

Vincent : Non mais vraiment Syl', t'inquiète tout va-

Sylvain : Ellie ?!

Fais chier. Je suis au début du couloir, juste en face de l'entrée, dos à lui. Je me retourne doucement, les yeux sur le sol et les joues sûrement rouges de gêne. Plus personne n'ose bouger ni parler. Sylvain. Je lève mon regard vers lui, très peu fière d'être ici, et de le revoir dans ces conditions. Il est là, devant moi. Le visage neutre mais surtout froid, et ses yeux bleus transpercent les miens. Quelques mètres nous séparent, Vincent est entre nous, sa main sur le torse de Sylvain pour, sans doutes, l'empêcher d'entrer plus, ce qui n'a visiblement pas marcher. Rémi est à genoux sur le canapé, face à nous en nous regardant à tour de rôle. Mon cœur bat à une vitesse folle. Qu'est-ce que je dois faire ?

-Écoute Sylvain, je-

Sylvain : Non. J't'écouterais pas. J'ai pas que ça à foutre d'écouter une lâche comme toi.

Pincement au cœur. Mais il a raison. Son ton plus que glacial me donne des frissons dans le dos. Il regarde ensuite Vincent et Rémi, maintenant énervé, les sourcils froncés.

Sylvain : Et vous, mais putain, vous êtes que des enfoirés. Dit-il avec haine, avant de pousser Vincent pour qu'il le lâche et de sortir de l'appartement sans plus attendre.

Il ne prend pas la peine de se retourner lorsque ce dernier l'interpelle plusieurs fois.

Rémi : Laisse, j'y vais, je vais lui parler Vinc'...

Il saute par dessus le canapé, et embrasse le front de Vincent avant de lui adresser un sourire rassurant. Ses yeux croisent les miens, mais ils sont plongés dans le vide, en train de fixer le sol. Ses chaussures aux pieds, Rémi sort rapidement de l'appartement. Il referme la porte qui claque bruyamment, dans le lourd silence pesant de l'appartement.

-À qui parler ?- | VSO [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant